« - Tu es mon partenaire de combat, il va falloir que tu l'imprimes en long, en large et en travers. »
Le silence était roi. Présent et lourd comme s'il tentait d'effacer la scène qui venait de se produire. Seul ma respiration saccadée se faisait entendre. L'atterrissage avait été tellement violent qu'il m'était difficile de reprendre mon souffle, d'autant plus que la douleur dans mon épaule était insupportable. Elle me lançait des décharges électriques au rythme des battements de mon cœur.
Les souvenirs de ce qui venait de se produire me revinrent en flash et s'emboitèrent comme un puzzle. Je m'étais fait éjecter dans les airs par une force invisible. J'avais à peine eu le temps de sortir mon arme. Les habitants de cette planète avaient visiblement des capacités qui m'étaient inconnues.
- Cade !
Beren se jeta sur moi, m'arrachant un cri de douleur.
- Il faut rentrer, annonça-t-elle d'une voix affolée.
À peine eut-elle le temps de terminer sa phrase que nos deux montres se mirent à sonner, annonçant l'ouverture du portail dans la demi-heure. Nous avions quarante-cinq minutes de marche devant nous, autant dire que les chances de l'atteindre à temps étaient faibles, voire impossible.
Je serrais les dents et essayais de me relever, en vint. La douleur dans mon épaule droite se propageait dans l'ensemble de mon buste à chaque mouvement. Les décharges électriques s'étaient transformées en lames tranchantes, aiguisées à la perfection.
Beren se positionna sous mon épaule valide et m'aida à me relever, ignorant mes plaintes. Je n'avais aucune connaissance en médecine mais j'étais certain de m'être cassé quelque chose, probablement la clavicule.
- Arrête de chouiner, Williams, râla ma partenaire.
Si j'avais pu, je lui aurais fait bouffer le sable sur lequel nous marchions. Mais je n'avais pas vraiment les conditions physiques pour le faire, alors je ne fis que grogner, lui montrant ainsi mon mécontentement.
Elle gloussa et continua de me soutenir sur plusieurs mètres. J'avais l'impression qu'un feu se propageait dans tout mon corps, brûlant par la même occasion le reste d'énergie qui me restait.
La sueur perlait le long de mon visage au fur et à mesure que les minutes passaient. Plus je marchais, moins il me restait d'énergie. À tel point qu'au bout de plusieurs minutes, je supportais mon corps qu'à vingt pour cent environs, laissant ma partenaire de combat s'occuper des quatre-vingts pour cent restant.
- Ne me laisse pas tomber, Cade.
J'entendais à peine ce que Beren me disait. Ma tête commençait dangereusement à tourner et je su alors que mes blessures s'étendaient ailleurs qu'à l'épaule. Je n'avais plus de force pour avancer.
Nos montres se mirent à sonner simultanément, annonçant l'ouverture du portail.
- Vas-y sans moi, Beren. Vous reviendrez me cherchez ensuite.
S'ils ne nous voyaient pas arriver, ils n'auraient pas d'autres choix que de refermer le portail. Les instructions étaient précises. Evidemment, ils reviendraient nous chercher mais pas sans avoir préparer à nouveau la sortie. Ce qui pouvait prendre plusieurs jours, le temps d'avoir l'approbation de nos supérieurs.
- Hors de question, Williams. Tu es mon partenaire de combat, il va falloir que tu l'imprimes en long, en large et en travers, dit-elle en continuant de me traîner.
Je fus surpris par sa détermination, d'autant plus que nous ne nous connaissions pas encore. Malgré ma vision troublée, ma respiration haletante et mon corps endolori, je rassemblais les dernières forces qui me restaient et continuais d'avancer.
- Plus que quelques minutes, annonça ma partenaire.
J'ignorais si ses propos signifiaient que nous arrivions bientôt sur les lieux ou si le portail se refermait dans quelques instants mais je savais que je n'allais bientôt plus réussir à tenir. Ma gorge était sèche et ma tête martelait au point de ne plus y voir clairement. La douleur dans mon corps était-elle que le simple fait de respirer me plongeait dans une vague de souffrance.
- Beren, murmurai-je à bout de souffle.
Sans un mot, elle me traîna encore plusieurs mètres avant qu'un vent frais ne balaye mon visage. J'ignorais ce que cet être à la tête de bœuf m'avait fait pour provoquer une telle agonie.
Au moment où mes pieds se posèrent sur une surface dure, mes jambes se dérobèrent, me faisant rouler jusqu'en bas de ce qui semblait être une légère pente. Nous étions arrivés.
- Envoyez-le dans la salle de repos, dépêchez-vous, beugla Adiel.
Quelques-uns de mes collègues me plongèrent dans l'un des nombreux bains réparateurs de la salle de repos. Elle était immense, éclairée en partie par de faibles faisceaux violets provenant du dessous de dizaine de baignoires alignées à un mètre les uns des autres.
Le liquide présent dans les bains réparateurs provenait d'une autre planète. Il avait été échangé par le département politique contre certaines technologies et armes que nous possédions. Le gouvernement de l'ombre avait mainte et mainte fois essayé de recréer le liquide, en vint. C'est donc pur une raison financière que la salle devait être utilisée en cas d'extrême urgence.
Au fil des minutes, mon corps regagnait de l'énergie. Mes muscles se détendirent et ma vue se rétablit entièrement. Ma respiration se fît plus profonde et bientôt mes blessures ne deviendraient qu'un mauvais rêve.
La porte de la salle de bain s'ouvrit et ma coéquipière attrapa une chaise pour s'asseoir à mes côtés. Je remerciais mes collègues de ne pas avoir pris l'initiative de me déshabiller.
Elle plissa les yeux et observa l'espace autour d'elle, visiblement ébahit par les lieux.
La salle dans laquelle nous nous trouvions était haute de trois mètres environs, recouverte de carrelage bleu pâle du sol au plafond. De petites lumières blanches étaient placées haut dessus de chaque bain réparateur, n'éclairant pas beaucoup plus que celles situées sous ces derniers. L'ensemble de la pièce était sombre, assez pour ne pas voir en détail les traits du visage de ma partenaire.
- Tu avais vraiment une sale tête.
Je lui souriais avec dédain.
- Je suis sérieuse. J'ai cru qu'on allait y rester.
J'observais ma coéquipière gesticuler sur sa chaise tout en triturant ses doigts furtivement. Le silence qui suivit mes dernières paroles fût tellement long que je cru lors d'une seconde que quelque chose de grave s'était produit.
- Les supérieurs veulent te voir, commença-t-elle. Tu feras ton rapport auprès d'eux.
J'acquiesçais, hésitant. Un passage dans le bureau des supérieurs n'envisageait jamais rien de bon mais ma partenaire de combat paraissait étonnamment bien plus stressée que moi. Elle se leva dans le but de quitter la pièce, sans prendre la peine de remettre la chaise à sa place initiale.
- Ce n'était pas ma copine, lançai-je à Beren avant qu'elle ne franchisse le seuil de la porte.
Je n'aurais su expliquer cette soudaine envie d'en partager un peu plus sur ma vie. Peut-être était-ce le sentiment de gratitude que j'éprouvais à son égard après m'avoir sauvé la vie, peut-être était-ce son expression d'inquiétude encore gravé sur son visage ou simplement les relents du liquide extra-planétaire dans lequel je me trouvais actuellement qui me montait à la tête.
Beren m'observait sans comprendre, sa main reposant sur la poignée de porte.
- Tout à l'heure, tu m'as demandé si ma copine m'avait quitté.
Elle acquiesça doucement avant de parler d'une voix tellement basse que je dû lire sur ses lèvres pour en comprendre le sens.
- Comment s'appelle-elle ?
Je sentis une douleur naître dans les tréfonds de ma poitrine. Les bains réparateurs auraient approuvé s'ils avaient pu ; cette douleur n'avait rien de physique.
- Gaïa.
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CADELL
FantasyElle n'était au courant de rien, tout comme le reste du monde. Son travail consistait à servir le gouvernement, protéger l'humanité et combattre. Il avait tout vu, tout entendu et tout vécu. Sa vie était le film d'action que les enfants regardent le...