chapitre 22

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Le chemin était long, mais ça en valait la peine. Descendue du bus, la voilà maintenant scotchée dans ce taxi depuis des minutes, la tête collée à la vitre de la portière, regardant à travers les paysages qui défilaient sous ses yeux.

Des quartiers familiers la ramenaient à son enfance.

Des coins et recoins où elle pratiquait ses sales coups, Maya les reconnaissait malgré l'obscurité de la nuit.

"Mon quartier, ah ce quartier où règne le bonheur, rien n'a changé", pensa-t-elle.

Elle laissa échapper un petit rire, la folie de l'adolescence lui manquait.

Un grincement de pneus la fit penser qu'elle était arrivée, son regard posé devant la porte de chez elle la confirma.

Elle paya son transport avant de sortir de la voiture, traînant sa valise derrière elle.

Maya respira un grand coup d'air avant d'appuyer sur la sonnette.

Quelques instants plus tard, une femme d'une quarantaine d'années vint ouvrir la porte, c'était sa tante.

Maya roula les yeux en apercevant le regard ahuri de cette dernière.

— Toi aussi t'as foutu en l'air ton mariage..., s'écria-t-elle.

Maya ne prit même pas la peine de lui répondre, elle pénétra dans la maison.

— Maya, yaw lay wakhal (Maya, c'est à toi que je parle).

Elle ne répondit pas et continua son chemin. Ça avait toujours été comme ça avec leur tante Ndiaya, la sœur de leur père; elle ne les supportait pas du tout.

— Maman? cria Maya à la recherche de sa mère.

— Dans le salon..., répondit cette dernière sur le même ton.

Maya déposa sa valise au pied du salon, rejoignant Kiné.

Elle remarqua d'abord Ngoné couchée sur le fauteuil, sa tête posée sur les cuisses de leur mère qui lui caressait les cheveux alors qu'elle avait lourdement les yeux fermés.

— Je suis vannée, lâcha la jeunette en s'affalant à côté de sa daronne.

Au même moment, Ndiaya pénétra dans le salon.

— Kiné, tu ne vas rien dire? Depuis là, j'attends que tu les renvoies chez leurs maris, mais rien..., lâcha-t-elle.

— Comme si elle avait réussi à rester dans son ménage, chuchota Maya.

— Tu as dit quelque chose? lui demanda sa tante.

Kiné décida d'intervenir avant que ça n'aille plus loin.

— Ndiaya, elles n'ont pas du tout divorcé. Ngoné a un petit problème avec son mari mais elle va bientôt retourner chez lui, quant à Maya, elle est juste venue accompagner sa sœur, expliqua-t-elle.

— À quoi ça la concerne? Elle devrait rester gérer son mari au lieu de foutre son nez dans les problèmes des autres...

Toute cette discussion commençait à déranger Ngoné qui releva sa tête des cuisses de sa mère afin de s'asseoir en tailleur sur le fauteuil.

— Qu'est-ce que t'as à râler sur nous? T'as divorcé mille fois alors ne viens pas nous dire quoi faire, je suis assez énervée comme ça..., s'énerva-t-elle.

Ndiaya la dévisagea profondément avant de sortir furieusement.

— Ngoné, tu ne dois pas lui parler de cette manière, dit Kiné.

— Je suis fatiguée... et je veux juste me reposer, j'en ai assez..., pleura-t-elle avant de partir à son tour. Elle avait sûrement envie de rester seule.

Une Douce souffrance [ Terminée ]✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant