Chapitre 10

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« -Il me semblait pourtant avoir verrouillé avant de partir... »
Mr Anderson faisait les cent pas dans le salon de mon appartement.
« -Peut-être…simplement qu’avec toutes ces angoisses... »
Mr Anderson ne semblait qu’écouter d’une oreille mes remarques.
« -Mr Anderson ? Vous êtes avec moi ? »
Mes interrogations le tirèrent de ses rêveries.
« -Je vous en pries. Appelez-moi Peter. »
Il me sourit mais n’en fut pas moins contrarié.
« -Peter. Ces derniers temps, j’ai appris à ne pas trop me tracasser l’esprit. Vous devriez faire de même. »
Il me fixait de ses pupilles émeraudes.
« -Hum...Elise puis-je me permettre ? »
« -Bien entendu. » affirmai-je.
« -Puis-je vous partager quelques réflexions que j’ai eu ? »
J’acquiesçai.
« -Cela pourrait vous sembler quelque peu farfelu toutefois...il n’est pas impossible qu’un portail électro magnétique ait été ouvert au travers d’une dimension astrale parallèle. »
Escomptant une réponse de ma part, il n’en fut rien. Je me trouvais bien au contraire dans l’incompréhension la plus totale. Mes yeux exorbités en étaient la preuve sur table.
« -Pardonnez-moi mais...ce que vous me faites savoir me parait...impénétrable. Je riais nerveusement. J’aurais même mal à juger que cela est farfelu. »
Il se pinça la lèvre inférieure, l’air perplexe. Un silence s’ensuivit puis il s’enquit.
« -Vous avez été témoin de phénomène paranormal, vous le concevez ? »
Je ne pus soutenir son regard. Il était vrai qu’en dépit de mon irrépressible envie de ne pas croire à toute cette absurdité, je devais bien admettre que beaucoup d’anormalités ne pouvait être expliquées. J’avais peine à penser que tout ceci puisse exister réellement.
« -Oui... » soufflai-je.
« -Lorsque vous rêviez, il vous est arrivé de reproduire dans votre vie physique, les désirs de votre corps astral. Ce qui pourrait être expliqué par le somnambulisme. Cela dit, quelque chose me chiffonne concernant les blessures opérées par les trois victimes. »
« -Alors ... L’interrompis-je, vous pensez que les victimes ont été assassinées dans leur sommeil ? »
« -Cela pourrait être difficile à expliquer et même à croire mais oui je le pense. Et je pense également que vous aviez échappé de près à la mort. »
Ce mot flotta haut dans les airs. Il résonna et m’imprégna les entrailles, comme s’il rodait autour de mon être.
« -Vous savez, reprit-il, il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. »
« -Et bien si je peux vous faire une confidence, ajoutai-je. C’est qu’a peu près la quasi-totalité de ce que vous m’avez dit jusqu’alors demeure être un charabia. »
Nos rires retentirent sur le son sortant de la télévision.
« Mais il y a quelque chose dont je suis sûre reprit-il. C’est que vous me plaisez beaucoup. »
De légers picotements me saisirent le corps. Son visage se rapprocha alors du mien. Ses mains s’enjoignirent de part et d’autre de mes joues. Je me sentis fondre, emporter dans une bulle de séduction. Me laissant aller à ce désir qui m’avait si souvent éprise, je lui saisis les cheveux, l’attirant contre moi.
Lorsqu'il posa ses lèvres parfumées sur les miennes, l’obscurité se mit à envahir la pièce. Et les portes de mon appartement se mirent à claquer violemment. Le bruit s’entrechoquait et notre romance éphémère cessa net. Peter s’était déjà relevé. Il se tint debout, un revolver à la main, prêt à la défense. Un vent fugace balaya les objets contenants mon salon. Toutes pierres précieuses posées sur mes étagères, mes manuscrits et mes lettres se voyaient projetés hors de leur position temporelle. Peter me tira dans son dos, comme pour me protéger des projectiles. Mon appartement était désormais aux prises du diable.
« -Nous devons sortir ! » criai-je au-delà de ce vacarme.
Il me saisit le bras et m’entraina hors de mon habitat. Dévalant les marches, nous courûmes à ma voiture. Peter prit la place du conducteur, sans un mot. Il se contenta de mettre le contact et d’écraser le pied de l’accélérateur. Cependant, notre fuite s’avérait être absurde : personne ne nous attaquait, personne ne nous menaçait.







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