Giorno était soulagé d'avoir retrouvé Fugo. Ils l'avaient cherché, mais la première recrue de Bucciarati était demeurée introuvable. En six mois, la seule preuve qu'il était revenu à Naples étaient ses clés, que Mista avait retrouvé dans la boite aux lettres de leur ancien appartement. Mista avait été fou de rage, en les jetant sur le bureau du boss.
- Il a rien emporté ! s'écriait-il en tournant dans la pièce. Que dalle, même pas une photo de nous ! Tu te rends compte, Giogio ? Même ces...
Il posa une petite boîte à bijoux à côté des clés.
- Même ces putain de boucles d'oreilles que Narancia lui a offert pour Noël, il les a laissées !
- Mista, calme-toi. Il n'est peut-être pas entré dans l'appartement.
- Oh que si, il est entré.
Mista avait quitté le bureau en maudissant et insultant son ancien compagnon. Ça faisait de la peine à Giorno. Il ne connaissait pas très bien Fugo, mais il se rappelait le désespoir sur son visage alors que le bateau s'éloignait, la véhémence avec laquelle il les avait suppliés de ne pas se lancer dans cette mission suicide. En cherchant sa trace à Naples, Giorno était inquiet pour lui. Il espérait qu'il allait bien, où qu'il soit, qu'il avait refait sa vie et ne se blâmait pas trop.
Mista, lui, détestait un peu plus Fugo chaque jour qui passait sans qu'il réapparaisse. Peut-être que c'était un moyen de supporter le deuil, qu'il transformait son chagrin d'avoir perdu son gang en colère contre Fugo, parce qu'il ne pouvait pas supporter plus de tristesse. Où peut-être qu'il prenait mal le fait que Fugo ne cherche pas à le retrouver. Au départ, il ne lui en voulait pas du tout de ne pas les avoir suivis. Pas plus que les autres. Mais les autres étaient morts, et Mista n'avait plus trop parlé de Fugo. Il avait seulement dit à Giorno :
- J'espère qu'il reviendra à temps pour les funérailles.
Fugo n'était pas revenu. Ensuite, il avait fallu vider l'appartement, trier les affaires des défunts. Faire ça sans Fugo avait engourdi quelque chose dans le cœur de Mista. Depuis, chaque jour qui passait sans que son ancien compagnon ne revienne était comme une trahison de plus. Et maintenant que Fugo était enfin là, c'était trop tard. Il n'avait pas été présent quand Mista avait besoin de lui, maintenant Mista n'en voulait plus, et il lui faisait bien comprendre.
Giorno n'aimait pas ça. Il voulait que Fugo rejoigne Passione et qu'il s'y sente bien, comme il se sentait bien dans l'équipe de Bucciarati. Il voulait lui confier la partie finance et la partie législative de leur système, parce qu'il n'avait personne d'assez fiable pour le faire et qu'il ne s'en sortait pas seul. Il voulait que Fugo aide Mista à aller un peu mieux. Il avait cru que ça pouvait marcher, quand Fugo avait fondu dans les bras du tireur, quand Mista avait regardé Giorno d'un air déboussolé alors que son ancien camarade tombait en pièce dans ses bras. Mais finalement, Mista s'était accroché à sa colère, et si Giorno désapprouvait, qui était-il, pour dire à Mista que ressentir, comment se comporter avec les gens qu'il connaissait mieux que lui ?
Il lui fallait du temps.
_
Après leurs retrouvailles, Giorno avait confié à Fugo une pile de dossiers à traiter. Fugo s'était mis au travail sans discuter ni poser de question, mais le résultat n'était pas aussi efficace que Giorno l'aurait souhaité. L'esprit de Fugo était ailleurs. À San Giorgio Maggiore. Auprès de Bucciarati et d'Abbacchio, de Narancia. Plus loin encore. Ou juste ici, aux pieds de Mista. Mais où qu'il soit, Giorno ne parvenait pas à l'atteindre. Pas plus qu'à le faire dormir ou manger, ni à lui faire rentrer dans le crane que rien de tout ça n'était de sa faute, s'il y avait un coupable c'était plutôt lui, Giorno, qui avait entrainé Bucciarati et son équipe d'enfants dans une rébellion contre leur boss sans se soucier des conséquences.
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Purple Haze sur le parvis de San Giorgio Maggiore
FanfictionSpoilers Part 5. Purple Haze déteste Fugo. S'il ne l'a pas encore réduit en pièces, c'est parce qu'il obéit aux personnes à qui son manieur à donné sa confiance. Elles sont rares, la confiance de Fugo est dure à gagner. Ou : Au fil des années et des...