ALPES - Tome 1 - L'éternité et l'au-delà.

chapitre 9 : Intrusion désirée

Disturbia,  Rihanna.

- Allez mon pote, ça devient ridicule.

J'étais devant mon téléphone depuis une bonne demi-heure sans bouger, attendant un possible appel de sa part. Posé sur notre bureau, le petit appareil semblait me narguer, sachant pertinemment mes espérances. Wilson tentait vainement de me faire entendre raison.

- Tu sais bien qu'il ne t'appellera pas, ou du moins pas aujourd'hui ! Tu lui a filé ton numéro il y a une heure à peine, et il te déteste.

- Wil'... arrête ça tu veux ? Intervint Mike le regard lourd de reproches.

Je savais que mon frère disait cela dans une bonne intention, mais il ne peut pas comprendre, lui qui n'est pas imprégné, la frustration que cela engendre. J'aurais aisément souhaité ne pas entendre ses dures paroles, qui rappelaient à mes oreilles une réalité trop difficile à admettre. C'est pour ça d'ailleurs, que je lui avait donner un moyen extérieur à la faculté pour se contacter. J'avais l'espoir que si nous parlions en dehors du domaine des cours, là où la pression des cursus se faisait moins présente, nous pourrions repartir sur de bonnes bases.

Mais j'ai comme l'impression que lorsqu'une idée entre dans l'esprit de Nathan, elle y reste ancrée pour un certain moment. Il est têtu, pire qu'un louveteau.

Mon camarade souffla, désolé de la scène qui se déroulait sous ses yeux.

- Vient te baigner, ça te feras du bien de courir un peu avant.

- Allez-y sans moi, je ne quitte pas le téléphone.

- Oublie ça un moment, et viens te détendre bordel...Ça me rend malade de te voir ainsi.

- Wilson a en parti raison, déclara Mike. Tu dois te reposer, tu prends la chose trop au sérieux, il faut que tu te relaxe l'esprit, ou tu n'y verras plus clair bien longtemps.

Les vielles histoires que l'on m'a raconté lors de mon arrivée refirent surface, et je repensai alors à tous ces loups dont l'esprit avait fini consumé par le désir...

Je campai tout de même sur mes position, refusant d'un signe de tête.

- Ok, alors voila ce qu'on va faire. Tu vas prendre ton sac pour y ranger ce foutu téléphone, et tu l'emporte jusqu'au lac pour avoir un œil dessus. C'est bon pour toi ?

- Flemme de courir avec un sac dans la gueule, marmonnais-je.

Mike sembla se tendre un instant, réfléchissant à une option qui ne l'enchantait guère.

- Alors tu viendras en forme humaine, et tu monteras sur mon dos.

Je cessai de fixer l'appareil, écarquillant les yeux suite à la proposition de mon ami. Ce genre de manœuvre, c'est à dire chevaucher un loup, était en quelque sorte une humiliation pour ce dernier. Quelque chose que l'on accorde qu'à ses proches amis, en dernier recours.

- T'es sûr ?

- dépêche toi avant que je ne change d'avis, poursuivait-il en retirant son t-shirt.

Wilson fit de même, ravit d'aller se dégourdir les pattes, et sûrement de pouvoir assister à une telle scène. Empoignant rapidement mon sac, j'y fourrais mon petit appareil, descendant par la fenêtre l'instant suivant.

Mike m'y attendais déjà, son loup gris imposant me jetait un regard en biais, attendant mon arrivée d'un air peu patient. À l'ombre des arbres, je grimpais sans mal sur le dos de mon ami qui grogna d'inconfort. Wilson aussi s'était métamorphosé, et de petit jappement sortait de sa gorge, traduisant son amusement. Sans attendre un instant de gêne supplémentaire, mes deux amis foncèrent hors du jardin. Je pouvais ressentir l'air frais me fouetter le visage, me laissant tout doucement évacuer la pression.