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« Je t'ai regardé sortir, ton sac sur l'épaule, quelques mèches se balayant de part et d'autre de ton visage.

Je t'ai observé marcher doucement, parcourir l'allée comme au ralenti.

Je me suis imaginé sortant de la voiture, arriver vers toi au moment où tu sortirais les clés de ton sac.

Je me suis imaginé comme ces acteurs de comédies romantiques... Hugh Grant, Ryan Gosling, Bradley Cooper... venir vers toi, poser mes yeux sur ton visage une nouvelle fois, te sourire et t'avouer tous les mots que je n'arrive pas à formuler juste avec mes yeux.

Puis je me suis rappelé que je n'étais pas Hugh Grant.

Je me suis rappelé que je n'étais pas un si grand acteur comme Ryan Gosling.

Je me suis rappelé que tu ne m'aimais pas comme Lady Gaga à la fin de Star Is Born.

J'ai réalisé que j'étais seulement acteur de notre supercherie, de ma supercherie.

Que nous étions de bons acteurs finalement et qu'à la fin du film, je ne recevrais aucun oscar et que tu ne tomberas pas amoureux de moi...

Car la star du film, le personnage principal avant tout de chose, c'est toi...

Et une vraie star brille comme une étoile sans avoir besoin de qui que ce soit... »


PDV JOY


Une nouvelle semaine est passée.

Avec Noah, nous nous sommes rapprochés. Toujours dans cette technique surprenante mais si évidente, de devenir amis pour gérer la situation de « faux petit-amis ». Notre faux couple fonctionne donc mieux. Nous sommes plus complices, plus présents l'un pour l'autre et davantage impliqués dans notre rôle et donc « meilleurs acteurs ».

Même si j'ai encore du mal avec les pseudos marques d'affections de Noah, son côté tactile et ses airs de « petit copain » idéal, je mentirais si je disais que cela me dérange. C'est étrange, peu commun, j'ai encore du mal à me faire à ses baisers sur la joue sans m'y attendre, à sa main dans la mienne lorsque nous arrivons ensemble au lycée et à ses bras autour de mes épaules lorsqu'ils parlent avec ses amis et que je suis avec eux.

Mais j'apprécie ses confessions soudaines. Lorsqu'il me parle de ses parents, de sa passion depuis gamin pour le football et même de Laure. J'aime aussi les moments de complicité que l'on peut avoir sans forcément s'en rendre compte. Un sourire après un échange entre Eric et Joseph, un rire partagé face à une expression étrange de Tyler, ses moqueries quand je lui énonce les pitreries de Charlie face à la mine désespéré de mon père. Bref, notre relation n'est plus du tout conflictuelle, c'est plus sain, plus naturel, plus simple et j'aime ça.

Charlie jappe soudainement à mes pieds, me sortant de mes pensées et de mes réflexions sur cette nouvelle semaine en tant que fausse petite amie de Noah Mayers. Je m'abaisse vers le chien, la gueule ouverte et la queue frémissante. Il me fait toujours craquer avec son air idiot et sa tête de chiot. Je lui caresse le dessus du crâne et glisse mes doigts sur ses grandes oreilles pour finir. Il ferme les yeux l'air heureux.

Il sait comment amadouer son monde celui-ci...

Je relève les yeux et découvre mon père, adossé au rebord du plan de travail. Il m'offre un sourire paternel et s'abaisse à mon niveau pour caresser l'abdomen de notre Charlie, à présent sur le dos, la langue sortant de sa gueule. Nous rions ensemble face à son expression improbable. Quel phénomène ce chien...

Une seule règle : On ne s'embrasse pas...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant