« - Beaucoup n'ont pas eu ta chance. »
Après un mois d'absence, je reprenais du service. Les dernières portes s'ouvrirent sur mon chef d'équipe alors que j'insultais ce fichu système.
Il avait ses deux mains derrière le dos, le regard sérieux. J'étais en retard, mais au moins j'étais là.
- Williams, sanctuaire, maintenant.
Il tourna les talons. Le mec est amoureux, pensai-je en soupirant. À chaque fois j'étais sûre de le retrouver planté derrière les dernières portes de sécurité à attendre ma venue.
Adiel avait une facilité déconcertante à jongler entre le professionnel et le personnel. Il pouvait devenir ton meilleur ami et la seconde d'après t'obliger à faire cent pompes s'il n'était pas d'humeur.
Personne ne semblait en avoir quelque chose à faire de mon retour et je leur en étais reconnaissant. Personne sauf Beren. Évidemment. Je me demandais si sa présence sur cette planète résultait d'une erreur de calcul ou si elle existait simplement pour me faire chier.
- Je t'ai dit bonjour ! Lança-t-elle frustré en me rejoignant.
Nous marchions vers le sanctuaire.
- Et je t'ai entendu.
Je la vis lever les yeux au ciel du coin de l'œil. Je souriais, satisfait de réussir si facilement à la vexer. Elle ne parla pas le reste du trajet.
Adiel patienta quelques minutes, les mains derrières son dos, le visage fermé. D'habitude, ses yeux trahissaient les émotions qu'il ressentait. Aujourd'hui, son regard était glacial, sans aucune émotion. Il paraissait fatigué. Ses sourcils étaient froncés, des cernes étaient visibles sous ses yeux et ses cheveux étaient plus ébouriffés que d'habitude. Quelque chose n'allait pas.
- Cette après-midi vous allez sur le plateau, déclara Adiel d'une voix rauque.
Il se racla la gorge en oubliant les protestations, grognements et soupirs de mes équipiers. Pour ma part, je n'étais pas étonné.
Nous prévenir le matin même que nous allions en sortie l'après-midi était dangereux pour de multiples raisons. Cela augmentait considérablement le risque de pertes dans notre équipe. Je n'étais pas étonné que les supérieurs prennent cette décision, j'étais étonné qu'ils risquent la vie de Beren Valois. Fille d'un des trois supérieurs.
- Les dispositions communes sont bienveillantes, ajouta-t-il.
Je secouais légèrement la tête. Évidemment. Il n'y avait donc aucun risque pour notre équipe.
- Certains d'entre vous sont déjà allés sur cette planète. Il y a des années, Ster six mille six cent six était en guerre avec une autre planète. La Flèche, Williams et moi-même avons combattus à leurs côtés. Nous envoyons souvent des équipes pour patrouiller et s'assurer qu'aucune menace n'est présente. Aujourd'hui, c'est au tour de notre équipe. Vous allez exceptionnellement patrouiller par équipe de quatre. Vous serez évidemment accompagnés de vos partenaires de combats respectifs. Des questions ?
J'essayais tant bien que mal de garder le contrôle de ma respiration. Je n'avais aucune envie de mettre les pieds sur cette planète. Et j'étais convaincu que Maniolo partageait le même avis.
- Si des équipes sont souvent envoyés sur cette planète, pourquoi pas la nôtre ? Je n'y ai jamais mis les pieds et ça fait trois ans que je travaille ici.
Maniolo leva lentement la tête vers Anahit, sa partenaire de combat. C'était une grande brune à la peau pâle et au franc parlé. Elle arborait souvent une queue de cheval et une frange qui lui cachait les sourcils et s'arrêtait juste aux dessus de ses yeux bleu.
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CADELL
FantasyElle n'était au courant de rien, tout comme le reste du monde. Son travail consistait à servir le gouvernement, protéger l'humanité et combattre. Il avait tout vu, tout entendu et tout vécu. Sa vie était le film d'action que les enfants regardent le...