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PDV ERIC


Je l'observe silencieux, n'osant pas passer le cadran de la porte. Elle est debout sur son lit, s'évertuant à accrocher un papier sur le plafond des petits mots ou à le décrocher, je ne sais pas vraiment. Elle grimace, tirant légèrement la langue et je souris me moquant légèrement d'elle, sans me faire dévoiler. Puis, sentant surement mon regard sur elle, elle baisse la tête et me dévisage neutre avant qu'un infime sourire ne se dessine sur ses lèvres.

Salut... Me lance-t-elle doucement.

Je m'avance alors qu'elle descend de son lit doucement. Elle a été malade tout le début de la semaine, mettant le plan secret de Noah à l'eau, du moins pour la première partie. Le médecin qu'elle a vu en début de semaine lui a diagnostiqué un début de grippe même si je pense que la soirée de samedi dernier en est pour quelque chose aussi. Elle est encore pâlotte et elle semble faible mais elle va beaucoup mieux. Elle ne s'enferme plus dans sa chambre, dans le noir le plus total voyant seulement son père et Kate pour la forcer à manger. Voilà comment ce sont passés ses trois dernières journées après le weekend riche en émotions que nous avons vécus elle et moi. 

Je l'ai eu au téléphone trois fois, pour savoir comment ça allait, elle toussait pas mal et ne m'a pas évoqué une seule fois la soirée de samedi et plus particulièrement, la fin de soirée. Je connais Joy et pour qu'elle ne m'en parle pas, c'est qu'elle a vraiment été blessée et que c'est son mécanisme de défense à elle. C'est sa façon à elle de refouler, d'oublier et de passer à autre chose. Mais voilà, Noah, lui, n'a pas décidé de passer à autre chose, il a fait un demi tour latérale dont Joy ne doit pas être au courant pour le moment. Même si au début je n'étais pas particulièrement ravi de voir le châtain devant ma porte, aussi canon soit-il, il a tout de même brisé le coeur de ma meilleure amie, je le sais et pourtant, il tient à Joy, je le sais, je l'ai vu lorsqu'il s'est présenté à moi. Je l'ai remarqué dans les derniers regards qu'il portait sur Joy avant de la quitter honteusement. Je l'ai vu dans son attitude et dans la façon de Joy de se protéger, de se voiler la face, de ne pas se laisser aller à ses sentiments par peur d'être blessée, par peur de perdre Noah. 

Leur peur mutuelle s'est tout simplement matérialisée par leur faute et aujourd'hui, les deux sont malheureux et je ne peux pas laisser faire ça, surtout pour Joy.

Comment tu te sens ? Je lui dis en m'approchant d'elle alors qu'elle s'allonge sur son lit en toussant légèrement, surement des restes de sa maladie.

Ça va mieux. Le médecin veut que je reprenne vendredi. Me déclare-t-elle en se recouvrant légèrement.

Cool ! Tu pourras donc venir pour le bal de noël. Je lance innocemment, même si je la connais par coeur, je sais pertinemment que c'est la dernière chose qu'elle veut faire à l'heure actuelle.

Elle grimace avant de tousser de nouveau.

Je ne viendrai pas Eric. Me dit-elle déterminé, sans une once d'hésitation dans la voix.

Je la scrute des yeux de nouveau, plongeant dans son regard topaze. J'ai toujours trouvé les yeux de Joy extraordinaires. Quand nous étions plus jeunes, je m'en souviens encore, je lui avais demandé si son père avait été cherché de la poussière des océans pour les mettre dans ses yeux. Pensant bêtement, comme l'enfant que j'étais à l'époque, que le sable, aspiré par la mer, se colorait de la couleur de l'eau. Elle s'est mise à rire avant de réfléchir quelques secondes et de répondre « non, je ne crois pas non, mais je lui demanderais si tu veux » et nous étions ensuite devenu les meilleurs amis du monde.

Une seule règle : On ne s'embrasse pas...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant