Chapitre 2

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La sonnerie de mon réveil retentit. L'air somnolente, je m'étirai de tout mon long et poussai un soupir las :

« Pff....Vivement ce weekend. »

Je sentis alors sous mon corps endormi, un sol glacial. J'ouvris les yeux et émis un cri de stupeur lorsque je me rendis compte de l'endroit où je me situais. Malgré l'obscurité, je reconnus les portes poussiéreuses s'alignant le long d'un couloir humide.

« Mais qu'est-ce que je fabrique dans ma cave ?! »

Sans perdre une minute, je me redressai et me précipitai à l'étage où j'habitais. En gravitant les escaliers, j'eus la surprise de découvrir à mes pieds mes chaussures de travail : des escarpins noirs vernis, en dépit de mon pyjama à fourrure. Je me hâtai ainsi dans ma salle de bain, me jetant sous l'eau chaude.

« Ça fait du bien. » exaltai-je.

Des images défilèrent au fil de mes pensées. Le bureau. Mes clefs. La créature. L'apesanteur. Ce rêve semblait si réel. Et pourtant tiré de mon imagination.

Avalant une gorgée de mon café brulant, je zappai les chaines de télévision. Il n'y avait rien de bien attrayant.

« Toujours la même chose ... » soufflai-je.

Je m'empressai de m'habiller lorsque je jetai un œil à l'horloge médiévale, accrochée au-dessus de mon lit. J'enfilai une paire de collant noir, des boots ainsi qu'un long manteau en laine. J'attrapai mon trousseau de clef et me mis en route. Encore secouée par mon cauchemar de la veille, je jugeai judicieux de passer outre et me concentrai sur mon travail. Par ailleurs, je contrôlai dans mon agenda mes rendez-vous. J'en avais quatre : un du matin et les autres débutaient à quatorze heures. J'eus donc assez de temps pour déjeuner quelque part.

Je garai ma Renault 4 à ma place attitrée, sur le parking sous-terrain du bureau. Je pris l'ascenseur dans lequel se trouvait des miroirs disposés de manière symétrique. J'observai ma mine consumée. Quelqu'un entra alors. Je repris ainsi une posture sérieuse : épaules en arrière, tête bien droite.

La jeune femme me sourit.

« -Bonjour ! »

Je lui répondis d'un hochement de tête.

« - Vous travaillez ici ? Je ne vous ai jamais vu... » remarquai-je, le visage interrogateur.

« -Non en fait...  Elle afficha un visage confus. J'ai rendez-vous avec une certaine Mlle Focht. »

« - Oooh ! m'étonnai-je. Et bien elle se trouve juste en face de vous. Je vous en prie, après vous. »

Ma courtoisie semblait l'encourager.

« - Je vous remercies. »

Nous entrâmes dans mon bureau, au quatrième étage. Je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'œil à la pièce. Tout était en ordre. Preuve irréfutable qu'il s'agissait bel et bien d'un rêve. La cliente remarqua ma perplexité puisqu'elle ajouta.

« -Je ne sais pas vous, mais je commence à ressentir les effets lunaires. Je me sens toute remuée à l'intérieur. »

« -La lune ? » Demandai-je.

« -Oui. Je trouve par ailleurs que beaucoup ignore leur sensibilité au cycle lunaire. »

« -C'est intéressant... » méditai-je à haute voix. Je levai les yeux, me frottant le menton d'attention. 

« Dites-moi Mlle... ?»

« -Mlle Kyllion. »

« -Mlle Kyllion. Quand Est-ce ? La pleine Lune ? »

« -Demain soir. Mais les énergies peuvent vous affecter quelques jours avant la phase lunaire. Ou après. Cela dit il ne faut pas oublier que l'impact de la Lune n'est pas toujours négatif. En effet, de très belles opportunités peuvent s'offrir à vous. »

« -Et comment... Je cherchai mes mots. Pouvons-nous être impactés ? »

Elle haussa un sourcil étonné.

« -Vous y croyez ? »

« -Et bien...à vrai dire pas vraiment. Je lui affectai un sourire poli, afin de ne pas la contrarier. 

« Je me renseigne. Après tout, il faut savoir garder l'esprit ouvert. » m'enquis-je en lui adressant un clin d'œil.

« -En réalité, tout est relatif. Les actions de la pleine Lune dépendent des profondeurs du cœur. Les conséquences du passé, le relationnel des individus, etc. ... »

Elle s'arrêta, veillant à ne pas me perdre au bout du fil. « Vous pouvez être sujette à différents maux physiques tels que des maux de tête, de la fatigue, des douleurs dorsales ou abdominales. Enfin, vous pourriez ressentir une forte détresse ou encore de la colère...Le secret est de toujours revenir en soi. »

Elle posa ses deux mains au creux de sa poitrine, comme pour illustrer ses dires. Elle dégageait une aura incroyablement bienveillante au travers de ses mots.

« - Croyez-vous en Dieu Mademoiselle ? »

Je la fixais, souriant confusément. Après quelques minutes de silence, perdue dans mes pensées, je déclinai.

« - Nous ferions mieux de nous y mettre. »

LucideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant