quatre

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NOVA

J'étais là, en salle B207, un PC allumé juste devant moi. Je ne pouvais pas bouger, attachée sur la chaise en bois par des chaînes.

- Tu es complètement stupide, Nova.

Il a ri, Monsieur Blane. Madame Arnaud aussi, Monsieur Blanchard, Petit, Martin, Dubois... Madame Remy, Leveque, Perrier, Carpenter, Moulin, Riviere, Joly, Klein, Aubert...

Ils étaient tous là, ils riaient de mon idiotie. Et moi, je faisais face comme je pouvais aux questions de l'épreuve.

- Ben alors Mademoiselle Menier, répondez enfin.

Quelqu'un a posé ses mains autour de mon cou puis a commencé à serrer. Je ne pouvais plus respirer.

- Ce n'est pas compliqué, il te suffit de réfléchir. Oh, pardonne-moi, j'avais oublié que tu en étais incapable.

- Tu n'es qu'une garce.

- Je ne comprends pas votre mère, elle aurait mieux fait de vous abandonner.

- Seules les salopes font des gamins aussi sots.

Et ils ont ri, tous en même temps, alors que je tentais de me libérer. Je ne pouvais pas crier, le sang cognait contre mes tempes et un sifflement bien trop aiguë me transpercait les tympans.

- Vous ne valez rien, Madoiselle Menier.

- Votre mère doit avoir pitié de vous.

Ils n'avaient pas le droit de l'insulter, pas le droit de la rabaisser.

- MA MÈRE VAUT BIEN PLUS QUE VOUS TOUS, BANDE D'ENFOIRÉS !

Ma professeur d'histoire de cinquième a pris une copie en main.

- Oooh, je n'aime pas du tout ces mots là. Je vais vous enlever quelques points. Votre regard ne me plaît pas non plus. Moins deux. Et vos vêtements ? Vous pensez avoir de la classe ? Vous n'êtes rien.

Un homme en costume Iron Man est arrivé, comme pour me sauver de leurs griffes. Il s'est approché de moi, a enlevé son masque et m'a dévisagée.

- Quelle horreur, heureusement que tu n'es pas trop laide, toi qui est déjà complètement abrutie.

Il s'est tourné face à mes professeurs et s'est écrié en riant :

- Cette enfant pitoyable n'est pas la mienne ! Quelle honte !

Je ne pouvais rien faire. Rien du tout. Ils avaient raison après tout.

J'ai ouvert les yeux, en larmes, dans le grand lit de la chambre d'hôtel. Respirer me faisait mal et leurs mots continuaient de tourner dans ma tête. Roulée en boule, je voulais juste n'avoir jamais existé.

Quatre heures sept. J'étais calmée et l'oreiller tout mouillé. J'ai inspiré un grand coup et ai marché jusqu'à la salle de bain où je me suis lavé le visage. Eau chaude. Eau froide. Eau chaude. Eau froide. Eau chaude. Eau froide. Eau chaude. Eau froide. C'était ce qu'il fallait faire si je ne voulais pas avoir les yeux gonflés.

De retour dans l'immense chambre, j'ai pris mon portable et j'ai hésité durant de longues minutes face au contact de Madame Rondin.
Non. Elle était sûrement occupée, sûrement en cours. Et puis je ne pouvais pas la déranger pour si peu. Ce n'était rien. J'ai soupiré et suis retournée me coucher, la fatigue se faisant tout de même ressentir.

***

Mathilde se trouvait sur un banc, le visage pâle et les yeux rougis.

- Matt' ?

- Va-t-en. Je te déteste.

Je n'ai rien dit, sachant déjà ce qui allait se passer.

- Je ne veux plus qu'on reste ensemble. Tu ne fais jamais d'effort.

- Je suis désolée, je t'assure que- je t'assure que je vais-

- Ça suffit. Tu ne comprends rien. Tu n'as pas de sentiments bordel ! Tout ce que tu sais faire, c'est avoir le visage fermé et être en colère. Je te dis tout pour qu'il n'y ait pas de silence entre nous. Je te raconte même les choses les plus insignifiantes puisque tu ne parles pas. Tu ne le dis jamais que je fais du bon travail ! Tu ne me dis jamais que tu tiens à moi ! Tu ne me dis rien, Nova. Rien ! J'en ai marre putain, j'en ai marre !

- Je suis désolée Mathilde, je ne voulais pas te blesser...

- Mais c'est ce que tu as fait. C'est tout ce que tu fais à mon égard de toute façon.

Elle a commencé à disparaître et en quelques secondes, elle n'était plus là, me laissant seule et à genoux sur les graviers.

Pour la seconde fois de la nuit, je me suis réveillée, le corps tremblant et transpirant.
Il était quatre heures cinquante huit.


JEONGIN

- Bonjour Nova !

- Bonjour Felix ! Bonjour les garçons !

Nova est entrée dans le van en nous saluant à tour de rôle. Elle avait l'air fatiguée. Je lui donné un petit coup de coude lorsqu'elle s'est assise à ma droite et lui ai silencieusement demandé si ça allait.

- [silencieusement] Nickel, t'en fais pas.

« Ne t'en fais pas », « Ne t'en fais pas »... Elle était marrante, elle. Je n'étais pas un monstre, je me préoccupais un minimum des sentiments des autres.

Elle a baillé et fermé les yeux trente secondes avant de les ré-ouvrir, de secouer la tête et de tenir ses paupières avec ses doigts. On a beaucoup ri d'elle et un sourire est apparu sur son visage fatiguée.

***

- Nova ? Tu restes dormir ici ce soir ?

- Si ça arrange Chan, oui.

Pour déconner [Stray Kids]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant