chapitre 17

4K 791 17
                                    

Il est hors de question que vous partiez cette fois sans moi, déclara Maya à son mari.

En effet, depuis quelques temps, la jeune femme ne voyait plus très souvent Amndy Moustapha. Il partait à l'heure du déjeuner et rentrait pendant la nuit. Quand il revenait, Maya était déjà sombrée dans un sommeil agité.

Trop occupé à s'entraîner, il n'avait plus beaucoup de temps.

Maya, tu sais très bien que tu n'as rien à faire là-bas, répondit le jeune homme, rangeant ses baskets dans son sac de sport.

Elle s'assit sur le lit en face de lui.

Je sais applaudir et crier très fort pour vous encourager : "Allez, Amndyyyy, allez !"

Raison de plus, tu vas te faire passer pour une folle, rit-il.

Elle se mit faussement à bouder.

Ça, c'était très méchant, dit-elle.

Tapha, tes amis sont là !, s'écria Mariam depuis en bas.

J'arrive, maman, répondit-il sur le même ton.

Il se tourna vers sa femme et cette dernière lui faisait des yeux de chien battu. Comment pouvait-il refuser avec de tels yeux ?

Écoute, c'est notre dernier entraînement et demain, on va passer l'édition. Tu pourras attendre jusqu'à demain.

Si je n'y vais pas aujourd'hui, je n'irai pas demain. Et si vous me laissez toute seule ici, je vais...

Maya s'arrêta d'un coup en émettant un rire nerveux.

J'espère que tu n'iras pas encore au cimetière jusqu'à tard la nuit comme la fois passée, dit Amndy d'une voix sérieuse.

On en a déjà parlé. J'ai juré de ne plus y aller la nuit, mais je pense que mère s'est trop inquiétée, ce n'était pas si grave, répondit-elle.

Si partir au cimetière pendant la nuit n'est pas si grave pour toi, j'aimerais savoir ce qui l'est.

La maison était trop ennuyeuse, du coup je suis partie discuter avec Lahad. Je me suis déjà expliquée, on ne va plus en parler, si ?

Tu deviens folle alors là, vraiment.

La folie, c'est le fait de croire qu'on ne peut pas parler aux morts, répondit Maya d'un ton irréfutable.

À l'idée que Maya refasse la même chose, Amndy Moustapha soupira lourdement avant de déclarer :

Porte tes chaussures, on y va, finit-il par dire.

Maya sauta du lit. Elle se précipita pour mettre ses baskets blanches d'autant qu'elle était habillée d'un jean bleu clair avec un pull-over rose.

Ils descendirent les escaliers sous le regard étonné de leurs amis.

Rassure-moi, cette emmerdeuse ne vient certainement pas avec nous, râla Latyr.

Je suis désolé de te décevoir mais si... et puis, ma femme n'est pas une emmerdeuse, répondit Moustapha.

Latyr se tourna vers son amie qui lui tira la langue.

Allons-y les gars, il est déjà 19h..., leur rappela Junior.

Saly les arrêta.

Vous ne voulez pas manger avant de partir ? J'ai préparé un délicieux plat...

Merci beaucoup mais là on doit s'en aller, répondit Moustapha.

Cette réponse ne lui plaisait pas. Elle aurait aimé qu'Amndy lui propose de venir avec eux.

À plus tard, Saly, lâcha Maya. Elle ne répondit pas à cette dernière.

Ils sortirent dehors et montèrent en voiture.

En route, sous les blagues nulles de Latyr, Maya ne cessait de rire. Passer un moment ensemble leur avait manqué.

Ce n'est pas Djibril là ?, demanda Moustapha.

La jeune femme sursauta en entendant ce nom. Elle suivit le regard de son mari jusqu'à Djibril. Il sortait d'un resto avec une femme, son bras autour de son épaule.

Maya n'attendit pas, elle le prit subitement en photo.

Voilà, il aura des explications à donner à sa femme, lâcha-t-elle en colère.

Qu'est-ce que tu fais, Maya ? Ce n'est pas ton problème alors tu n'as pas à t'en mêler, lui dit son mari.

Le problème de ma sœur reste le mien. Alors si son connard de mari la trompe, je pense qu'elle doit savoir, répondit-elle.

Maya, ne sois pas têtue. Efface cette photo, l'ordonna-t-il.

Pour ne plus en parler, Maya préféra répondre :

Oui, tu as raison, je vais la supprimer.

Pour la première fois, Maya exécute les ordres, oh mon dieu, la taquina Junior.

Les gens changent, bb, répondit-elle.

Amndy se racla la gorge ce qui fit éclater de rire les autres.

Ils arrivèrent au basket club. Il y avait déjà leur coach sportif et leurs deux autres coéquipiers choisis dans l'équipe, donc ils formaient une équipe de quatre personnes.

Aussitôt, Maya fut présentée au coach et le courant passa vite entre eux.

Maya était contente de se retrouver dans cet endroit. Elle ne cessait de tourner autour pendant que les autres s'entraînaient.

Elle faisait des va-et-vient aux alentours du club. Aller jeter un œil à la tribune lui semblait tentant.

Alors que personne ne la surveillait vraiment à part Moustapha qui lui lançait de temps en temps des regards.

La jeune femme monta tout le long de la tribune. Elle marchait sur la pointe des pieds en effectuant des pas de danse classique.

Elle avait sûrement envie de faire une bêtise.

Latyr, qui la remarqua en premier, fit signe à Moustapha.

Si jamais elle tombe de cette tribune, tu la perdras à jamais.

Les sourcils froncés, Moustapha se tourna vers sa femme.

Qu'est-ce que tu fais, Maya ?, s'écria-t-il.

Ce cri embrouilla la jeune femme qui se retourna maladroitement vers Moustapha. Par manque d'équilibre, elle tomba brusquement. Son corps roula au fond de la tribune jusqu'en bas.

Ils coururent vers elle. Maya était étalée par terre, se plaignant de douleur.

Laissez-la couchée, ordonna le coach.

Tu vas bien ? T'as mal quelque part ?, lui demanda-t-il.

Maya pleurait à chaude larme.

Ahhh... ma jambe..., pleura-t-elle.

Je sais, tu as la jambe cassée... Reste calme, d'accord.

Tu n'aurais jamais dû venir ici. Tu te comportes encore comme une gamine, s'écria Moustapha.

Tu ne vois pas qu'elle a mal ? Qu'est-ce que tu cries comme ça ?, lâcha Latyr.

Amenez-la à l'hôpital d'à côté, déclara Seydi (l'un de leurs coéquipiers).

Moustapha ne comprenait vraiment pas ce qui venait de se passer.

T'es pas croyable alors là, pas du tout, râla-t-il en aidant les autres à la faire sortir du club.




Une Douce souffrance ❤️

Une Douce souffrance [ Terminée ]✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant