Chapitre 15

26 2 0
                                    

Trois semaines plus tard...

Trois semaines se sont écoulées depuis que j'ai perdu le bébé. Mon corps s'en est remis, comme si de rien n'était, mais mon esprit est marqué au fer rouge. J'ai commencé mes séances avec le psychologue que le médecin m'a recommandé, une séance par semaine. Il m'aide à me déculpabiliser de ce qui m'est arrivé, et aussi à me sentir mieux.

D'après lui, ce sont des choses qui arrivent. Au fond, je sais qu'il a raison, je devrais arrêter de m'en vouloir, mais c'est tellement important pour nous de pouvoir construire notre famille. Je vois bien que Devon fait tout ce qu'il peut pour m'aider et moi, je le repousse constamment.

Je quitte ma chambre uniquement pour aller travailler et aller chez Maya voir Sydney. Il est le seul qui arrive à me faire sourire. Je me sens mal par rapport à Devon, je vois bien qu'il ne sait plus quoi faire pour que je redevienne la Kyara d'avant.

Aujourd'hui, c'est mon jour de repos et comme à mon habitude, je suis enfermée dans ma chambre depuis hier soir. Je viens de finir d'écrire la lettre adressé à mon bébé. Le psychologue pense que ça peut m'aider à avancer. Je prends une profonde inspiration et commence ma lecture.


Mon cher bébé,

Ça fait plusieurs heures que je suis réveillé, plusieurs heures que je fais face à la dure réalité qui vient de frapper notre couple. Je suis allongé sur ce lit d'hôpital, entouré de ses murs blancs, froids, dépourvu d'émotion, et tenant fermement la main de ton père dans la mienne. Mes larmes n'ont pas cessé de couler le long de mes joues depuis que le médecin est parti. Je n'arrive plus à regarder Devon, je vois bien que son cœur est brisé comme le mien, il essaye de faire bonne figure devant moi tout en essayant d'apaiser ma douleur. Je ne sais pas comment je peux faire pour guérir cette peine, cette douleur qui vient de s'immiscer au plus profond de mon être.

Je comprends à ce moment-là, le chagrin presque insupportable, vécu par beaucoup de couples, et dont peu de personnes parlent. La perte d'un enfant est un deuil compliqué, voire presque impossible à faire. Je sais pertinemment que je ne suis pas la seule à vivre avec cette douleur, et je ne serais pas la dernière. Pourtant malgré le caractère commun de cette douleur, la conversation reste taboue en perpétuant un cycle de deuil solitaire.

Mon bébé, je t'écris du monde des vivants où tu aurais dû venir. Je voulais d'abord te dire que j'étais si heureuse quand j'ai su que tu avais décidé de venir nous rejoindre. Je voulais que tu saches que pendant ces semaines passées avec toi, j'ai appris à t'aimer dès la première seconde, aimé que tu sois dans mon ventre, que tu grandisses doucement. Ta perte a laissé un vide immense en moi, je ne suis plus capable de rien. J'aimerais que tu reviennes dans mon ventre, que tu reprennes ta place. Tu étais tellement désiré, tellement attendu par ton père et moi. Tu n'étais pas très gros, mais tu prenais déjà une place immense dans nos cœurs.

Je t'aime mon bébé, je voudrais que tu reviennes, je t'en prie, tu me manques, je suis désolée de ne pas avoir pu te garder avec moi, je m'en veux. Je me dis que j'ai surement fait quelque chose de travers pour que les choses se passent ainsi.

Pardonne-moi de ne pas pouvoir te serrer dans mes bras ni de savoir quels traits physiques tu aurais pris de ton père ou de moi. Je t'aime et je t'aimerais toujours. Tu occupes chacune de mes pensées tous les jours à chaque instant.

Ta maman qui t'aime, petit ange.



La porte de la chambre s'ouvre sur Devon, qui s'assoit à côté de moi sur le lit. Je plis la lettre précipitamment, je ne veux pas qu'il la lise, et me focalise sur mes doigts, j'ai du mal à le regarder en face en ce moment.

Hope, Love, Secret... Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant