Chapitre 10 : L'apparence de la mort

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MONTERO (call me by your name), Lil Nas X


Allais-je mourir cette nuit ?

Cette question, j'espérais me la poser bien plus tard, lorsque je vivrais à un âge avancé, ayant fini tout ce que j'avais entrepris. Mais il semblerait que comme toujours, je manque de temps devant moi.

Je faisais face à ce loup, et je sentis cette pression sur ma poitrine si caractéristique. Celle que l'on ressens lorsque la réalité est cruelle, mais si improbable que nous ne pouvons l'imaginer. Notre cerveau s'interroge encore, ceci ou cela est-il réel ? Et moi, une seule question trotte dans ma tête, en ce moment où je reste à peine lucide avec ce qui se trouve sous mes yeux. Vais-je mourir ce soir ? Tout ça va-t-il finir ainsi ?

Un loup, passe encore. C'était prévisible, puisque nous en avions entendu quelques minutes plus tôt. Je repense à Léa, qui est à quelque centaines de mètres de moi, et qui ne retrouvera pas son cousin à la levée du jour. Qui sait, peut-être est-elle morte elle aussi ? Dévorée par ce loup. C'est elle qui m'a entraîné là dedans après tout. Elle m'avait affirmer être venue ici plusieurs fois, la nuit de surcroît, et avait de çà et là entendu quelques hurlements, mais sans voir aucune bête.

Avec ce que j'avais sous les yeux, je comprenais que la bête en question n'avait aucune envie d'être aperçue. Le loup devant moi faisait la taille d'un cheval. Gigantesque, sa tête devait faire la taille de mon dos et frôlait les branchages. Ses crocs, ou du moins ses canines, étaient massifs. Ses yeux luminescents, véritable brasiers nocturne, avaient de la taille d'une balle de golf. Mon regard descendait lentement, détaillant involontairement la créature face à moi. Je voyais sa fourrure, d'un brun chocolat éclairée par le clair de lune. Ses pattes étaient larges, puissantes, et prêtes à bondir à la moindre occasion. Avais-je oublié de préciser que je n'avais pas bouger d'un pouce depuis son arrivée ?

Mon attention dériva sur ses griffes, aiguisées, ancrées solidement, ressemblant à des couteaux incrustés dans sa chair. Sa queue, fournie et hirsute, oscillait dans un mouvement de balancier, fouettant l'air avec frénésie. Les loups ne remuaient-ils pas la queue quand ils étaient heureux ? Mais est-ce vraiment un loup ? Un tel monstre est irréel. Un grognement émanait de sa gorge comme le roulement du tonnerre, alors qu'il se rapprochait de sa démarche lente et assassine.

J'avais en tête de me saisir de mon téléphone pour appeler Léa. Il se trouvait dans ma poche arrière. Mais rien ne se produisit, j'étais comme paralysé. Crier était-il une meilleure option ? J'en doute. Même si ma cousine n'était pas très loin, j'avais 100 fois le temps de me faire dévorer avant son arrivée, et de toute façon, je suis sûr de ne pas en être capable Que puis-je faire alors ? Si ce n'est rien, et attendre la mort.

Il se rapprochait toujours plus, brisant fatalement la distance qui nous séparait l'un de l'autre, qui me séparait moi du trépas. Le temps semblait se suspendre dans son court, mon échine vibrait de mille frissons.

Puis il s'arrêta, la gueule à un mètre de mon visage. Je voyais son museau humide palpiter, captant les odeurs aux alentours, ressentant ma peur. Ses pupilles, fentes noires au milieu de ses yeux, frémissaient d'excitation.

Ses épaules bougèrent. Il tendait le cou, allant à l'encontre de mon visage. Dans un réflexe des plus naturels, mais des plus inutiles, je fermai les yeux. Son souffle brûlant me percuta, je le sentais clairement se déposer sur mon épaule, puis mon cou, mon menton, et enfin mon front. Je devais trembler de la tête au pied, mes épaules se soulevaient à un rythme effréné, preuve de ma respiration irrégulière, mon cœur tentait de sortir de ma poitrine. Je pouvais mourir sans qu'il me touche, tant la terreur prenait possession de moi. La crise cardiaque n'était pas loin, et cette mort-ci, étonnement, me réfutais plus que la première.

ALPES - Tome 1 - L'éternité et l'au-delà.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant