dix-huit

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Je fixe le vide, incapable de penser à tout ce à quoi je devrais penser mais ne voyant qu'une chose : lui. 

- Madam ?

Je tourne la tête et regarde à l'avant du taxi.

- Pardon, je dis. Je n'avais pas vu.

Le chauffeur me sourit et me dit que ce n'est rien. Je paye puis quitte le véhicule. Me voilà devant leur nouveau bâtiment.

J'inspire profondément, me forçant à rester calme tandis que mes doigts serrent le papier qui emballe les fleurs. Ça va aller Nova, tu peux le faire. J'entre dans le hall, l'homme à l'accueil me remarque et me fait signe de venir le voir. Je le reconnais, il travaillait en alternance dans l'ancien building.

- Bonjour Mademoiselle.

Je lui réponds, à moitié ailleurs, mon cœur battant beaucoup trop vite. C'est rare que je stresse autant...

- Moi je vous ai reconnue mais les gardes du corps vous arrêteront dans deux couloirs, la sécurité ayant été renforcée pour protéger les artistes. Prenez ce badge. Au fait, septième étage, salle trois.

Il me tend un carton rangé dans un petit truc en plastique. Il y a un visage flou et quelques écritures en coréen et en anglais.

- Merci beaucoup, je vous revaudrai ça, je lui dis.

- Pas de soucis, allez le voir, vous pouvez le faire !

Je ne relève pas le fait qu'il semble savoir beaucoup trop de choses à mon sujet et retiens simplement son soutien. Je souris timidement et me dirige vers les ascenseurs.

Ma gorge est serrée et un goût très désagréable remonte de mon estomac. Je tremble et me mords nerveusement la langue alors que les tiges qui composent le bouquet que je tiens doivent être toutes écrasées.

Mon corps se dirige automatiquement vers la salle 703. Je toque et entrouvre la porte. Il est là avec Seungmin, Changbin et Felix, autour d'une table. Les quatres relèvent la tête et me regardent surpris. J'hésite à partir puis vois Seungmin se lever et tirer Changbin vers la sortie. Felix ferme totalement les stores puis suit les deux autres, me tapotant au passage l'épaule pour me souhaiter bon courage.

Nous restons tous les deux sans rien dire pendant plus de deux minutes.

- Jeongin, j'annonce, la voix tremblante.

Il lève les yeux, qu'il gardait jusqu'à présent rivés sur la table, et les re-baisse aussitôt.

- Je suis désolée et...

Il ne dit rien mais me regarde. Je pose les fleurs sur le meuble qui nous sépare.

- J'ai été une vraie garce cette fois-ci. Je ne t'ai pas laissé l'occasion de t'expliquer alors que... que tu avais une très bonne raison. J'ai fait n'importe quoi et j'en suis vraiment désolée.

Ses yeux brillent, je crois que nous allons tous les deux pleurer.

- Noba je...

Il laisse sa phrase en suspens.

- Tu...?

- Je suis celui qui a gâché ce qu'il y avait entre nous le premier. Je t'ai quittée d'une manière affreuse et pour des raisons qui ne sont pas acceptables alors que tu as toujours tout fait pour que je me sente bien. Mais...

Je ne dis rien, il reprend :

- Mais tu m'as vraiment blessé. Tu es insaisissable Noba. À chaque fois que j'essaye d'être près de toi, tu fuis, tu te volatilises. C'est comme si tu réduisais tous mes efforts à néant à chaque fois.

J'acquiesce, sentant mon cœur se briser.

- Jeongin.

Une larme coule le long de ma joue, une seconde la rejoint.

- Jeongin, je t'aime. Je suis vraiment désolée. Je voulais juste venir m'excuser. Et si c'est impossible qu'on devienne un jour amis, plus tard, je préfère que tu me le dises.

Il ne dit rien. Je m'apprête à partir mais j'entends sa chaise reculer.

- Je ne veux pas être ton ami Noba. Jamais.

J'essuie mon visage comme je peux. Et commence à sortir.

- NOBA PURÉE ! RESTE !

C'en est trop pour moi, j'éclate en sanglots et je ne sais même pas pourquoi.

- Tu es la première à dire qu'il faut assumer ! Tu es celle d'entre nous qui a la plus grande gueule et qui l'ouvre quand il faut mettre les choses au clair alors reste !

Il a raison mais je me sens tellement faible actuellement.

Je le sens s'approcher de moi et tirer sur mon pull pour le faire reculer.

- Noba, je t'aime aussi andouille. Depuis ton premier matin en Corée. Je ne veux pas être ton ami puisque je n'ai jamais voulu l'être.

Je me tourne enfin vers lui et découvre son visage tout mouillé. J'ose, doucement, poser mes mains couvertes par mon sweat sur ses joues. Il ne repousse pas et me regarde dans les yeux.

- Et tu ne pouvais pas le dire plus tôt, andouille ?

Et, sans que je m'y attende réellement, il me prend dans ses bras et me serre contre lui comme si sa vie en dépendait.




• on approche de la fin :)
• un petit vote ou un petit commentaire fait toujours plaisir
• la fin des embrouilles, ça me brisait le cœur de les savoir en froid tous les deux

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