CADELL

Deuxième chapitre

« - Beren-au-passage, noté. »

Je soufflais rien qu'à l'idée de devoir jouer les guides touristiques. C'était clairement une punition pour avoir manqué je-ne-sais combien de jours de travail et m'être battu comme un débutant quelques heures plus tôt. Mais ce n'était clairement pas ce genre de corvée qui allait me donner envie de revenir plus souvent.

Les collègues que nous avions perdus sur le terrain étaient automatiquement remplacés par de nouveaux, comme s'ils n'avaient jamais fait partie de l'équipe. Comme s'ils n'avaient jamais compté pour personne. C'était notre destin à tous.

- Ça ne te ferait pas de mal de sourire, tu devrais essayer.

La nouvelle, j'imagine. Une jeune femme à la chevelure rousse presque flamboyante, qui ne devait probablement pas être plus âgée que moi.

- Et ça ne me fera aucun bien non plus, donc je n'en vois pas l'intérêt.

Je n'étais pas exécrable qu'avec elle. Ces derniers temps, je l'étais avec tout le monde.

- Et bien, j'imagine qu'ils ont dû se tromper de personne lorsqu'ils ont dit que tu étais le boute-en-train de l'équipe.

Je ne pris pas la peine de lui répondre, avançant dans une direction au hasard. La couleur de ses yeux me perturbait. Ils étaient verts. Une couleur que je ne connaissais que trop bien.

- La salle de combat, l'informai-je d'un ton neutre.

C'était une grande salle couleur terre, recouverte de tapis au sol. On pouvait y trouver toutes sortes d'équipements et armes différentes, telles que des lances, des arcs et une panoplies d'arsenaux consacrés aux entrainements.

Je continuais la visite et m'arrêtais devant des portes blindées.

- La salle de tire.

Savoir utiliser un pistolet était primordial pour notre division. Chaque département comptait deux divisions, qui elles-mêmes comportaient plusieurs équipes de seize personnes. Tous départements confondus comptaient vingt-quatre équipes. Ce qui faisait quatre-vingt-seize individus au total.

Il y avait ceux qui relevaient des échantillons dans un but scientifique, ceux présents pour négocier des traités politiques et échanges commerciaux et ceux présents pour combattre. Trois départements pour un seul but; le contrôle.

- La salle de repos, continuai-je sans m'arrêter.

- J'aimerais en savoir plus sur cette salle. On m'a dit qu'elle était spéciale.

Je m'arrêtais en soupirant.

En effet, il y avait ce qu'on appelait des bains réparateurs, conçus pour nous régénérer et nous purifier. Quelque chose de ce genre. Il y avait également une pièce, blanche comme neige, avec un siège en son centre. J'ignorais au détail près quel en était le fonctionnement mais un quart d'heure assis dans cette pièce pouvait éradiquer toutes sortes de maladies. C'était révolutionnaire.

Après de très brèves explications - je n'allais certainement pas y passer des heures -, je poursuivais la visite guidée jusqu'au sanctuaire, également appelé « porte des étoiles ». C'est par là que se réalisaient nos sorties.

- Le sanctuaire.

- Sans blague.

Je ne relevais pas. La nouvelle, dont j'ignorais encore le nom, était visiblement agacée par mon comportement. Et ça ne me faisait ni chaud ni froid.

- Pour les questions tu verras ça avec Adiel.

- C'est toi qui est censé y répondre, me fit-elle sèchement remarquer.