Premier chapitre

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« - Avis au peuple, Cade Williams nous fait honneur de sa présence aujourd'hui. »


Je me frottais le visage, peu désireux d'entamer une nouvelle journée. Ces derniers temps, j'avais eu recours à toutes les excuses possibles pour ne pas me rendre au travail, y allant une fois sur quatre environ. Ce qui m'avait valu une remontrance de la part de mon chef d'équipe. Je m'en foutais considérablement. Il ne pouvait pas me virer, il n'en avait pas le pouvoir. 

Je n'allais naturellement faire aucun effort pour arriver à l'heure. Et à la fin de la journée, j'aurais trouvé une nouvelle excuse pour ne pas venir le lendemain. Et certainement le surlendemain par la même occasion. Je n'avais aucune envie de faire ne serait-ce qu'un effort pour eux.

Je me préparais en prenant tout le temps du monde et me rendais directement sur mon lieu de travail. Je ne prenais pas la peine de manger le matin, j'avais appris à la manière forte qu'il ne valait mieux pas. Évidemment, aucun de mes fichus collègues n'avait pris la peine de me l'expliquer, étant beaucoup trop satisfait de me voir vider mes tripes lors de ma première mission.

Je passais les nombreuses barrières de sécurité en secouant la tête à ce souvenir que je n'avais aucun droit de partager en dehors de mes collègues. Ce n'était, de toute manière, pas le genre d'histoire qui m'aurait plus de raconter à n'importe qui.

Mes pensées se dirigèrent vers la seule personne qui avait réellement compté pour moi, avant qu'elle ne décide de s'en aller du jour au lendemain sans explication.

Ma mâchoire se contracta presque instantanément. Ce n'était pas le moment de penser à ça.

Je passais mon badge, qui permis aux premières portes de s'ouvrirent et attendais patiemment que la reconnaissance facial me permette de traverser les secondes. Les dernières s'ouvrirent après avoir reconnu mon empreinte digitale. 

Ce fichu système de sécurité prenait au moins dix minutes de mon temps. Non pas que j'étais pressé de me rendre sur les lieux.

- Avis au peuple, Cade Williams nous fait honneur de sa présence aujourd'hui.

Adiel. Mon chef d'équipe.

C'était un homme de trente-quatre ans qui pouvait facilement en faire dix de plus. La fatigue du travail semblait avoir accéléré son vieillissement à tel point que ses cheveux qui normalement étaient brun foncé grisonnaient par endroit. Bien que petit en taille, il mettait au tapis l'entièreté de l'équipe. Haut la main, les yeux fermés. Il avait la peau bronzée et des yeux noirs comme la nuit qui lui donnait également un air menaçant. Un seul regard froid en notre direction était suffisant pour nous calmer. 

- Les cochons ont des ailes, ma parole. On ne t'a donc pas volé ta voiture, aujourd'hui ? Continua-t-il en me serrant la main.

- Non. Mais ce sera sûrement le cas demain.

- Hors de question, mon garçon. Demain on t'attend sur le terrain.

Le terrain. Ou le plateau. C'est comme ça qu'on appelait ces satanées sorties. Cela m'amusait lors de mes premières années, j'aimais découvrir de nouvelles choses. Mais plus le temps passait, moins l'envie était présente. Trop de mystères à percer, trop de secrets à garder et trop de personnes tuées.

- T'es au courant qu'on peut se débarrasser de toi comme bon nous semble ?

Ce travail ne jurait que par les menaces. C'était de cette façon qu'ils m'avaient recruté.

- Et comme d'habitude, vous n'en ferez rien.

- Rira bien qui rira le dernier, siffla-t-il entre ses dents.

Je secouais la tête d'un air moqueur.

- Non, je n'oserai jamais me moquer du grand Adiel.

Nos collègues ricanèrent, ce qui arracha un sourire à notre chef d'équipe.

- Va te préparer et montre nous ce que tu as dans le ventre, grommela-t-il. 

Je m'exécutais, non sans lui avoir jeté un dernier regard qui se voulait clairement narquois. Il était bien plus qu'un collègue. Il avait été présent dès mon arrivée dans l'équipe et m'avait montré le chemin à prendre, attendant patiemment que j'assimile toutes les informations qu'il me donnait. 

Je montais sur ce qu'on appelait "le simulateur", un plateau de forme octogonale conçu pour nous entraîner au combat. Au cas où les choses devaient mal tourner sur le terrain. C'était déjà arrivé plusieurs fois. C'est pour cette raison qu'il était important de ne pas s'attacher à nos camarades. Ils pouvaient disparaître le lendemain.

Ce travail se fichait complètement du bien être de ses employés, pensai-je en me préparant à d'éventuelles attaques. 

Des parois en verre se matérialisèrent tout autour du plateau de simulation et un bruit strident retentit. Le combat commençait.

Je ne savais jamais à quoi me préparer, c'était justement le but. Je pouvais facilement me retrouver devant une plante géante ou un extraterrestre. Cette simulation comportait plus de deux milles situations auxquelles nous pouvions faire face en sortie. Presque tous les mois, de nouveaux programmes étaient ajoutés à la machine. Pour faire court, ils découvraient fréquemment de nouvelles façons de mettre fin à nos vies.

Cette fois, je fis face à ce qui semblait être un humain. La seule différence, était qu'il faisait trois fois ma taille. Je soufflais d'exaspération avant d'éviter de justesse une première attaque de mon ennemi virtuel.

Naturellement, je n'avais le droit à aucune arme. La simulation était surtout faite pour nous apprendre à éviter les coups. Nous devions tenir le maximum de temps possible. Le record avait été réalisé par notre chef d'équipe. Il avait tenu deux heures et dix huit minutes sans se faire toucher.

Les techniques de combat se réalisaient entre nous, dans une salle spécialement conçue pour.

J'arrivais à garder l'avantage. Mon combattant avait beau être plus robuste que moi, j'étais plus agile. 

Mais cela ne dura que quelques minutes, son poing traversa ma poitrine en une fraction de seconde.

La simulation s'arrêta net, les parois du plateau disparurent comme par enchantement et je fis face à mon chef d'équipe qui avait la même expression que mon adversaire, quelques secondes plus tôt.

- Tu vas devoir te ressaisir, Williams. Si tu veux rester dans la course.

Je soupirais tout en attrapant une serviette que je passais sur mon visage avant de la placer autour du cou.

- Tu étais bien loin de ton propre record, continua Adiel les bras croisés.

Plus vieux d'une dizaine d'années seulement, il était une figure paternelle pour nous tous. Ce qui était sacrément chiant, par moment. Mais pour certain d'entre nous, il était également un ami.

- Je ferai mieux la prochaine fois, le rassurai-je avant de m'enfiler une bouteille d'eau d'un seul trait.

- Tu as plutôt intérêt. Avant ton combat de l'après-midi tu feras visiter les lieux à la nouvelle.

Je grinçais des dents.

- Pourquoi moi ?

Il esquissa un sourire sans répondre.

CADELLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant