Ensemble ▹𝑁𝑒𝑤𝑡𝑚𝑎𝑠◃

Chap 9

À peine furent ils entrés dans la maison en fête, que la musique forte, l'éclairage tamisé que donnait le soleil qui se couchait derrière une baie vitrée parfaitement transparente, et l'odeur de l'alcool qui avait déjà commencé à couler, envahirent les sens des trois amis qui s'étaient arrêtés sur le perron pour se débarrasser de leurs manteaux.

Gally leur tomba dessus, bière à la main, pour leur dire de faire comme chez eux, de se servir et après une tape amicale sur l'épaule de Minho les laissa pour retourner danser avec les dizaines d'autres lycéens qui se trémoussaient déjà au milieu du salon.

Thomas balaya du regard la scène qui se passait devant ses yeux, le couloir dans lequel ils avaient laissé leurs manteaux débouchait sur une grande pièce tout de blanc carrelée, dont la baie vitrée donnait sur un jardin à la pelouse régulière et à la piscine bâchée. 

Leurs camarades de classe s'étalaient déjà un peu partout, depuis l'escalier menant à l'étage et aux chambres, en passant par le canapé où étaient déjà en train de s'embrasser des couples, jusqu'au coin cuisine dont le bar était jonché de bouteille d'alcool, et où Thomas remarqua la tignasse blonde, de Newt en train d'entamer une bouteille de whisky.

Ce dernier se retourna et croisa le regard bleu que le brun avait posé sur lui, avec un sourire sarcastique, leva son verre à l'adresse du garçon avant de descendre d'une traite le liquide ambré et d'en remplir à nouveau son verre. Il était sérieux en disant vouloir s'amocher, et à ce rythme Thomas espérait que son blond tenait bien l'alcool, la soirée ne faisait que commencer.

La lueur crépusculaire céda peu à peu sa place aux pâles reflets argentés de la lune, en même temps que dans la maison, les trois amis s'étaient détendus, les verres d'alcool qu'ils avaient ingurgité catalysant leur intégration au groupe de lycéens. Thomas dansait -sautait en rythme- en chantant plus ou  moins les paroles de la chanson en train de passer,  ses amis en face de lui, bondissant en rythme, tout en secouant leurs cheveux et leurs fronts où la sueur de l'effort commençait à perler.

Il releva la tête pour faire face, souriant, à ses partenaires de danse, lorsqu'entre les deux épaules mouvantes de Minho et Térésa, il aperçut une vision qui fit fondre son sourire comme le soleil l'aurait fait d'une boule de neige.

À quelques pas de lui, au milieu du salon, le blond qui hantait ses pensées s'était mis à danser, abandonnant la table couverte de boisson où il avait stagné tout le début de soirée. Cette vision de Newt se déhanchant aisément aurait pu ravir Thomas, si devant l'objet de ses pensées ne se tenait pas une fille de terminale, collée à lui de bien trop près.

Minho avait tourné la tête en voyant l'expression de son ami changer.

"Peut-être qu'ils sont juste amis... Ou elle essaie de le draguer ? " tenta-t-il maladroitement de consoler le brun déconfit, qui se décomposa encore plus lorsque, non satisfaite de remuer contre le bassin de Newt son postérieur, la callipyge (nb. se dit d'une personne qui a de belles fesses) attrapa le visage du lycéen pour l'embrasser d'un un baiser sensuel qu'il lui rendit.

"Amis hein ?" bougonna Thomas en se détournant de ses amis pour aller prendre au blond la place qu'il avait laissé devant le bar jonché d'alcool et d'ados ivres.

Il se servit un verre de la première bouteille qu'il put attraper et grimaça en buvant cul sec son verre de vodka. Pas assez amoché, il s'en servit un autre puis un autre encore, mais à son grand dam il tenait l'alcool et ne parvint pas à se flouter assez la vision pour échapper au spectacle de la fille, traînant par la main Newt vers les chambres du premier étage, lui murmurant à l'oreille et propageant dans la pièce un rire qui sonna aux oreilles du brun comme le gloussement malsain que font les hyènes dans Le roi Lion, lorsqu'elles encerclent Simba.

Thomas avait abandonné son verre pour boire directement à la bouteille. Il tituba vers ses amis qui s'étaient approchés de lui d'un air préoccupé, à qui le manège du blond et de sa muse n'était pas non plus passé inaperçu.

"Thomas.... Tout va bien ?" demanda Térésa d'un air tourmenté.

- Bien sûûûr... Comment pourraiçe pourrès putaiin, jura-t-il excédé de ne pouvoir aligner correctement ses mots, pourquoi j'irai mal ?" se rabattit il à sortir, en s'agrippant aux épaules de ses amis d'un air très peu sobre.

- Tu sais... On l'a vu aussi.. Tu me le diras si tu veux rentrer à la maison hein ?

- T'inquiète toi.. Euh pas. Je gère la fougère !" s'exclama-t-il avant d'éclater de rire et de boire encore de grande gorgée d'alcool.

- Si justement je m'inquiète, rétorqua Minho, tu te mets dans tous tes états à cause de Newt et il est hors de question qu'il te fasse du mal, alors si tu veux te tirer de là à cause de ce connard qui joue avec toi, tu me le dis et on se casse.

- Oula, ça fait beaucoup de mots, s'étonna presque Thomas en relevant la tête vers son ami dont la tirade avait fait stopper l'éclat de rire intempestif. Ah j'ai besoin d'aller aux toilettes, annonça-t-il soudain, pardon !"

Il se fraya un passage entre les corps enlacés jusqu'au cabinet d'aisance le plus proche, mais il était fermé et les bruits suspects qui s'en échappaient suffirent à décourager Thomas d'attendre son tour.

Il se précipita alors vers l'escalier pour aller à celles du premier, et y vomit tout l'alcool qu'il avait ingurgité. Il resta un bon moment penché sur la cuvette des toilettes. Cette remontée l'avait fait décuver bien trop vite à son goût... Il n'avait rien d'autre dans l'estomac que de l'alcool, et après avoir vomi, n'avait donc plus rien. La faim arriva et acheva de le dessoûler. Il releva la tête et se dirigea vers le lavabo. Il se rinça le visage et la bouche puis s'efforça de mettre de l'ordre dans ses cheveux que les événements avaient décoiffés.

Alors qu'il remettait en place une dernière mèche, des éclats de voix retentirent dans le couloir. Le brun se figea en reconnaissant celle pâteuse du blond qu'il aimait, recouverte par le timbre puissant et offensé de la fille qu'il avait ramenée dans sa chambre.

Cela suffit à Thomas pour se précipiter vers la scène, sans penser à ce qu'il aurait à dire ou faire, seulement conduit par une certitude.. Le blond, son blond avait besoin de lui.