Chapitre 39 : Les limbes

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La terre ferme, Luke


Avouons-le, tout était trop beau pour être vrai. Orchestrer une disparition sans accroc relevait du miracle, mais étrangement, le problème n'était pas là. Il était prévisible pourtant, mais je m'étais trop reposé sur cette sécurité aveugle, je n'avais rien vu venir.

Souvent, avant tout cela, je m'étais demandé : Comment allais-je mourir ?

Depuis ma rencontre avec Christopher, pas une seul fois je m'étais interrogé la dessus. Il faut croire que je ne voulais pas découvrir la réponse.

Mais la mort avait bien l'apparence que je lui avait assigné.

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L'après midi filait à une vitesse exécrable pour mon bonheur. Chaque minute passée loin de lui commençait à se faire sentir, à un tel point que cela en devenait cliché. Mais je ne pouvais rien faire pour y empêcher. À mesure que le temps passait en sa présence, je m'y attachais encore un peu plus.

Encore un peu, et il allait me convaincre d'aller à ce stupide bal dans une semaine. J'atteignais la majorité dans quelques heures, et ma patience s'amenuisait trop vite. Il n'y avait donc rien à faire dans ce maudit chalet ? J'avais déjà arpenté chaque pièces, les retenant par cœur et ce pour aucune raison spécifiques. 

J'avais aussi grandement avancé mon projet d'art appliqués. Il ne me restait plus qu'à le rendre à mon retour à la fac, espérant qu'il serait toujours accepté malgré les circonstances. J'avais même consulté internet à la recherche d'un nouveau téléphone abordable pour mes moyens.

Bref, je n'avais rien à faire. Il restait quelque membres de la meute, mais aucun ne semblaient être prit dans une sérieuse activité. Je proposai mon aide à Marcus pour la préparation du repas de ce soir qui avait déjà débutée, mais il me fit comprendre que préparer ce repas à temps nécessitait une rapidité uniquement acquise par les loups. En d'autre termes, il fallait que je m'occupe tout seul.

Alors, l'air se faisant tout d'un coup moins respirable, je pris la décision de me promener dehors. Je suivais les arrêtes irrégulières du mur en pierre bordant le jardin, rencontrant aux alentours plusieurs loups étendus dans l'herbe, faisant leur sieste. Ne voulant les déranger, je m'éloignais. Comme je n'avais visité la forêt supérieur qu'en coup de vent (lorsque nous nous y étions caché avec Chris hier), je la pris comme destination.

Le soleil flambait, c'était un jour chaud parmi les humides d'automnes. Le 7 octobre m'était décidément chaleureux. Un bloc note en main assortit d'un crayon papier, j'avais pour projet de faire quelques croquis. Angela me dépassait largement dans la représentation du monde floral, je comptais bien l'impressionner à mon retour.

J'avançais vite, dessinant ce que je voulais en guise de repaires pour retrouver le chemin : un arbre tordu, une fleure jaune d'une espèce qui m'étais inconnue, un petit ruisseaux qui coulait en contrebas.

Je me surpris même à profiter de cette balade, le temps passais si rapidement que le soleil était presque derrière les montagnes.

La montre à mon poignet indiquait 18h, l'heure d'aller manger. Mon estomac poussant de bruyantes plaintes, je pris la décision de rentrer. Mais c'est alors que je distinguais une silhouette au milieu des arbres, à mi-chemin entre la clairière qui me séparait du chalet. Je ne pouvais certifier de qui il s'agissait, mais sa stature me confirmait qu'il faisait parti de la meute. Puis, il fit quelques pas vers moi, il boitait.

Je reconnu alors ce type, Dorian. Il était seul, vêtu d'un short, les poings serrés. Les paroles de Chris me revinrent à cet instant, il s'était battu avec lui quelques jours auparavant, d'où sa démarche peu assurée et sa cicatrice encore fraîche sur le mollet droit. Une sort de vide m'emparai, comme si la gravité s'était intensifiée en un instant. J'étais en danger, car ce type partait sans arrêts du chalet. Personne n'allait soupçonner son absence lors du repas...

ALPES - Tome 1 - L'éternité et l'au-delà.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant