Prologue

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1994, Los Angeles,...

- Je suis désolée, je ne ressens plus rien pour toi Reggie, m'annonce Aline au parc suite à notre dernière heure de cours.
- Comment ça ? Mais Aline, je comprends pas, je lui demande en essayant de garder une voix calme mais je ne peux pas l'empêcher de trembler.
- Moi non plus Reggie mais, c'est comme ça. Je te souhaite quand même de bonnes vacances, on se retrouvera à la rentrée.

Elle me fait un petit sourire et m'embrasse la joue avant de sortir du parc. C'est pas possible ! Je l'aimais et je l'aime encore. Je... elle ne peut pas m'avoir abandonné comme ça ! Pourtant, elle l'a fait ; elle vient juste de le faire. Je retiens mes larmes de couler sur mes joues et essuie mon nez avec ma manche en reniflant : beaucoup de personnes peuvent dire que je ressemble à un gars minable sur le moment et ça doit être vrai. Je suis minable, je ne l'ai même pas arrêté dans sa course. Je n'ai rien fait ! Je n'ai pas bougé, je n'ai pas réagi ! Je sors du parc et rejoins ma maison qui se trouve en face de la plage. Les garçons ne sont pas en train de m'attendre : ils savent que je devais passer la fin de journée avec Aline avant de les rejoindre à la soirée chez Bobby pour fêter les vacances. Notez l'ironie ! Je vais attendre chez moi avant de les rejoindre parce que ma copine m'a largué et que je ne m'en remets pas. Je suis vraiment un gars minable !

- Mon chéri, tu es déjà rentré ? s'exclame ma mère d'un ton un peu trop aigu, elle doit s'être encore disputée avec mon père.

Je ferme la porte d'entrée et laisse mes chaussures à l'entrée avant de partir dans ma chambre en lâchant juste un grognement à ma mère. Je pose mon sac à l'entrée de ma chambre et je vais m'affaler lourdement sur mon lit : je n'ai pas fermé la porte parce que je sais que ma mère va y rentrer dans quelques minutes. J'ai envie de tout lâcher, crier de partout ! Trois coups se font entendre, ensuite des pas et je peux sentir mon lit s'affaisser au niveau de mon bassin.

- Ça va mon chéri ? Et ne me dis pas que ça va, qu'est-ce qui s'est passé ? Tu ne devais pas passer le reste de la journée avec Aline ? me demande-t-elle inconsciemment en me passant sa main dans mes cheveux.
- Elle m'a quitté maman, j'avoue avec une voix un peu trop brisée.
- Oh, je suis désolée mon chéri ! Mais, tu verras, ça va passer. Il y en aura...
- Ne me dis pas qu'il y en aura d'autres, maman. Il n'y en aura pas d'autres comme elle ! Je l'aime toujours maman.
- Je sais mon chéri mais un premier amour ça ne s'oublie pas. Et je te demande pas de l'oublier ! Il faut juste que tu apprennes à vivre avec.
- Mais ça fait mal maman, mes larmes coulent à flot sur mes joues.
- Ça aurait été bizarre si ce n'était pas été le cas. Tu as le droit d'être triste mais ne te referme pas dans ta carapace d'accord ? Donc, ce soir, tu vas aller chez Bobby et profiter de tes copains.
- J'en ai pas envie !
- Je te laisse pas le choix, prends ça comme un ordre venant de ta mère, dit-elle en commençant à se diriger vers la porte.
- Tu vas quand même pas me forcer à y aller ? je me relève sur mes coudes pour la regarder à l'encadrement de ma porte.
- Oh que si !

Elle me sourit et va dans une autre pièce pour continuer ses tâches de la journée. Je sais qu'elle est capable de le faire, j'essaye de me rappeler ce qu'elle me dit toujours :

"Souris et amuses-toi ! Tout va mal, souris ! T'es triste, souris ! Dis-toi qu'il y a des personnes qui vivent pire que toi et ils seront heureux de voir un sourire, même si ça doit venir d'un inconnu. Alors relève-toi et souris !"

How I played with herOù les histoires vivent. Découvrez maintenant