« - Il n'y a ni gentil, ni méchant. »
Je grognais tout en enfilant la combinaison de combat. Elle était initialement de couleur gris foncé mais pouvait s'adapter au lieu dans lequel nous nous trouvions. Ce qui signifiait qu'en cas de danger, elle pouvait nous rendre presque invisible aux yeux de nos ennemis en se basant sur notre rythme cardiaque. C'était une combinaison high-tech et extrêmement laide. Aucun besoin de changer de couleur et d'apparence pour faire fuir un ennemi, pensai-je en soufflant bruyamment. Et pour couronner le tout, cette combinaison était on ne peut plus moulante. Moulante et moche à en perdre la vue.
Je quittais les vestiaires et me rendais rapidement dans la salle d'armes. Nous avions tous une arme attitrée. Nous avions le choix entre une multitude d'armements, allant d'objets tranchants à piquants et plus encore. Mon arme était un fusil d'assaut, un AK-107 composé d'un lance grenade dont j'étais le seul à savoir manier. Je positionnais la lanière autour de mon épaule, laissant pendre le fusil le long de mon corps.
Nous avions des cours d'entraînement lors de notre arrivée dans la division, afin de définir l'arme avec laquelle nous étions le plus à l'aise. Il y avait des arcs, des sabres, des couteaux de chasse, des fusils, des pistolets et pleins d'autres arsenaux.
Je rejoignais ensuite le reste de mon équipe au sanctuaire, attendant patiemment les ordres d'Adiel. Comme à chaque sortie, la deuxième division était présente. Pour faire court, leur équipe consistait à préparer nos sorties. C'était l'équipe d'ingénierie.
- Aujourd'hui, vous allez faire du repérage, annonça notre chef d'équipe en essayant tant bien que mal de couvrir le vacarme que faisait la deuxième division autour de nous.
Je vis l'ensemble de mes collègues se détendre et souffler de soulagement à l'idée que notre seule mission du jour serait du repérage.
- Les ordres sont clairs. Observer, ne pas se faire repérer et rentrer faire votre rapport. Vous avez deux heures. Nos rapports avec les personnes de cette planète ne sont pas encore bien définis. Vous connaissez la chanson, vos combinaisons enregistrent des informations essentielles pour la deuxième division, telles que vos signes vitaux, les températures extérieures et ainsi de suite. Ne les enlevez sous aucun prétexte.
Il fit une pause avant de reprendre d'un air sérieux.
- Pissez-vous dessus si nécessaire. Bien... Beren, que faire si vous vous faites repérer ?
Ma partenaire de combat se racla la gorge avant de répondre, peu sûre d'elle. Elle essayait de cacher l'angoisse qui menaçait de la submerger à tout moment. Le stress des premières sorties était le pire.
- Essayez d'établir un lien avec eux ?
L'ensemble de mes collègues rirent à gorge déployée. J'eus du mal à me contenir.
- Non, répondit calmement Adiel. Williams ?
J'avais perdu tout espoir qu'il m'appelle un jour par mon prénom.
- Les éliminer.
- Exactement. Beren, il n'y a ni gentil, ni méchant. Il n'y a que des individus de planètes différentes risquant leur vie pour protéger leur population. Nous protégeons la nôtre.
Elle acquiesça, le visage imbibé de sang. Je comprenais ce qu'elle pouvait ressentir en cet instant. Nous étions tous passés par là. Après l'angoisse de la première sortie et l'indignation face à certaines règles, il y avait l'excitation.
- Beren, Williams, ne tentez pas l'impossible aujourd'hui, vous êtes nouveaux partenaires. Apprenez à vous connaître avant. Sur ce...
Il ne finit pas sa phrase et nous regarda tous l'un après l'autre. Il termina enfin son monologue, une dizaine de secondes plus tard.
- On se reverra.
Nous répétâmes cette phrase à l'unisson, à l'exception de Beren. C'était notre mantra. La phrase signifiait que malgré le résultat de notre mission, nous nous reverrions. Dans cette vie ou dans une autre.
Autrefois, il arrivait à Adiel de nous accompagner sur le terrain. À l'époque où nous avions deux chefs d'équipe. Aujourd'hui, il ne restait plus qu'Adiel. Il avait pour obligation de rester au sanctuaire, de façon à guider la deuxième division. Nous avions perdu la trace de son partenaire de combat, notre deuxième chef d'équipe, lors d'une mission importante sur le terrain. Il n'était jamais revenu de mission et nous n'avions jamais retrouvé sa trace.
Je suivais mes collègues jusqu'à l'arche, également connue sous le nom de « porte des étoiles » et patientais quelques instants.
- Cade, quelles dispositions communes aujourd'hui ?
Maniolo. La flèche. C'était son surnom, donné dû à la rapidité à laquelle il courait. Pour faire court, c'était un gars élancé à la peau ébène qui ne loupait jamais une occasion de faire rire l'équipe.
Il ne prenait pas la peine de cacher l'excitation qu'il éprouvait lors d'une nouvelle mission. Il ne vivait qu'à travers elles.
Je lui offrais comme seule réponse un haussement d'épaule. Je n'avais aucune envie de parler. D'autant plus que la réponse était évidente.
Les dispositions communes d'une planète concernaient la relation qu'avait notre planète avec celle en question. Si elles étaient inconnues, alors cela signifiait que notre gouvernement n'avait pas encore établi de diagnostic les concernant. Soit parce que personne n'avait mis les pieds sur la planète, soit parce que leurs intentions n'étaient pas claires.
Si les dispositions communes de la planète se révélaient être bienveillantes -ce qui était très rare lors de nos missions- alors nos interventions étaient, pour la plupart du temps, de venir en aide aux habitants. Si les dispositions s'avéraient être hostiles, alors...
- Nom de la planète, me coupa Stella.
Stella était une voix robotique, l'acronyme de Service Technologique Et Linéaire Local d'Accompagnement.
- Ster cinq mille quatre cent vingt. Nombre d'années lumière... cinq mille quatre cent vingt. L'atmosphère de la planète est composée de soixante dix-huit, virgule zéro vingt-huit pour cent de diazote...
Stella continua un moment à lister les différents gaz que composait l'atmosphère de la planète en question avant d'enchaîner avec son climat.
- Climat... aride.
Elle marqua une pause avant de terminer.
- Dispositions communes... hostiles.
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CADELL
Viễn tưởngElle n'était au courant de rien, tout comme le reste du monde. Son travail consistait à servir le gouvernement, protéger l'humanité et combattre. Il avait tout vu, tout entendu et tout vécu. Sa vie était le film d'action que les enfants regardent le...