Chapitre 1 - 1998 - Bucciarati (2)

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Bonjour,

voila la suite ! Attention, les TW que j'ai mentionné dans le chapitre précédent prennent effet ici.


Chapitre 1. 1998 - Bucciarati (2)

Une nuit, peu après avoir découvert la terrible capacité de Purple Haze, Fugo fit un cauchemar. Il se réveilla en sueur, le cœur battant, et la panique le submergea. Il avait déjà fait des cauchemars avant. Il avait déjà vécu de purs cauchemars, merde. Personne n'avait jamais été là pour l'écouter ou le réconforter, les fois où il avait tenté de raconter, il l'avait toujours amèrement regretté. Ses parents... Quand il en avait parlé à ses parents... C'était plus sûr de rester seul. Il ne mourrait pas de panique, il ne mourrait pas de mal-être, mais Fugo pensait qu'il pouvait mourir de chagrin s'il se tournait vers Bucciarati et que celui-ci l'ignorait. Alors autant se gérer tout seul. C'était qu'un cauchemar, c'était pas réel. Il pouvait passer grignoter un truc dans la cuisine et retourner se coucher, ça passerait. Ça passait toujours. Comment il pourrait avoir peur d'un cauchemar, quand sa vie entière en était un ?

Il sortit pour aller se prendre un verre d'eau dans la cuisine. Il était tremblant mais ça allait passer. Il avait déjà été dans de pires états.

Il cligna des yeux quand il se rendit compte qu'il n'était pas dans la cuisine. Il était devant la porte de la chambre de Bucciarati. Depuis combien de temps il poireautait là sans s'en rendre compte ? Et qu'est-ce qu'il espérait ? Il était trois heures du matin, il n'allait pas réveiller son chef pour un cauchemar de bébé. Il n'en avait pas besoin. Il n'en avait pas besoin, non, et il n'allait certainement pas se mettre à chialer maintenant comme un idiot, comme un faible, debout en pleine nuit devant la porte d'un type qu'il connaissait à peine. Fugo reprends-toi ! t'es libre, t'es fort, tu as déjà tué. Et t'es presque un adulte, t'as bientôt 14 ans ! Ne montre pas à Bucciarati à quel point tu es pathétique. Ça gâcherait tout. Ta vie est pas si mal en ce moment, ne détruit pas ça en en demandant trop.

Mais Fugo restait devant la porte sans se décider à bouger. Est-ce que vraiment Bucciarati le jetterait, ou lui ferait du mal s'il montrait une faiblesse ? Depuis qu'ils vivaient ensemble, le jeune homme n'avait fait que l'inciter à s'ouvrir, ce qui avait eu sur Fugo l'effet inverse, ça le rendait encore plus méfiant. Mais il n'arrivait pas à s'enlever de la tête la nuit qu'il avait passé dans sa chambre derrière cette porte, quand Purple Haze avait utilisé le virus pour la première fois. Il était terrifié, partiellement immobilisé par Sticky Fingers qui avait découpé son Stand, allongé dans une chambre à la merci d'un inconnu (Bucciarati n'était plus tout à fait un inconnu, mais Fugo pensait mieux connaitre le professeur Barbabietola qu'il ne connaissait Bucciarati et pourtant...), et s'il sortait, si Bucciarati s'en prenait à lui et que par miracle Fugo arrivait à fuir cette chambre, ce serait pour se retrouver nez à nez avec Purple Haze, cet immonde reflet de lui-même, qui ne semblait exister que pour lui faire la peau. Et il ne s'était rien passé. Pendant ces longues heures, Bucciarati s'était efforcé de le calmer, de le faire se sentir en sécurité derrière la porte. Il était resté sur la chaise de bureau toute la nuit, loin de son lit, ne s'approchant que pour lui donner de l'eau où l'installer mieux contre l'oreiller, avec l'air triste. Il avait essayé de lui changer les idées en discutant de petites choses, Fugo se rappelait en être arrivé à lui expliquer dans les détails le dernier livre qu'il avait lu, Les fondements de la métaphysique des mœurs de Kant, dans un état presque dissociatif. C'était... c'était horrible, mais Fugo avait été rassuré. C'était peut-être la première fois de toute sa vie qu'il avait été rassuré par quelqu'un.

Maintenant, devant la porte, un cauchemar oppressant son cœur, du désespoir pulsant sous ses paupières, il en voulait encore.

Il frappa.

Purple Haze sur le parvis de San Giorgio MaggioreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant