Chapitre 1 : Présentation au zénith

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Summertime sadness, Lana Del Rey


Le soleil pointait à son crépuscule. Ses rayons d'or se diffusaient sur la surface du lac, le couvrant d'un millier de reflets orangés crépitants au gré des mouvements de l'eau. La chaleur était étouffante, une odeur d'herbe sèche occupait les environs. 

Allongé non loin de la berge, ma veste préalablement retirée pour me servir d'oreiller, je profitais, les yeux fermés, de mes dernières heures de repos. L'astre incandescent presque couché, teintait le ciel d'un arc-en-ciel de couleurs, variant d'un jaune ocre au rose pâle. Le bruit des sauterelles, cet incessant crissement qui constituait la seule barrière au silence, berçait mes pensées. 

En face de moi, découpant le ciel de leurs arrêtes rocheuses, les Alpes se dessinaient à l'horizon, bientôt dissimulées par l'avancée de la nuit. Couvertes de verdure et d'arbres qui viraient progressivement à leur robe d'automne, la haute chaîne de montagne encerclait en grande partie ce lac d'un bleu sombre. Désigné comme étant trop profond pour les baignades, et trop éloignés des sentiers de randonné, ce petit paradis était désert en permanence. De mémoire, je n'y ai jamais croisé personne. Enfin, personne d'autre que mes frères.

Ma quiétude toucha à son terme lorsque la faim se fit sentir. C'est vrai, il est déjà 19 heures passé, et je n'ai pas encore mangé. Une libellule aventureuse bourdonnait autour de mon nez, m'empêchant de garder les yeux clos plus longtemps. Le petit insecte, d'un bleu métallique, planait dans des battements d'ailes frénétiques, tantôt près du sol, tantôt décrivant des cercles dans une trajectoire paraissant incontrôlée. Je ne pus m'empêcher de jalouser cette animal qui était certes, insignifiant comparés à d'autre, mais qui lui pouvait voler. Pourtant, moi aussi, je peux faire plein de choses.

Des bruits de pas étouffés par les hautes herbes se firent entendre. Quelques secondes plus tard, je perçu le souffle saccadé et puissant de Mike, qui se frayait un passage parmi les arbres sinueux pour me rejoindre sur la berge. Je me redressai pour mieux lui faire face, tandis qu'il émergeait des fourrés. Lorsqu'il me vit, un sourire prononcé se dessina sur son visage. Sa tête blonde et ovale, perchée sur son corps élancé dodelinait de contentement. Plaçant sa main en abat-jour, il ricana de manière satisfaite. Le connaissant, il avait parié avec Wilson qu'il me trouverait en premier.

- Je savais que t'étais là, se contenta t-il de clamer avec son air victorieux si caractéristique.

Tout en reculant à l'ombre des sapins, il reportait son attention sur le lac, une énième fois abasourdi par la beauté de cet endroit.

Me relevant complètement, j'entrepris de remettre chaussures et chaussettes pour le rejoindre sous les pins. M'apostrophant d'un regard plein de vitalité, il enchaîna avec un ton plus sérieux.

- On mange, le boss m'a demandé d'aller te chercher.

- il a dit quelque chose d'autre ? M'empressais-je de demander.

Un légère expression de pitié traversa momentanément le visage de mon ami. Hochant la tête par la négative, il m'informa que ma demande avait été rejetée. Poussant un léger grognement, je repartis immédiatement en direction de notre chalet. Mike, marchant à mes côtés, repris la parole.

- Aller, fais un effort. Je sais que pour toi c'est pas marrant. Mais tu verras que dans quelques années, tu seras heureux d'y aller, ça te semblera moins... comment dire ? Repoussant ?

- Parles pour toi, répliquais-je. Je déteste la fac. Je ne sais même pas pourquoi nous sommes encore obligés d'y aller.

- Parce que les gens de notre âge y vont tous. Répondit-il du tac au tac. En plus, tu n'y es jamais allé.

ALPES - Tome 1 - L'éternité et l'au-delà.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant