chapitre 3

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Chaque jour, chaque minute, chaque seconde qui passaient éloignaient un peu plus Abdul Lahad du monde.

De ses yeux d'Argus, il regardait devant la maison de son ex-petite amie depuis la fenêtre du salon.

Cela faisait presque trois heures qu'il n'avait pas bougé, et ça lui faisait autant de mal de perdre Maya que de mourir.

"Si seulement on me réveillait pour me dire que tout ça n'était qu'un mauvais cauchemar... Je veux encore vivre, ça me fait peur de penser à la mort, mais toujours avec ma foi en Dieu, je continue à dire 'Alhamdullilah, certes Allah sait mieux ce qui est bien pour sa créature'."

S'imaginant laisser ses parents et son petit frère lui faisait verser des larmes.

Alors que son père pénétra dans le salon, il vint s'asseoir à côté de son fils, le regard triste. Le père de famille savait que dans deux mois, il ne reverrait plus jamais son fils, et ça lui faisait mal au cœur.

Un silence pénible régnait dans la pièce, le désarroi flottait dans l'air.

Aziz posa une main sur le genou de son fils, alors que ce dernier tourna légèrement les yeux vers son père. Son regard était poignant, la douleur qu'il ressentait dans son cœur se voyait sur son visage.

Pourquoi moi ?, demanda simplement Lahad.

Le père resta silencieux sous le regard désolant de son fils. Lui aussi n'allait pas bien.

Ainsi est la volonté divine, fiston. Ainsi est la volonté d'Allah...

Sa voix se brisa lorsque des petites larmes coulèrent le long de ses joues.

Ne pouvant plus supporter de voir son père pleurer, Lahad éclata lui aussi en sanglots enflammés.

Aziz voulait rester fort pour son fils, il fallait l'assister. Il essuya d'une main ses larmes, incitant Lahad au silence.

Tout va bien se passer, n'aie pas peur...

Soutenant le regard de son fils, Aziz hocha la tête de manière répétitive afin de le rassurer.

Je sais, papa... j'étais juste dans un moment de faiblesse, mais je vais bien.

Sache que je suis très fier de toi et de tout ce que tu as accompli dans ta vie... Je t'admire énormément. Profitons du temps qui nous reste tant que tu es là, c'est le plus important...

Ému, Lahad était incapable de prononcer un mot, mais il hocha simplement la tête.

Ah oui, j'allais oublier, quand est-ce que tu vas en parler à ta petite amie, là, qui habite en face ? Maya, oui, c'est elle, c'est ta mère qui m'en a parlé...

Il soupira lourdement...

Je n'ai pas envie de le lui dire.

Il le faut, Abdul. Elle doit savoir dès le début.

Il répondit à contrecœur.

Je vais voir, papa...

D'accord, je vais me reposer. Prends soin de toi...

Il hocha encore la tête en guise de réponse pendant qu'Aziz prenait la porte.

Lahad soupira. Il avait besoin de fumer, histoire de tout oublier pour un moment, mais il serait un homme mort si quelqu'un le surprenait en train de fumer. Alors, il se leva pour se diriger vers sa chambre.

Pendant ce temps, Maya venait de finir de ranger sa chambre. Elle descendit les escaliers, trouvant sa grande sœur et son mari au rez-de-chaussée.

En effet, Ngoné s'était mariée à Djibril à l'âge de 18 ans, alors que Maya en avait 12. Elle était très attachée à sa grande sœur, donc après son mariage, Ngoné avait décidé de l'amener avec elle, et depuis ils vivent tous ensemble.

Bonsoir..., lâcha-t-elle en bâillant.

Ngoné remarqua l'état de sa sœur, elle n'avait pas l'air d'aller bien.

Tu as mal dormi, Maya ?, lui demanda Djibril.

Non, je suis un peu fatiguée, mais ça va, répondit-elle.

Je t'ai laissé à manger dans le frigo, avait dit Ngoné.

Je n'ai pas faim, merci, c'est gentil.

Ngoné lança un regard à son mari. Ce dernier haussa les épaules, ne sachant plus quoi faire.

Tu veux sortir un peu ?

Non, Ngoné, s'il te plaît, arrête de me chouchouter comme un enfant. Je vais bien... Je pars voir Moustapha, dit-elle avant de sortir de la maison.

Si elle va chez Moustapha, c'est plutôt pour voir Lahad, affirma sa grande sœur.

J'espère qu'ils régleront leur problème une bonne fois pour toutes.

Quand Maya fut arrivée chez les Ndiayéne, c'était Moustapha lui-même qui vint lui ouvrir la porte.

Eh bien, quelle surprise ?, ironisa-t-il alors que son amie roulait les yeux, sourire aux lèvres.

Yaw khamngua ni meunouma took niari fan té guissoumala (tu sais bien que je ne peux pas rester deux jours sans te voir), se défendit-elle.

Mouais, c'est ça, arrête de mentir.

Maya éclata de rire en entrant dans la maison. Elle cherchait du coin de l'œil Lahad, mais ne le trouvait pas. Il n'y avait personne au rez-de-chaussée.

Où est ton frère ?, chuchota-t-elle.

Je ne sais pas, et puis tu es venue chercher mon frère ou moi ?

Toi bien sûr, pourquoi tu boudes ?, rit-elle.

Je sais juste que tu ne viens jamais pour moi... Bref, allons dans ma chambre, je vais te montrer mes nouveaux croquis, tu vas adorer.

Jure...

S'exclama Maya. Elle adorait voir les croquis de son meilleur ami.

Allez, viens...

Alors qu'ils entraient dans la chambre de Moustapha, Mariam, qui venait d'arriver, ne trouvait nul part Lahad.

"Où peut bien être mon fils ?"

Elle cherchait dans chaque coin et recoin de la maison mais ne le trouvait pas, donc la génitrice monta à l'étage sans toquer à la porte de la chambre de son fils. Elle entra brusquement dans cette dernière quand Lahad sursauta de son lit, cigare à la main, alors qu'une douzaine de mégots étaient par terre.

Le regard choqué de Mariam passait de son fils aux mégots.

LAHAD, c'est quoi ça, qu'est-ce que ça veut dire ?

Chut, maman, s'il te plaît, ne crie pas...

Que je ne crie pas ? Tu sais au moins ce que tu es en train de faire ?

Les cris alarmants de Mariam alertèrent les autres membres de la maison ainsi que Maya.

Pourquoi tu cries, Mariam, qu'est-ce qui se passe ?, lui demanda son mari.

Demande-le à ton fils, décidément il veut se tuer avant même que son délai ne se termine.

Qu'est-ce que tu racontes, Mariam ?

Comment ça se fait que je surprends mon fils en train de fumer ? Hein Aziz, tu peux m'expliquer, tu sais au moins ce que ça veut dire ? Il est atteint d'un cancer, il va mourir dans deux mois et il continue de fumer...

Maya ouvrit grandement les yeux. Qu'est-ce que ça voulait dire tout ça ?

Lahad... s'écria-t-elle.



Une Douce souffrance ❤️

Une Douce souffrance [ Terminée ]✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant