Chapitre 6 - 2002 - Mista (5)

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Giorno entra dans sa chambre le plus silencieusement possible, mais Mista ne dormait pas. Il nettoyait son pistolet, les sourcils froncés.

- Alors ? demanda-t-il à Giorno.

Par où commencer ? Giorno s'effondra sur le lit à côté de son amoureux.

- Je me suis fait larguer.

Mista éclata de rire, et Giorno lui fit un regard assassin.

- Pardon, mais tu t'es fait larguer, toi ? par Fugo ?

- Je viens de te le dire. Ça se passait bien, on discutait, je lui ai montré comment je rentrais mon oreille, et l'instant d'après il m'a dit qu'il voulait rompre.

- Pourquoi il ferait ça, ce con ? rigola Mista. T'es la seule chose bien de sa vie.

- Il faut croire que non. Ou alors ce n'était pas suffisant, vu ce qu'il a fait.

Mista eut un frisson en revoyant le corps livide de Fugo par terre.

- Hé, t'y es pour rien. Fugo est taré, qu'est-ce que tu veux y faire ? D'ici deux jours il reviendra vers toi en rampant.

- Il m'a dit qu'il m'aimait, murmura Giorno. Il m'a avoué ça juste après m'avoir largué.

Cette déclaration rendit Mista rêveur. Il répondit sans réfléchir :

- T'as de la chance.

Giorno lui fit un regard perçant.

- Il t'aime aussi, Mista. Mais comment il pourrait te le dire, quand t'es si dur avec lui ?

- Arrête. C'est entre lui et moi.

Giorno se tût. Il ne voulait pas interférer dans la relation tumultueuse qu'entretenaient Mista et Fugo.

- J'étais juste là, Giogio. Ce trou du cul a essayé de... je sais pas clairement ce qu'il a voulu faire, mais j'étais juste là. Si Purple Haze était pas venu me réveiller, il aurait cané vidé de son sang pendant que je dormais un étage au-dessus. Comment je pourrais tourner la page sur ça ? En plus du reste ?

- Il n'y a que toi qui puisse le faire, Mista.

Le tireur posa son arme nettoyée sur la table de chevet, éteignit et s'allongea à côté de Giorno. Il ne voulait pas penser à Fugo, à la frayeur que cet imbécile lui avait encore causé.

- Alors comme ça tu sais rentrer ton oreille ?

Un long silence.

- Non.


_

Le lendemain, Fugo put quitter l'hôpital. Sheila E passa le prendre pour le ramener chez lui. Elle ne lui faisait plus la gueule, Fugo n'avait pas tout compris mais apparemment, grâce à sa tentative de suicide, Sheila E avait décroché un rendez-vous avec Trish.

- Ravi d'être utile, grogna Fugo à l'arrière du scooter.

Il avait essayé de lui faire comprendre qu'il n'avait pas tenté de se tuer, c'était... C'était Purple Haze, il n'en pouvait plus de lui, il n'avait pas supporté son inaction, c'est tout. La dernière fois qu'il avait frappé quelqu'un avec une encyclopédie de 4kg, il n'en était pas mort, et Fugo avait frappé de nombreuses fois. Bien sûr, il avait moins de force à cette époque... et le corps avait été trouvé tout de suite. Il n'avait pas vraiment réfléchi.

Sheila E le déposa devant la villa et Fugo traça droit vers sa chambre en espérant ne croiser personne. Il était triste, il aurait préféré rester à l'hôpital. Il avait passé la nuit à penser à ce qu'il avait dit à Giorno, a l'air affligé que son boss avait eu en partant. Comment il avait pu lui dire tout ça, à Giorno qui avait été si patient avec lui, si adorable ? Il était trop con. Giorno allait trop lui manquer. Lui tenir la main, avoir des fleurs tout autour de lui, parler du mode de vie des insectes pendant des heures allait trop lui manquer. Tout ça pour quoi ? parce qu'il n'était pas un être humain viable ? C'est pas perdre Giorno qui allait l'améliorer.

Purple Haze sur le parvis de San Giorgio MaggioreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant