Chapitre onze

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Nous entrons donc dans cette fameuse cabine. La porte se ferme cinq secondes après par je ne sais quel mécanisme automatique. Elle s'enfonce à nouveau dans le sol rocailleux, et rien ne semble bouger durant trente secondes.

-"Tu crois qu'on va rester enfermés comme des sardines dans une boite? demande nerveusement Romain.

Je secoue la tête, fortement inconvaincue de ma reponse, puis fixant mes longs pieds palmés. C'est très dur à avouer mais je suis devenu un monstre...

Tout à coup, le bas de la cabine s'entrouve, laissant une vague d'eau claire pénétrer dans la cabine. Par réflexe, nous essayons de colmater l'entrée avec nos bras et nos jambes, mais l'eau monte au fur et à mesure, et emplira bientôt tout l'espace! J'avale hasardeusement de grandes goulées d'air, sans doute les dernières de mon existence, mais elles pourraient servir à rester en vie quelques minutes de plus...

Avant même que toute l'eau n'ait envahi l'endroit, je fermai les yeux, et serrai fort les poings, comme attendant que la mort m'entoure de ses funèbres bras froids. Puis je sentis Romain me secouer le bras, comme pour m'inciter à ouvrir les yeux ou à bouger. Le spectacle qui s'offre à moi est incroyable : c'est une immense grotte tapissée de milliers de lumières bleuâtres et parcourue de centaines de petites habitations de sable dur, et tout au fond une sorte de palais tout fait de marbre, et malicieusement sculpté. En observant Romain, je remarque que son poitrail se gonfle et se dégonfle, indiquant qu'il est en train de respirer. Je laisse échapper mon stock d'oxygène qui exulte dans un ballet de fines bulles qui tournoient les unes autour des autres avant de rester coincées sous le plafonnier de la cabine.

-Je propose d'aller explorer, dit-il.

En plus de pouvoir respirer, nous pouvons parler sans problème.

-Je te suis, répondis-je.

Nos pieds et nos mains palmées nous permettent de nager quasiment deux fois plus vite qu'un plongeur humain, et sans équipement.

La beauté de cet endroit n'est visible nulle part ailleurs, c'est un cliché unique, impressionnant, et presque psychédélique. Les gens qui ont construits ces petites bâtisses ont réussi à donner du simple sable blanc le même aspect que de la porcelaine délicate, ainsi que la solidité du béton.

Sans parler des massifs de coraux qui bordent chacune des petites "rues", apportant une touche de couleur à l'endroit et du plafond étoilé.

N'ayant rencontré aucun habitant, nous nous rendons au palais de marbre. Les deux gardes postés à son entrée nous ouvrent les portes sans prononcer le moindre mot, ni adresser le moindre regard.

Dès notre entrée, nous découvrons la femme à la robe verte, qui tout à l'heure avait failli nous faire tuer. Je sens Romain se raidir de la tête au pied, et afficher une grimace crispée au coin des lèvres.

--"Bienvenue à vous, maudits damnés.

-Waouh, répliqué-je sèchement, quel comité d'accueil chaleureux...

-N'attendez point de chaleur ici, répond-elle. À qui ai-je l'honneur, à ce propos?

-Il me semble plus approprié que vous commenciez, rétorque Romain.

-L'impertinence ne mène qu'à un seul chemin ici : la mort. Y a-t-il moins de facilité de décliner son identité à son généreux hôte que d'entrer impunément dans le lieu sacré d'un peuple protégé par la rudesse du berceau environnant?

-Courtney, lancé-je agacée et empressée. Qu'entendez-vous par... Lieu sacré?

-Ignares d'humains. Faisons bien les choses. Vous vous trouvez ici au sein de la dernière Cité dotée des derniers faibles rayonnements d'activité magicoparanormale localisée sur Terre. Bienvenue à Khomoey.

Under the seaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant