Chapitre 4

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« -Mlle Focht? »
Encore troublée par ces attaques nocturnes, je le fis entrer.
« -Comment puis-je vous aider ? »
Il me désigna un insigne.
« -Agent Anderson, responsable de l’agence Fédéral. Je suis chargé d’enquêter sur les homicides ayant eu lieu à St Augustin. »
Cela me parut curieux, il me semblait avoir déjà entendu cette histoire.
« -Sans vouloir vous offenser, je vois bien mal comment je pourrais vous offrir mon aide... »
Il m’afficha un sourire élégant. Sa carrure dominait l’entrebâillure de la porte.
« -Je vais vous poser quelques questions. »
Il s’assit sur une des chaises que je lui administrai.
« -Ou étiez-vous la nuit dernière ? »
« -Je dormais. »
Inutile de lui relater mon attaque nocturne.
« -Dans quel domaine exercez-vous ? »
« -Je suis avocate. Je travaille pour le grand Mr Delalande de cette région. »
Il arqua un sourcil.
« -Etes-vous proche de votre patron ? »
« -Excusez-moi, je ne voudrais pas paraitre grossière mais en quoi cela concerne l’enquête ? »
Il se mit à rire.
« -Secret professionnel. »
« -Qui me dit que vous êtes bien inspecteur ? » Ripostai-je en croisant les bras.
Mais diable, pour qui se prenait-il ? Comment des meurtres qui ont eu lieu à trente kilomètres de là auraient un quelconque rapport avec moi ? C’était un imposteur, incontestablement, ses questions semaient le doute.
Il se leva, me dépassant d’une bonne tête. Un sourire espiègle au coin des lèvres.
« -Mademoiselle, son ton provocateur demeurait lourdement séduisant, je vous ai montré mon insigne, quelle autre preuve pourrais-je vous fournir ? »
Je restais coite. Il était sincère, je pus le ressentir.
« -Très bien. Je le scrutais dans le blanc des yeux, fière de ma posture dominante. C’est mon patron. Il est clair qu’en dehors de mon lieu de travail, cet homme n’est autre qu’un individu inconnu. »
Il me toisa de son air songeur.
« -Plus sérieusement… »
Il s’assit, le regard perdu dans le vague. Son inquiétude se lisait dans ses yeux émeraudes.
« Vous savez...commença-t-il…le point commun entre ces trois homicides.... C’est la cause de la mort. Toutes trois sont mortes d’oppression respiratoire. Le plus étrange, les médecins légistes n’ont pas encore déterminé l’arme du crime. »
« -Vous voulez dire… que ces filles sont décédées d’étranglement mais que les autopsies n’ont pu le prouver ? »
« -Elles sont mortes, comme par enchantement. Pouf ! » dit-il en claquant des doigts.
« -Vous avez une piste, inspecteur ? »
« -Oui...Vous. »
Il me prit de cours. L’estomac noué, ma bouche estomaquée, je songeais à cette abominable histoire. Mais que se passait-il non de Dieu ! Et voilà que je me mettais à devenir somnambule et subir des paralysies du sommeil. Je me souvins des remarques de ma cliente concernant la pleine Lune.
Peut-être, que le meurtrier ait eu des remontées de colère intérieur ? Et si tous ces événements, coïncidant étrangement, avaient un quelconque rapport avec les aspects astrologiques ? Et si je me trouvais être la meurtrière inconsciemment ? 
« -Cela vous est déjà-t-il arrivé de rêver éveiller ? »
Il me toisait d’un air sceptique.
« -Hum...Jamais. Mais je suppose que c’est une possibilité intéressante. »
Je levai les yeux aux ciels. Comme si un cartésien tel que lui pouvait m’apporter des réponses. C’était l’enfer décidemment…Je ne discernais plus la réalité de la fiction.
Était-ce un rêve ? Et si cet homme se métamorphosait subitement en un monstre difforme et infâme ? Pour réponse, il me tira de mes interrogations.
« -Mlle Focht? Vous êtes sur la Lune ? »
Je ne répondis pas. Je me sentis mourir. L’inspecteur se redressa adroitement pour rattraper mon corps faibli.
« -Vous êtes pale Elise... »
Mon regard s’assombrit, laissant place à de furtives images de ma réalité dépravante. Remarquant mon absence, mon regard vide et mon visage livide, il sortit un téléphone de sa poche.
« -Oui...Je me trouve à Oingt, à l’appartement B de la 4e rue. La victime souffre probablement d’affaiblissement neurologique et d’insomnie. Exact. Pâleur, malaise, cerne. »
Il me releva la tête, la déposa délicatement sur son genou. Veillant sur moi, il suivait attentivement les instructions au bout du fil. Quelques minutes plus tard, une équipe d’urgence se trouvait dans mon appartement.












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