Chapitre 2 - 1999 - Abbacchio (3)

271 32 26
                                    


Ils arrivèrent sur la plage en peu de temps. Le soir tombait, quelques personnes flânaient encore au bord de l'eau. Les débris de béton avaient été enlevés par la municipalité, un article était paru là-dessus dans le journal local. Personne n'y comprenait rien, comme d'habitude.

Sous les yeux intrigués de Fugo, Abbacchio fit apparaitre Moody Blues et le régla sur le jour et l'heure du combat. Il passa l'affrontement en accéléré, il n'avait pas envie de revoir à quel point il avait été mauvais. Et Fugo non plus. Quand la plateforme écrasa Bucciarati, l'adolescent baissa les yeux et murmura :

- J'ai pas réfléchi.

Comme s'il cherchait à se faire pardonner. Abbacchio l'ignora. Le manieur ennemi commençait à s'éloigner, en sautant de plateforme en plateforme vers le bout de la plage.

- On le suit ! cria Abbacchio. Va chercher la Vespa !

L'ennemi finit par revenir sur le sol et rappeler System of a Down. Il grimpa dans une voiture. Abbacchio et Fugo suivirent la piste en scooter, et Moody Blues les guida en bordure de la zone industrielle. Le manieur de SOAD se gara sur un parking et entra dans le bâtiment aux lourdes portes anti-bruit qui se tenait juste devant eux. Abbacchio stoppa le flashback.

- C'est quoi cet endroit ? lui demanda Fugo en regardant la porte avec méfiance.

Un videur gardait l'entrée. « le Malebolge » était écrit au-dessus de la porte. Ça rappela des souvenirs à Abbacchio :

- Luogo è in inferno detto Malebolge. Il est un lieu en enfer appelé Malebolge.

Il en fallait plus pour impressionner Fugo.

- La Divine Comédie, XVIIIème chant. Je te demande pas de me réciter des poèmes, je te demande ce que c'est que ce bâtiment en face de nous.

- Une boite de nuit, sûrement.

Un peu glauque, comme Abbacchio les aime, avec de l'alcool pas cher.

- On y va ?

- Attends ! l'arrêta Fugo. Et si c'était dangereux ?

- Pourquoi tu veux que ce soit dangereux ? C'est pas comme si notre homme savait qu'on allait se pointer. Si ça se trouve, il est là en ce moment même, complètement torché. On aura qu'à le cueillir.

- Il y aura trop de civils pour Purple Haze.

- On lui pètera la gueule à l'ancienne. Lui non plus il pourra pas se servir de son Stand.

- Quand même. C'est trop risqué. On devrait attendre Bucciarati.

- T'es sérieux ? On est à ça de retrouver notre ennemi, tout ce qu'on a à faire c'est entrer là-dedans, interroger deux-trois personnes, voir s'il est connu. Ça va être facile. Quand j'étais flic, les enquêtes c'était ce que je préférais.

Les yeux de Fugo s'enflammèrent :

- Ah bon ? demanda-t-il haineusement. C'était pas assister aux interrogatoires ?

- Qu'est-ce que tu me fais ? répliqua Abbacchio en fronçant les sourcils.

Fugo se calma et se renferma. Qu'est-ce qu'il avait voulu dire ? Drôle de répartie. Avant qu'il ait le temps de creuser, l'adolescent s'écria tout aussi brusquement :

- Mais c'est une boite de nuit ! Il y a sûrement que des pervers !

Abbacchio éclata de rire.

- C'est incroyable comme tu connais rien à la vie !

Purple Haze sur le parvis de San Giorgio MaggioreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant