Cette fois-ci, ce ne fut qu'une pièce aussi grande qu'une salle de classe où Louis se mit à chanter. Depuis qu'on l'avait surpris, il s'enfermait dans cette pièce à l'autre bout de l'Opéra National et chantait tout le répertoire qu'il avait appris par cœur depuis son adolescence. Parfois, il se mettait à réciter les paroles de Mattia, qu'il connaissait sur le bout des doigts. Ce fut un miracle pour lui, il pouvait ressentir ce frisson venir couler le long de sa gorge, s'imprégner dans son corps. Il avait retrouvé sa raison de vivre, mais à quel prix et pour combien de temps ? Parce qu'il savait bien que tout ça ne durerait pas indéfiniment.
Personne n'était au courant de son exploit, ni sa mère et même pas Zayn. Il était le seul gardien de son secret et tout se déroulait pour le mieux. Taylor ne l'embêtait plus avec ses questions sur sa vie passée en tant que petit ténor de France et Harry n'arrêtait pas de l'appeler pour qu'il fasse tout et n'importe quoi. Il se sentait bien au milieu d'eux, avec Niall, avec toute l'équipe de l'opéra, mais tout semblait quand même irréel.
En arrivant dans l'atelier de couture, Niall ne lui laissa pas faire trois pas de plus, qu'il le fit ressortir à pleine vitesse. Louis fut pris de court, se faisant emporter par le bras à l'extérieur de l'opéra même.
« Harry nous attend dehors, nous partons en expédition ! s'écria Niall en poussant une porte en verre avec son pied.
- Excuse-moi ?
- J'ai besoin d'un certain tissu pour le costume de la soprano qui joue la mère de Harry et ce tissu ne se trouve qu'à un endroit spécifique de Paris. Et à l'autre bout de Paris. C'est un Italien qui l'exporte, il m'a dans le viseur malheureusement et j'ai besoin de quelqu'un qui pourrait le calmer d'une manière ou d'une autre.
- Tu as donc lu mon CV ?
- Non, c'est Harry qui l'a lu, il m'a fait part que tu parlais italien, il paraît que tu as un bon niveau.
- J'ai fait un Erasmus à Milan... »
Le fait que Harry avait lu son CV et avait retenu qu'il savait parler italien comme un natif, empli sa poitrine d'une chaleur réconfortante. Appuyé sur une Mercedes Benz 230 SL 1963 noire, Harry fumait en silence, un casque sur les oreilles, tandis que des passants se retournaient sur lui. Il paraissait venir tout droit des années 60, comme s'il avait fait exprès de mettre un pantalon à pince avec un blazer à carreaux, il n'y avait que ses Docs Martens à plateformes qui pouvaient rappeler dans quelle époque il appartenait vraiment. Louis ne sentit plus sa respiration passer à travers sa bouche, il avait tout simplement arrêté de respirer. C'était juste Harry Styles et son charme, son allure. À tout instant, une chanson de Frank Sinatra allait surgir de nulle part. Louis déglutit et salua Harry qui enleva son casque tout en ébouriffant ses cheveux de sa main gauche. Sans prévenir, il se pencha sur la joue de Louis, comme à la soirée chez lui et l'embrassa délicatement. Louis fut tétanisé sous le geste, il sentit les deux lèvres du ténor sur sa peau et un soupir de plaisir se faufila d'entre les siennes.
« Hello, darling..., susurra Harry. »
Niall se racla la gorge et secoua la tête, il les bouscula et rentra sans permission du côté conducteur. Harry fit le tour de la voiture et intima à Louis de s'installer à l'avant, côté passager. Ce dernier, les joues en feu, s'exécuta sans un mot et suivit Harry du regard qui se faufilait sur la banquette arrière, au milieu, tout en posant sa main sur l'épaule de son assistant.
Sans prévenir, Niall appuya sur l'accélérateur et ils filèrent à toute vitesse au milieu des rues de Paris. La radio était sur une station de classique, les violons et violoncelles donnaient rythme aux paroles de l'irlandais qui n'arrêtait pas une seconde de raconter ses mésaventures avec le vendeur de tissus. Durant tout le trajet, Harry ne bougea pas sa main de l'épaule de Louis. Sa paume chaude et ses doigts fins l'englobaient parfaitement, comme s'ils avaient été faits pour épouser toutes les formes du corps de Louis. Cette pensée fit frémir ce dernier, qui esquissa un léger sourire au bord de ses lèvres.
Paris était gris, comme à son habitude et était assourdie par les klaxons. Paris était quand même apaisant et rendait calme Louis. Paris était comme à son habitude. Là où le jeune assistant avait toujours voulu vivre. Paris. La ville de l'amour, la ville des arts. L'opéra de Paris. Louis en avait tellement rêvé. La main de Harry sur son épaule était comme là pour lui dire, oui, c'est bien vrai. « Tu es là, accompagné du plus grand chanteur d'opéra après toi, à Paris et tu travailles pour cet opéra tant reconnu à l'international. Et tu as retrouvé ta voix. » Louis n'arrêtait pas une seconde de penser à sa voix. Comment elle recommençait à monter dans les aiguës et les graves, comment elle lui chatouillait la gorge et lui donnait les larmes aux yeux. Il avait encore besoin d'entraînement, mais elle était là. Cette voix qu'il avait tant attendu, tel un souvenir dont on ne se souvenait plus des couleurs et des bruits, s'estompant petit à petit. Au fond, il remerciait Harry, c'était grâce à lui en quelque sorte qu'il avait retrouvé la voix. Il lui avait redonné espoir. Chose à laquelle Louis ne croyait plus depuis des années.« Nous sommes bien arrivés, Messieurs, s'exclama Niall. »
Ils s'étaient arrêtés devant un bâtiment du XIXe siècle. Une grande porte en bois leur faisait face.
Harry enleva sa main de l'épaule de Louis, celle-ci sentit le vide qui prit place au lieu de la paume et des doigts chauds et rassurants du ténor.
Ils sortirent un par un de la voiture, l'air était chaud de ce côté de la ville. Niall s'avança précipitamment vers la porte et appuya sur une sonnette. Après trois coups, une voix cria en italien dans un interphone, faisant sursauter les trois hommes. La porte s'ouvrit et ils entrèrent silencieusement, leurs pas rythmés sur le carrelage dans le bâtiment par des cris en italien venant du premier étage.« Il n'est pas très commode, déclara Niall en prenant les escaliers, j'espère que ton italien est parfait.
- Il n'est pas parfait, mais j'arrive à comprendre ce qu'il crie.
- C'est l'essentiel, soupira le couturier. »Harry les suivait, avec un sourire plaqué sur ses lèvres. Arrivés au premier étage, une porte rouge s'ouvrit brusquement, laissant apparaître un homme d'une cinquantaine d'années, chauve, dépassant Harry de sa grande carrure et agrémenté d'une barbe de quelques jours. À peine il eut aperçu Niall qu'il déclara d'un ton sec sur un français haché : p
« Je n'ai plus le tissu.
- Bonjour d'abord, commença Niall. Mais bien sûr que vous l'avez ! Vous me dites tout le temps ça !
- Pas assez pour vous ! L'opéra... voleurs ! Tout le temps ! Vous volez !
- Oui, c'est ça, oui. S'il vous plaît, je vous l'achète deux fois plus cher, ça ne me dérange pas. Nous avons besoin de ce tissu, la représentation est bientôt ! Vous ne considérez pas... »Mais l'italien n'écoutait plus Niall, ses yeux étaient alors fixés sur Harry qui se tenait derrière Louis et le couturier. Sa bouche était entrouverte et ses sourcils froncés. Un silence suivit la réalisation de Niall.
« Il m'écoute plus, murmura Niall.
- Harry Styles ? demanda l'italien.
- Oui, répondit le concerné. »Tout à coup, le vendeur de tissus lâcha un cri, leva les bras au ciel et s'écria :
« Mamma Mia ! Harry Styles ! Mon ténor préféré ! Vi ammiro ! Io vi amo ! Questo non è possibile ! »
Il attrapa Harry par le col et lui fit une énorme accolade, et l'entraîna par la suite dans son appartement.
« Qu'est-ce qu'il a dit ? demanda-t-il à Louis tandis qu'il se faisait pousser à l'intérieur.
- Je vous admire, je vous aime, ce n'est pas possible ! cria Louis en riant. »L'appartement était rempli de tubes de tissus. Ils étaient empilés jusqu'au plafond. Des robes, des bouts de tissus, toute sorte de vêtements jonchaient le sol et des rideaux épais en velours tombaient sur les fenêtres, laissant quelques filets de lumière rentrer dans la grande pièce. Une odeur de poussière et de renfermé monta aux narines du jeune français, admiré par la vue que lui procurait l'habitat du vendeur de tissus. Sur une table de chevet au milieu de piles de magazines, un tourne disque jouait un air de Berlioz.
Le vendeur attrapa un tissu qui mesurait plus d'un mètre et le mit sur les épaules de Harry. L'enveloppant d'une cape bleue nuit qui se matait au vert de ses pupilles. L'italien était en admiration devant lui.« C'est exactement ce tissu là ! s'écria Niall en les pointant du doigt.
- Je sais, rumina le vendeur en tapotant le torse du ténor. C'est pour ça que je l'essaye sur lui. Regarde. Très beaux yeux. Bellissimo ! Quel amour... je viens première représentation. »Il attrapa le poignet de Louis sans le prévenir et le tira jusqu'à Harry. Il lui fit poser sa main au ras de son cou, là où le tissu lui effleurait la peau et lui demanda :
« N'est-il pas tissu plus udoux au monde ? »
Le regard de Harry pesait sur Louis et il sentait sa respiration s'alourdir et souffler sur ses fils. Il essayait d'y faire abstraction et se concentrait sur le tissu. Pas sur son cou. Sur le tissu.
« Parfait pour Monsieur Styles ?
- Parfait..., murmura Louis. Magnifique. »Leurs regards s'attachèrent et le vendeur s'exclama :
« Gratuit ! Pour le ténor le plus beau ! »
*j'ai un an et demi de retard mdrr excusez-moi*
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Une nuit à l'opéra | Larry Stylinson
FanfictionHarry Styles est l'un des plus grands chanteurs d'opéra de sa génération, adulé par les fans du monde entier, il signe un contrat pour jouer à l'Opéra Garnier de Paris. C'est alors qu'il embauche un assistant pour l'aider avant la représentation fin...