-Corra

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Le dessin est de moi, je me suis dit que c'était dommage de ne pas vous faire profiter de la quantité astronomique de dessins sur Corra et Kian x)

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Un cauchemar. Encore un. Corra en avait l'habitude, cela faisait des années que ses nuits en étaient remplies. Mais celui-ci avait été un peu différent de ceux qu'elle avait l'habitude de subir. D'ordinaire les visages étaient flous, et elle ne reconnaissait les personnes présentes que par leur voix ou leurs actions. Mais là un visage s'était imposé avec une netteté qui l'avait surprise au réveil. Qui était ce garçon dont elle avait pu distinguer les traits très distinctement? Était-ce un de ses camarades de classe ? Elle eut beau se creuser la tête elle ne voyait pas qui cela pouvait être.

La jeune femme décida de reléguer cette image dans un coin de son esprit, ayant besoin de toutes ses capacités pour la journée qui l'attendait. La personne la plus importante du pays venait rendre une visite à l'Université. Le devoir des élèves était de faire une bonne impression pour la parade et le bal bien entendu. Le bal... La pensée de ce passage obligatoire lui arracha une grimace. Quelle barbe que de devoir être obligé de danser pour faire plaisir à une personne qui sen fichait probablement de leur existence. Corra soupira, la journée promettait d'être longue.

Elle finira quand même par sortir de son lit et se préparer. Une fois la tenue réglementaire enfilée, elle passa une main dans ses cheveux courts aux boucles ébouriffées afin de tenter de les ordonner un peu. C'était bien sûr peine perdue il y a avait constamment une mèche qui rebiquait. Pendant ses efforts vains pour coiffer ses mèches rebelles, ses doigts effleurèrent l'anneau qu'elle portait à l'oreille gauche.

Cet anneau était précieux, plus précieux encore que la bague familiale qui ornait son index droit. C'était le seul bijou qui lui appartenait vraiment, le seul qui ne lui avait pas été donné par un membre de sa famille. Elle se souvenait vaguement comment elle l'avait eu. C'était son ami d'enfance qui lui avait donné. Un gage d'amitié. Il lui avait promis que tant qu'ils le porteraient ils seraient liés l'un à l'autre, peu importe la distance. Si la jeune fille avait peu à peu effacé cette signification au fil du temps, elle continuait à le porter. Il faisait parti intégrante d'elle. Repenser à cela ramena le visage du jeune homme de son rêve à sa conscience. Arrête d'y penser Corra, tu sais même pas qui c'est alors arrête d'y penser pour un oui ou pour un non tu as autre chose à faire. En effet, il était l'heure de descendre dans la salle commune pour accueillir bientôt l'impératrice.

Corra ne devait pas faire de vagues pendant toute la durée de l'évènement, elle avait déjà attiré pas mal d'ennuis en sortant après le couvre feu. Si la direction prévenait sa famille ça allait mal se passer pour elle. Ou alors ils allaient s'en ficher royalement. Ils étaient déjà contents de s'être débarrassé d'elle lorsqu'elle était partie pour l'université, alors qu'elle se fasse punir était le cadet de leur soucis. Enfin, sauf si elle se faisait expulser. Si cela arrivait Corra n'était même pas sûre de pouvoir retourner au domicile familial. Elle se retrouverait complètement seule et livrée à elle-même sans personne sur qui elle pouvait vraiment compter.

Elle n'avait pas d'ami, le seul qu'elle n'ait jamais eu était ce jeune garçon avec qui elle jouait lorsqu'elle avait environ dix ans. Puis ses sœurs avaient appris qu'elle le voyait en cachette. Elles étaient rentrées dans une colère noire, elles se considéraient comme les seules personnes qu'elle devait fréquenter, les seules à qui elle se devait d'obéir au moindre ordre. Corra frissonna, ce n'était pas un souvenir qui lui était agréable, encore un qu'elle s'efforçait d'enfouir au plus profond de sa mémoire.

Les réjouissances ne se passèrent pas tout à fait comme prévu. Si la parade s'était bien passée, le bal lui, avait frôlé la catastrophe. L'impératrice ne s'étaient pas montrée durant le bal et tout les professeurs avaient semblé inquiets. Cependant la fin des festivités annonçait aussi le début de la punition pour avoir outrepassé les règles de l'académie. Corra devenait donc l'assistante du bibliothécaire. Ils se détestaient mutuellement depuis un incident dans la bibliothèque dont elle avait été la cause. Le reste de l'année promettait d'être amusant pour les deux.

Au final, il régnait une ambiance cordiale mais froide. Le bibliothécaire lui disait quoi faire et Corra s'exécutait en grommelant des insultes lorsqu'il était assez loin pour ne pas les entendre. Puis après quelques semaines, il l'envoya chercher des documents dans les archives, en l'escortant tout de même. Il n'allait pas la laisser seule avec ses précieux ouvrages, qui sait ? Elle pourrait user de son art maléfique dessus. Mais lorsqu'il ressortit de la pièce, il referma la porte dans un geste machinal, en oubliant la jeune fille qui était encore à l'intérieur, l'enfermant dans la petite pièce.

Corra se retrouva plongée dans le noir, les documents encore à la main. Une bouffée d'angoisse s'empara d'elle, elle ne supportait pas d'être enfermée dans des endroits clos. À présent tétanisée, elle lâcha ce qu'elle avait dans les mains pour se tenir la tête. Sa respiration s'était accélérée, elle avait l'impression qu'on lui comprimait sa cage thoracique. Et surtout le souvenir du placard l'envahissait. Le placard. Ce souvenir qu'elle aurait voulu bannir à tout jamais de sa mémoire. Cette sensation d'étouffement, comme si les murs se resserraient autour d'elle et que l'obscurité pesait sur tout son corps. Elle tomba à genoux à terre. Le souffle lui manquait, aucun son ne sortait de sa bouche, elle était paralysée.

Les rires de ses sœurs. Bien fait pour toi tu n'avais qu'à pas nous trahir Corra, tu nous a déçu... Ses coups répétés contre la porte, en vain. Personne ne lui ouvrirait avant plusieurs heures. Elle n'avait personne ici, elle était seule. Tu ne le reverras jamais, ça t'apprendra. Lui, lui. Un souvenir. Son seul ami. Arraché. Corra se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang. Oui elle s'en rappelait maintenant, c'était lui ce visage. Elle l'avait enfoui loin dans sa conscience avec ce souvenir. Effondrée par terre, elle sanglotait en murmurant un nom. Kian.

DistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant