2

128 9 1
                                    

Louis s'était préparé depuis quelques jours avec l'aide de Zayn pour l'entretien d'embauche. Il s'était rasé, il avait arrêté de regarder la télé jusqu'à deux heures du matin pour diminuer ses cernes et il avait emprunté une chemise à son meilleur ami. Il avait un rendez-vous à l'opéra Garnier, il n'allait quand même pas se pointer avec ses vans et son jogging. Tout frais et tout beau, il prit un taxi pour se rendre à l'entretien d'embauche. Il était très nerveux, il savait que cela n'allait le mener à rien du tout, Louis n'arrivait plus à voir les choses positivement.

Il n'était pas allé à l'opéra depuis plus de dix ans, juste l'idée d'apercevoir le bâtiment du palais lui fit froid dans le dos. Il écarta les mauvais souvenirs de son esprit, ou du moins, il essaya de le faire, et rentra dans la voiture qui l'attendait au bas de l'immeuble de Zayn qui le surveillait depuis son appartement.
Sur la route, il faillit demander au chauffeur de le déposer à un autre endroit, de l'amener le plus loin possible du Palais Garnier. Il reprit son souffle, se répéta cent fois que ce n'était rien, qu'il n'allait pas chanter, qu'il allait juste parler avec des gens tranquillement sans pression. Mais même en se répétant cela, il ne pouvait s'empêcher de stresser, car les peurs des années précédentes, sa dépression, ses rêves piétinaient étaient toujours en lui, essayant de ressortir à nouveau et de venir tout gâcher encore une fois, bien sûr que Louis ne s'en était toujours pas remis. En sortant du taxi, il avait des larmes aux yeux, venant faire briller ses pupilles bleues ciel. Il rajusta son blazer et se racla la gorge. Il regretta de s'être raclé la gorge, il détestait faire ça, il détestait sa gorge et tout ce qui allait avec.

Le Palais était immense, toujours aussi beau, malgré le temps un peu gris, les statues en or venaient transpercer le ciel et donner de la lumière au milieu des nuages. Louis fut rempli d'une joie soudaine, toutes ces années à éviter cet endroit, il avait quand même hâte d'y remettre les pieds, de fouler le sol orné de tapis anciens et de revoir les murs et les plafonds majestueux. Il ne pouvait nier la beauté de cet endroit.
Il monta les quelques marches, et arriva dans la fameuse entrée. Il retint son souffle un instant avant d'y pénétrer, le cœur au bord des lèvres sous l'excitation de retourner dans cet endroit magique. Tout était marbré et illuminé. Il se retrouvait littéralement dans un film. De grands poteaux se tenaient autour des énormes escaliers qui se divisaient en deux pour accéder aux étages. Des statues en bronze le surveillaient d'un œil intrigué. Tout était resplendissant. Il leva la tête pour apercevoir le plafond, toujours élégant avec ces anciennes peintures de Dieu et d'anges, les personnages étaient tous dans des habits de différentes couleurs qui semblaient flotter derrière eux. L'atmosphère était agréable. L'endroit sentait l'usé et le froid. Tout était immense, rendant Louis encore plus petit, presque invisible au milieu de ces décors splendides. Il décida de monter les escaliers doucement, une boule à la gorge, il voulait goûter encore une fois au goût si particulier et envoûtant de l'opéra. Son cœur de serra au fur et à mesure où il montait l'escalier. Il passa délicatement ses doigts sur la rambarde en marbre, elle était glaciale et cela lui plaisait.
Il se souvint de la première fois où il avait posé les pieds sur cet escalier, il avait à peine dix ans, ses parents lui avaient offert un costume noir à sa taille et il avait mis une cravate bleu de la couleur de ses yeux. Il avait inspecté chaque recoins du bâtiment, chaque centimètres l'avaient fasciné, il voulait imprégner chaque infime détail dans son esprit. Quand il s'était assis dans la salle, que les rideaux s'étaient ouverts, que l'orchestre s'était mis à jouer et que la soprano était rentrée sur scène, il s'était mis à pleurer toutes les larmes de son corps. Ce jour avait été le plus beau de toute sa vie. Il avait pleuré durant toute la représentation, même du haut de son jeune âge, il n'avait pas bougé du siège et était resté fixe devant l'opéra qui se déroulait devant ses yeux. Il avait été en transe devant cet opéra, complètement happé et émerveillé. Subjugué par cet art qu'il avait considéré comme divin, il avait alors su qu'il était fait pour ça et qu'il finirait sur cette scène à son tour.

Une nuit à l'opéra | Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant