« - Ouranos. »
J'étais allongé dans le jardin à regarder les étoiles. J'aimais voir tous ces astres s'illuminer à la fin d'une longue journée d'école. J'aimais la sensation que cela me donnait. Je regardais le ciel nocturne et m'imaginais avoir une vie totalement différente ; je passerais ma vie à défendre les plus vulnérables avec la même ferveur que lorsque je défendais ma mère face à mon père. Je rêvais qu'il y ait une brèche dans l'espace-temps et que je me retrouve soudainement plongé dans un nouveau monde, qu'on me dise que ma vie actuelle n'est qu'un jeu virtuel et que notre vie réelle nous attend une fois avoir gagné la partie... ou qu'un vaisseau extraterrestre débarque de nulle part et m'emmène loin. C'était le vœu que je décidais de faire aujourd'hui. Pour mon anniversaire.
Je me redressais dans mon lit, trempé de sueur. Ces souvenirs de lorsque j'étais petit me perturbaient encore aujourd'hui. Principalement car mon vœu s'était réalisé. J'avais une nouvelle vie, loin de cette vieille maison qui m'avait vu grandir. Et surtout, loin de la planète sur laquelle j'étais né.
Je passais la main dans mes cheveux en détaillant ma chambre d'hôtel. Je commençais déjà à douter de ma venue. Bien que je ne fusse pas venu pour elle. Après autant de temps, je commençais à comprendre qu'elle ne souhaitait plus avoir de mes nouvelles et qu'elle avait probablement tiré un trait sur son ancienne vie. Mais j'estimais avoir le droit à des explications. Elle me devait au moins ça.
Ces dernières semaines, j'avais passé tellement de temps à refouler ce que je ressentais, qu'en cet instant, tout paraissait décuplé. J'arrivais sans mal à détecter la colère, au point de la haïr par moment. Au fond, je savais que je ne la détestais pas vraiment. Je me sentais surtout con. À la fois de ne pas avoir vu qu'elle ne se plaisait pas à Erèbe et d'avoir pensé qu'elle ne partirait jamais.
J'avais grandi dans une maison froide et terne. C'était une vieille maison qui n'avait aucune chaleur et n'accueillait personne d'autre que ses occupants. J'avais grandi dans la solitude, pensant que personne ne m'aimerait assez fort pour se battre pour moi. Je m'étais senti abandonné par des personnes que je voyais et côtoyais tous les jours. Mon père se foutait pas mal de tout ce qui ne le concernait pas. Ma mère, elle, n'avait pas la force de s'en aller. Alors elle faisait du mieux qu'elle pouvait sans jamais être totalement là, ne pouvant être la personne qu'elle souhaitait devenir.
Le départ précipité de Gaïa avait fait ressortir mes anciens démons. Ma voix interne ricanait face à l'erreur que j'avais faite de faire confiance à quelqu'un. Et elle avait raison.
Je sortais du lit et allait directement sous la douche. Mon hôtel était à trois rue du sien, perdu dans des ruelles peu fréquentées. Je ne voulais pas attirer l'attention sur moi. Je n'étais plus sûre de vouloir lui faire face. Je voulais avant tout comprendre les raisons qui l'avaient poussé à m'abandonner. C'était l'excuse que je me répétais.
Je profitais de la chaleur de la douche pour me détendre, restant immobile alors que l'eau ruisselait le long de mon corps. Je voulais tourner la page une bonne fois pour toute. Voir, comprendre, puis ne jamais revenir.
Je n'étais jamais venu à Neven mais j'en avais entendu parler des centaines de fois, ainsi que le reste de mes collègues. Neven était la toute première ville à avoir été construite sur cette planète, ce qui expliquait son nom. Certains hommes d'affaires aujourd'hui étaient à la tête de notre gouvernement, ils avaient créé un gouvernement de l'ombre présent pour gérer les affaires intergalactiques. Plusieurs d'entre eux n'étaient pas humain, mais cela n'empêchait personne de travailler pour eux.
Il y avait donc un groupe de personnes - nous devions les appeler ainsi, peu importe leurs origines planétaires – qui possédaient à eux seuls une planète entière. Sur notre planète, ils se faisaient appeler les dieux créateurs. Ils repeuplaient des planètes pour gagner du pouvoir, agissant pour la plupart du temps, toujours dans l'ombre.
Je travaillais indirectement pour eux. Cela faisait près de dix-sept ans. Autant dire que je n'avais pas eu le choix. Ils étaient venus sur Terre une nuit, m'avait embarqué dans un de leur vaisseaux accompagné de centaines d'autres enfants et nous avaient emmenés sur une autre planète. La planète Neven. Celle sur laquelle je me trouvais actuellement. Après nous avoir fait passer plusieurs tests, nous avions été sélectionnés pour faire partie de leur programme.
J'avais réussi les tests haut la main. J'étais trop jeune et trop heureux d'avoir quitté l'enfer que je vivais auprès de mes parents pour comprendre l'ampleur de la situation. Les dieux, l'univers ou qui que ce soit d'autre, avait entendu mes prières. Et à l'époque, c'était tout ce qui comptait. Je voyais les tests comme des jeux, des épreuves qui me permettraient enfin d'être libre.
Ils avaient préparé les exercices de manière à ne pas nous effrayer, à nous stimuler et nous analyser pour définir lesquels d'entre nous allions travailler pour eux. C'est de cette façon qu'ils m'avaient recruté. Sans mon consentement.
Ils n'avaient pas hésité à me placer dans le département des combats lorsqu'ils avaient entrevue la rage en moi qui ne demandait qu'à sortir. À chaque coup reçu, je me revoyais dans cette vieille maison dans laquelle j'avais grandi. Je me revoyais face à mon père, colérique et alcoolique. Alors une fois sur le praticable, j'extériorisais toute la colère en moi qui s'était accumulée pendant des années. J'étais leur meilleur élément, leur meilleur soldat. Je ne posais aucune question et je faisais ce qu'on me disait de faire.
Le soir après le travail, je rentrais chez moi et je faisais comme si cette journée n'avait jamais existé. La plupart du temps je retrouvais Gaïa, j'évitais soigneusement de lui raconter la façon dont j'occupais mes journées. En plus d'être formellement interdit, ne pas lui révéler les mensonges racontés par le gouvernement la protégeait. Et je me demandais si son arrivé dans la ville de Neven n'allait pas tout gâcher.
Cette ville avait été la première créée sur cette planète. C'est pourquoi il y résidait encore les vestiges d'une époque où l'être humain n'existait pas en ces lieux. Il y avait des archives qui prouvaient l'implication de certaines personnes encore en vie dans la création de cette ville. Ces soi-disant dieux créateurs marchaient tous les jours parmi nous. Ils se comptaient par milliers. Mais les principaux détenteurs de cette planète n'était qu'une douzaine. Chaos et ses acolytes. Lui était le dieu créateur principal, le grand chef. Personne au sein du gouvernement de l'ombre ne l'avait rencontré ou savait à quoi il ressemblait. Nous ne connaissions pas vraiment son histoire, seulement ce qui était raconté dans les livres ; tout partait de lui. Chaos était le sauveur de l'humanité et les autres dieux ne lui arrivaient pas à la cheville.
Il y avait au moins un dieu dans chaque ville du monde. Je n'avais pas eu l'occasion de rencontrer les douze principaux, mais je connaissais celui de Neven.
Selon eux, la planète Terre était l'une de leur plus belle réussite dans leur quête du pouvoir. Je ne connaissais que ce que le gouvernement de l'ombre m'avait enseigné sur ma planète d'origine. C'est de cette façon que je savais que sur Terre, les dieux créateurs se faisaient appeler « dieux grecs ». Ou « draco reptiliens » pour les complotistes. Leurs noms originels restaient inchangés.
Je sortais de l'hôtel dans lequel j'avais passé la nuit, me dirigeant vers le lieu où résidait le dieu créateur Ouranos, c'était également le deuxième nom donné à cette ville. Je passais les portes d'entrée du lieu en question et me dirigeait droit vers le vieil homme qui je savais, avait au moins cent fois l'âge qu'il prétendait avoir.
Un sourire se dessina sur le visage du vieil homme lorsqu'il me vit arriver. Il m'enlaça sans m'en laisser le choix et termina par une tape sur l'épaule qui me fit grimacer.
- Monsieur Williams, que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Ouranos, le saluai-je.
Il ria légèrement.
- Oh, je t'en prie, Cade. On m'appelle Monsieur Neva, ces temps-ci.
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CADELL
FantasiaElle n'était au courant de rien, tout comme le reste du monde. Son travail consistait à servir le gouvernement, protéger l'humanité et combattre. Il avait tout vu, tout entendu et tout vécu. Sa vie était le film d'action que les enfants regardent le...