Quatrième chapitre

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« - Il y a eu un changement de dernière minute. »


L'ensemble de mes collègues s'étaient tendus. Même l'excitation de Maniolo n'était plus présente. Nous savions tous que d'après le monologue d'Adiel, les dispositions communes de la planète auraient dû être inconnues. Non hostiles.

Je me retournais vers Adiel.

- Rien ne change, la mission reste la même, nous cria-t-il du fond de la salle.

- Qu'est-ce que ça signifie ?

Je me retournais vers Beren, son air était inquiet. Elle avait parlé tellement bas que je n'étais pas certain que ses paroles m'étaient destinées.

- Qu'il y a eu un changement de dernière minute. Et nous ne sommes pas préparés.

Je n'eus pas le temps de rajouter quoi que ce soit. L'arche s'activa et envoya des faisceaux lumineux un peu partout dans la salle, produisant un grondement tel le moteur d'un bateau. Quelques symboles inscrits sur l'arche s'illuminèrent.

Même après plusieurs années, j'ignorais encore en quels matériaux l'arche était constituée. Et ça m'était complètement égal. Je ne posais pas de question sur le pourquoi du comment. Je venais travailler, je faisais ce qu'on me disait de faire et je rentrais chez moi le soir. Une attitude qui était très appréciée dans le milieu gouvernemental. Ceux qui posaient trop de questions ne restaient jamais très longtemps.

Il y eut une bourrasque de vent provenant de l'arche avant qu'un brouillard lumineux s'y engouffre. C'était un spectacle dont je ne me lassais jamais. Un portail vers un nouveau monde se tenait juste devant moi. Les portails multidimensionnels avaient toujours été un phénomène naturel, ils apparaissaient un peu partout dans l'univers. La technologie d'aujourd'hui permettait de repérer lorsqu'un portail s'apprêtait à s'ouvrir sur notre planète, permettant un contrôle total des allées et venues. Grâce à une technologie d'origine étrangère acquise grâce aux échanges commerciaux extra-planétaires, nous pouvions désormais créer nos propres portails. Nous permettant ainsi de voyager partout dans l'univers.

Je jetais un coup oeil à ma partenaire de combat, elle était tout aussi émerveillée par le spectacle qui se déroulait sous nos yeux.

- Allons-y.

Je décidais de passer le premier. Je savais d'ores et déjà que ma coéquipière n'allait pas vouloir passer la première.

Je n'attendais aucune réponse de sa part et m'engouffrai dans un épais brouillard aux reflets colorés. Il était froid et enveloppait désormais l'entièreté de mon corps. En seulement une seconde, je fus de l'autre côté. C'était comme franchir une porte, mis à part quelques frissons dû à un léger courant d'air, rien de spécial ne se produisait.

Les combinaisons que nous portions nous empêchaient de ressentir quoi que ce soit, il en était de même pour nos bottes et nos gants. Seul notre visage, n'étant recouvert de rien du tout -pour cette mission en particulière-, ressentait les changements de température. Et à ce moment, la température lourde de cette nouvelle planète faisait déjà perler la sueur de mon front.

Je levais les yeux et fût surpris par la vision de deux soleils. L'un paraissait plus gros que l'autre. Leurs présences expliquaient la chaleur intense de cette planète.

Beren ainsi que le reste de nos collègues ne tardèrent pas à me rejoindre. Nous nous séparâmes ensuite, accompagnés de nos partenaires de combat respectif.

- Marque la position du lieu sur ta montre. Sans ça tu ne retrouveras pas ton chemin. Le portail va réapparaître à cet endroit dans deux heures, il faut qu'on y soit avant.

Beren acquiesça et se mit à l'oeuvre. Elle mis plus de temps que nécessaire mais finit par y arriver.

- Beren, calme-toi. On est pas pressés, la rassurai-je.

Je fus pris d'une soudaine empathie en la voyant. Je me revoyais en elle lors de ma première mission. Par chance, tout s'était bien passé. Je ne pouvais pas en dire autant pour le début de cette mission.

- T'es pas un connard fini finalement, fit-elle remarquer en souriant.

Je levais les yeux au ciel et commençais à marcher sans l'attendre. Si j'avais su qu'elle réagirait comme ça...

- Oh, ça va. Reconnait que t'es dur à percer.

Je n'avais rien à répondre à ça.

- J'ai un énorme bleu au ventre par ta faute, continua-t-elle sans se laisser démonter par mon ignorance.

Elle faisait référence à notre entraînement de la veille. Je me disais que si elle continuait à parler autant, elle allait finir par avoir plus d'un hématome. Je n'avais ni la patience, ni les nerfs de l'entendre causer pendant deux heures.

- On est en repérage. Tu sais ce que ça signifie ? Ça signifie qu'il faut qu'on soit discret, lui lançai-je en m'arrêtant.

Je marquais une pause.

- Et puis tu aurais pu te rendre dans la salle de repos.

La salle était littéralement faite pour soigner toutes maladies et blessures en tout genre. Plus importants étaient nos blessures, plus longtemps nous devions y rester.

Beren croisa les bras et plissa les yeux.

- On est partenaire de combat, Williams. Il va falloir qu'on apprenne à se connaître.

- Cade. Je m'appelle Cade, lançai-je froidement avant de repartir dans une longue marche.

Ce qui était le plus pénible dans cette situation, c'était de reconnaître qu'elle avait raison.

CADELLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant