Relation incongrue (LawKidd) - [TERMINEE]

3. "Mignon"

Il me dit son nom ? Franchement, je ne vois pas à quoi ça pourrait me servir...mais alors, pourquoi je me sens heureux qu'il me l'ai dit ?
Bon, autant répondre ce que j'aurais répondu à n'importe qui, même en sachant pertinemment qu'un part de moi ne le considère absolument pas comme "n'importe qui".

Moi : je m'en fichais. Mais bon, comme tu t'es présenté, autant que je le fasse aussi. Je m'appelle Law.
Kidd : génial...tu es toujours aussi froid avec tout le monde ?
Moi : oui. Et toi, tu propose souvent à des mecs de les ramener chez eux ?
Kidd : seulement aux mecs mignons que je connais.
Moi : alors ça ne va pas, je ne suis pas mignon, et on se connait pas.
Kidd : si tu le dis !
Moi : mmh...ah, ça te dérange si j'allume un clope ?
Kidd : non vas-y, je fume aussi.

Je sors mon paquet de ma poche, sors une cigarette que je porte à mes lèvres, et avant que je ne puisse attraper mon briquet, Kidd m'en tend déjà un. Je le prends, évitant d'effleurer de manière clichée ses doigts, et allume le petit rouleau de papier, remplie de tabac nocif. C'est ironique, un futur médecin fumeur. Mais bon, je n'y peux rien, c'est trop addictif ce truc. Et puis je ne fume pas si souvent. Juste quand je suis fatigué ou stressé.
Je lui rends ensuite son briquet, et ramène une jambe contre mon torse, appuyant mon coude contre ma cuisse, près du genoux. 
Il me regarde. Je sens son regard sur moi. Il le peut, on est à un feu rouge. Il me détaille de la tête aux pieds, et ça me dérange, autant que ça me plait. Personne n'a jamais fais ça me concernant. Ma tête de psychopathe doublé d'insomniaque a éloigné de moi toute personne potentiellement capable de m'aimer.

Voulant savoir pourquoi c'est différent avec lui, je n'hésite pas un instant et lui pose directement la question.

Moi : pourquoi tu me regardes comme ça ?
Kidd : bah, je te l'ai dis, t'es mignon.
Moi : je sais même pas pourquoi j'ai posé la question...

Il rigole doucement en m'entendant, mais ne réplique rien, puisque le feu est passé au vert. Il redémarre, le regard de nouveau rivé sur la route.

Moi : bon plus sérieusement, pourquoi tu me regardes ?
Kidd : ah je t'assures, c'est parce que t'es à mon goût, c'est tout. 
Moi : mais...enfin...
Kidd : quoi, personne t'as jamais dis que t'étais canon ?
Moi : bah...nan. Personne.

Il me lance rapidement un regard étonné, mais ne dit rien et se contente de sourire. Quelques minutes plus tard, on arrive enfin devant chez moi, et je descends, et avant de fermer la portière, je me penche vers lui, et constate avec agacement qu'il s'attendait à ce que je fasse ça.

Moi : merci. A plus.
Kidd : de rien Law. Salut !

Je lève les yeux au ciel, me redresse et claque la portière, puis court jusqu'à la porte de mon immeuble. Je rentre, mais avant de fermer la porte, sans vraiment de raison, je me retourne, et croise le regard de Kidd. Il me fait un clin d'oeil, son éternel sourire arrogant et séducteur aux lèvres, puis démarre et quitte mon champ de vision.
Je finis par rentrer dans l'immeuble, secouant la tête pour chasser mes pensées étranges de mon esprit. 

Pdv Kidd

Il s'est retourné ! 
Ah, je savais que je le laissais pas indifférent. Au bout de deux mois, il m'a finalement remarqué. Tout ces clins d'oeil n'auront pas été vain !
Enfin, bref, je ferais mieux de me reconcentrer sur la route si je veux pas avoir un accident.
Après cette livraison, je les enchaine jusque 23h, et une fois ma journée finie, je peux enfin rentrer dans ce qui me sert d'appartement. 
Je dis ça parce qu'une petite pièce de 10 m2, j'appelle pas ça un appartement. J'appelle ça un placard de taille raisonnable.
Mais bon, j'ai pas les moyens de me payer autre chose. Depuis que je suis sortit de l'orphelinat que il y a 5 ans, j'enchaine les boulots pourrie pour tenter de m'en sortir.
Comme j'étais le pire des cancres et que je n'ai pas bosser de tout le lycée, je n'ai pas eu d'aides de l'état, et les gens de l'orphelinat étaient tellement odieux avec moi que j'ai préféré m'en sortir seul que d'accepter leur aide.
Bref, à cause de ça, je galère, mais au moins il me reste une fierté.

Le truc, c'est qu'à moins d'un coup de pouce du destin, je vais rester dans cette situation jusqu'à la fin de mes jours. Le prix de l'immobilier ne va pas baisser d'un seul coup, et mon salaire ne changera pas du jour au lendemain. 
C'est vraiment la merde...
Je soupire après ce constat amer, et m'affale sur mon canapé inconfortable au possible, qui me sert accessoirement de lit et qui grince au moindre mouvement.
Je n'ai pas la place d'avoir les deux, et un canapé c'est plus simple je trouve. 
Je n'ai ni bureau, ni chaise non plus, et une minuscule cuisine, constituée d'un petit évier et d'un seul feu. Un micro-onde posé par terre, et un placard accroché au mur. Et enfin, dans un coin, derrière un rideau que j'ai installé, une salle de bain constitué d'une douche et d'un évier, avec un miroir fissuré accroché au dessus. C'est vraiment triste...
Mais bon, il y a pire, je pourrais carrément ne pas avoir d'appart, et vivre dehors avec les autres devant qui je passe chaque jour. Ca, ça serait vraiment triste.

Bref, j'ai super faim à force de livrer de la bouffe à des gens cons qui font la gaffe de me dire "à vous aussi" quand je leur souhaite bon appétit. Sérieux, ils font exprès ou quoi ? Mais bon, maintenant que je suis chez moi, je peux aller me faire à manger. Je mets donc des pates à cuire, vu que c'est le seul truc que j'ai dans mes placards -bah oui, j'ai même pas de frigo- et 3 minutes après, je me retrouve à les manger à même la casserole, sans fromage ou sauce tomates dedans. Et vraiment, des pates natures, déjà que c'est pas ouf, mais en plus tout les jours, là, j'en peux plus. Faut vraiment que je change de vie...