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PDV JOY


Lorsque je me découvre dans le miroir, je reconnais que Kate n'a pas qu'un talent pour la cuisine. J'ai dû mal à me reconnaitre, j'ai dû mal à contenir la surprise dans mes yeux jusqu'à présent éteints, légèrement agacés et peu enclin à faire des efforts. Aller au bal de début d'année est la dernière chose que je veux faire de l'année et pourtant, je suis bien debout, resplendissante, parfaitement apprêtée pour m'y rendre.

J'observe une nouvelle fois mon reflet, clignant des yeux plusieurs fois, comme une idiote. Je suis bouche bée. La robe est sensationnelle. C'est une robe en tissus léger, m'arrivant presque au pied, s'évasant vers la fin. Elle n'a rien de sophistiqué, rien de complexe mais elle est tout de même magnifique. D'une couleur rose poudrée parfaitement assortie au rouge à lèvres qu'a posée Kate sur mes lèvres. Le décolleté est légèrement plongeant mais il n'a rien de vulgaire. Les infimes bretelles retenant le haut de cette tenue sont légères, laissant découvrir mon cou et mes épaules. Kate m'a coiffée et attachée les cheveux afin de dégager davantage ma nuque avant de glisser un collier dont une seule pierre de zirconium se tient sur un fil de nylon transparent. C'est léger, c'est fin, je l'adore particulièrement. Je détaille mon visage, dont le maquillage est plus sophistiqué mais élégant, tout comme Kate. Un léger trait de Eye liner, un mascara et un peu de fond de teinte pour dissimuler, quelque peu, le teint cadavérique de cette dernière semaine dû à la grippe infernale que j'ai attrapée et dont je me suis remise complètement hier.

Je racle ma salive lorsque Kate pose ses mains sur mes épaules et que je croise ses yeux dans le miroir en face de nous deux.

- Tu es sublime... Me complimente-elle les yeux légèrement brillants.

Je fais la moue, retenant mon émotion également et je la prends dans mes bras instantanément. Ce n'est pas ma mère, loin de là, mais elle est et elle a toujours été présente pour moi dans les moments les plus importants de mon existence et ça depuis qu'elle est avec mon père et je l'aime pour ça. Je l'aime comme une seconde mère même si je n'oublierai jamais la mienne. Elle me caresse le dos et je la remercie murmurante, fermant les yeux, contenant mon émotion alors que je l'entends renifler dans mon cou. Lorsque j'ouvre de nouveau les yeux, papa nous observe au pas de la porte. Je lâche Kate et il m'admire alors que celle-ci se décale, souriante, émue, afin qu'il puisse observer son travail d'artiste. Je suis intimidée par le nouveau regard que mon père porte sur moi, j'ai l'impression qu'il comprend, qu'il réalise que je deviens une femme et plus une petite fille. Il cherche ses mots et finit par me dire alors que j'attends son avis, presque craintive, peu habituée d'être aussi préparée. J'ai l'impression d'avoir gagné cinq ans de plus physiquement.

- Tu es extraordinaire ma chérie...

Je me mords furieusement les lèvres alors qu'il arrive à moi pour me prendre dans ses bras.

- Pas de pleures hein ! Tu vas gâcher mon beau maquillage. Déclare Kate à nos côtés alors que je savoure l'étreinte chaude et protectrice de papa.

Nous rions tout deux et je sens, presque subtilement, les trémolos légers dans la voix de papa. Je le relâche et il se recule pour me contempler de nouveau, sans lâcher mes mains pour autant. Ses yeux brillent à lui aussi et je me contiens pour ne pas pleurer tellement sa fierté et son amour semble immense à cet instant. J'aimerais garder cette image dans un coin de ma tête, l'imprimer sur du vieux papier argentique et la coller sur le plafond des petits mots, même si je sais que c'est impossible.

Mon portable vibre alors non loin de nous trois. Il est posé sur un tabouret sur lequel Kate a organisé tout ses ustensiles de travail afin de faire de ma personne quelqu'un d'autre, le temps d'une soirée. Une jeune femme magnifique, fière et souriante. Oubliant, le reste, tous le reste le temps d'une soirée. Kate attrape l'appareil et me le tend en souriant. Je lâche, les mains de papa à contre coeur et observe le téléphone et le SMS de Eric quelque peu stressée. Sans savoir pourquoi.

Une seule règle : On ne s'embrasse pas...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant