Chapitre 11

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Le silence s’était consumé dans ma pauvre Renault 4. Contemplant le paysage nocturne qui défilait devant moi, je contrôlai ma messagerie.
« -J’ai un appel manqué. »
« -Mmmh...répondit-il. Son regard s’étendait au loin, dans l’horizon dont les contours inconstants entouraient la route rectiligne.
Dès lors une odeur qui m’était familière, vint me chatouiller les narines.
« -Vous sentez ? »
Il plissa son nez, afin de vérifier mes dires. Et son expression changea si rapidement que j’en eus la chair de poule. Il braqua à droite mais il était trop tard. Une explosion provenant de nulle part projeta la voiture hors de la route. Ma tête se cogna maintes et maintes fois contre la vitre. Une chaleur douloureuse me brulait la peau. Et mon cri d’effroi semblait perdu dans ma gorge.
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Une alarme de voiture volée me tiraillait les tympans. Mes mains se dirigèrent d’instinct sur celles-ci, tentant vainement de dissiper le bruit infernal. Mes paupières lourdes s’ouvraient et se refermaient, comme éprises de douleur. Lorsque ma vision s’adapta, je découvris ma voiture sur le dos, s’incendiant. Les flammes s’échappèrent du capot : je n’avais officiellement plus de moyen de locomotion. Je me relevai maladroitement. Je fis une courte inspection des lieux : je demeurais seule. Mon téléphone était brisé en mille morceaux, je ne pouvais appeler personne. Alors je me mis en marche. Titubant le long des champs, je ne percevais rien autour de moi que le bruit de mes pas. Je me sentais si seule, si perdue. Des frissons me parcourues le corps. Je me couvrais de mes bras en un mouvement de réconfort. Une douleur me lacérait les tempes. La voie était déserte, ce qui accrue mon angoisse. Ne cessant de me retourner, un mauvais pressentiment m’empoigna le cœur. Je pensais être suivie mais personne ne se trouvait à plus de dix kilomètres. L’effroi qui me tirait de ma bulle de confort était causée davantage par l’atmosphère. Comme si, en dépit du vide entourant, un être, quelque part me voulait du mal. Mon instinct me hurla alors de presser le pas. Je trottinai, de plus en plus soudain à mesure que mes émotions gravitaient. Jusqu’à ce que ce que je m’élance à toute enjambées. Je ne savais pas ce que j’étais en train de fuir mais j’étais persuadée qu’un démon me guettait. Je me trouvai dans un carrefour où prestement je pris la gauche. Désormais, mon âme avait pris les commandes de mes choix.
Au loin, je perçus un clocher qui surplombait une colline. Gravissant la montée, je respirai bruyamment, essoufflée de l’effort qui m’était peu commun. Je me réfugiai alors dans la chapelle, à l’abri de tout assaillants potentiels. A l’affut de tout indices auditifs, mon souffle me poignarda les poumons. J’essayais en vain d’être discrète. La chapelle n’était pas si grande, elle regroupait un tabernacle sur un estrade, quatre assises accompagnées de quelques portraits du Christ. La poussière et les toiles d’araignée témoignaient de l’absence physique de saints. Je doutais indubitablement que des sacrements aient encore lieu ici. Le clocher se mit soudainement à retentir. Craignant de ne pas être seule, je décidais d’aller jeter un œil aux alentours. M’armant d’une bougie, j’illuminais chaque recoin de chaque gravure. Les vitraux relataient la vie du Christ. Une immense croix en bois faite à la main, s’imposait derrière le lieu de sacrement. Je m’approchai, examinant les détails minutieux composant le corps du Seigneur. Comme attirée par une aura indescriptible. Ma main appuyée contre le bois rafraichi, je fermai les yeux, récitant intérieurement.
« Notre père, qui êtes aux cieux. Que votre nom soit sanctifié. Que votre règne vienne. Que votre volonté soit faite, sur la terre comme au ciel. Donnez-nous notre pain quotidien. Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Ne nous laissez pas succomber à la tentation. Mais délivrez-nous du mal. Amen. »
J’eus à peine le temps de dessiner sur mon corps le signe de croix. A ce moment précis, ma vie prit un tournant décisif. Mes mains, alors posées sur les pieds de Jésus Christ notre seigneur, se mirent à bruler. Une fumée grisonnante s’échappait de ma peau. J’hurlais de douleur.
« AAAHHHH ! »
Je m’écroulai sur le sol. Et soudain...quelque chose me tira les cheveux, m’entrainant hors de l’édifice religieux. Je me débattis de toute mes forces, quémandant Dieu de venir me sauver.
« Seigneur ! Viens en mon aide, entend ma prière. Ôte le mal de mon cœur. »






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