Cinquième chapitre

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« - On est en terre inconnue sur une planète hostile. »


L'air était brûlant, presque insupportable. Il n'y avait qu'un désert de sable à perte de vue. Cela faisait maintenant quarante-cinq minutes que nous marchions et aucune trace de vie n'avait croisé notre chemin, pas même quoi que ce soit ressemblant à des insectes. Les soleils paraissaient se moquer de nous, brûlant de plus en plus fort à chaque minute.

Beren était resté silencieuse, pour le plus grand bonheur de mes oreilles. La chaleur paraissait lui avoir enlevé la capacité à parler.

- On va finir par avoir une insolation, râla-t-elle.

Evidemment le silence n'avait pas duré bien longtemps. C'était trop beau pour être vrai.

- On est en terre inconnue sur une planète hostile. L'insolation est le cadet de mes soucis, grognai-je en regrettant de l'avoir pour partenaire de combat.

- Ça t'arrive d'être de bonne humeur ?

Je soufflais bruyamment, comptant jusqu'à dix intérieurement pour calmer ma respiration.

- Raconte-moi au moins ce qu'il s'est passé avec ton dernier partenaire de combat, histoire qu'on ne refasse pas la même chose.

Je réfléchissais à ce qu'elle venait de dire.

- Il s'est fait empoisonner par une plante géante. Je pense que ça devrait aller pour cette mission, lançai-je en fixant le désert de sable.

En réalité, c'était surtout le manque de communication entre nous qui avait provoqué sa mort prématurée. Mais je m'abstenais de lui raconté les détails.

- Dit-moi ce qui t'a rendu comme ça. Ta copine ta quitté ? Tes parents ont divorcés ? Ton animal de compagnie est décédé ?

- Mon partenaire de combat est mort.

- C'est vrai, dit-elle plus doucement.

Pour dire vrai, je n'avais jamais aimé ce mec. Je m'étais souvent demandé comment il arrivait à être encore en vie. Aujourd'hui, la question n'était plus d'actualité. 

Après quelques minutes de silence, ce dernier fut une fois de plus gâché par ma coéquipière.

- Je n'ai pas d'arme.

Je ne pu m'empêcher de sourire à ce qu'elle venait de dire. J'étais en partie responsable de ce détail.

- J'aimerai en avoir une.

- Je te montrerai la salle d'arme.

Au bout de plusieurs secondes, je réalisais qu'elle n'était plus à mes côtés. Elle se trouvait quelques mètres derrière moi, les mains sur les hanches, le regard percent.

- Pourquoi ne me l'as-tu pas montré lors de la visite ? Demanda-t-elle sur un ton accusateur.

Je soupirais.

- J'ai oublié, lui avouai-je sans remords.

Elle haussa un sourcil.

- Donc si on se fait tuer se sera entièrement de ta faute.

- Même si tu avais choisi ton arme, tu n'en aurais pas eu pour la mission. Tu auras besoin de plusieurs cours pour apprendre à la manier et une évaluation auprès des supérieurs. Tu devras également apprendre à tirer avec un pistolet.

Je marquais une pause.

- Tu n'aurais pas dû être sur le terrain aujourd'hui, encore moins avec des dispositions communes hostiles.

Elle bafouilla quelques secondes avant de se reprendre.

- Pourquoi m'ont-ils envoyé sur le plateau dans ce cas ?

- Par manque de temps entre ton arrivée et la mission, j'imagine. Sans toi, je n'aurais pas pu être là aujourd'hui. Il est interdit d'aller sur le terrain sans partenaire de combat. Sauf pour les chefs d'équipe.

Elle acquiesça, pensive.

Un frisson me parcourut le dos lorsqu'une bourrasque de vent balaya quelques mèches de cheveux de ma partenaire, les faisants voltiger derrière elle. Le vent soufflait dans mon dos, soulevant plusieurs milliers de grains de sable et m'obligeant à fermer les yeux.

Lorsque le vent se dissipa, je réalisais que ce qui venait de se produire n'avait aucun sens. Il n'y avait aucun arbre, ni rien qui aurait pu créer ce mini cyclone. Lorsque le regard de ma coéquipière s'arrêta sur un point spécifique placé derrière moi, sa combinaison s'effaça instantanément, ne laissant que sa tête, ses gants, ainsi que ses bottes de visibles. Mes doutes se confirmèrent.

Mes mains se placèrent instinctivement sur mon fusil d'assaut, qui jusqu'à présent, avait patiemment attendu d'être utilisé, pendu le long de mon épaule par une lanière.

Je me retournais rapidement pour faire face à ce qui semblait être l'un des habitants de cette planète. Il mesurait facilement dix têtes de plus que moi et me détaillait avec méfiance. Son apparence n'était en rien comparable à un être humain si ce n'est la position dans laquelle il se tenait. Il était debout sur ce qui ressemblaient plus à des pattes qu'à des jambes. Sa peau était grisâtre, sèche et recouverte de pustules. Et la forme de sa tête rappelait étrangement celle d'un boeuf, de même pour sa respiration qui était bruyante et saccadée.

Je décidais de ne pas lui laisser le temps de choisir ce qu'il comptait faire de nous et me préparais à lui tirer dessus lorsque le fusil m'échappa des mains, comme tiré par une force invisible. Je n'eus pas le temps de comprendre la situation. Quelque chose me propulsa violemment en arrière, m'envoyant valser dans les airs sur plusieurs mètres de hauteurs avant de retomber loin derrière ma partenaire. L'atterrissage violent me provoqua une douleur vive à l'épaule, me coupant instantanément le souffle.

En l'espace de quelques secondes, un coup de feu retentit, suivi de plusieurs grognements et d'une secousse qui fit vibrer le sol. Puis plus rien.

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