Chapitre 5

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Il avait rêvé d'elle. Au départ, c'était simplement un souvenir. Ils étaient dans cette chambre d'hôtel minable où elle avait tenté de fuir, et tout se passait comme dans la réalité. Cependant, au lieu de la soumettre, puis de la lâcher, il l'avait embrassée et ils avaient fait l'amour. La sonnerie de son téléphone l'avait réveillé au moment où Takuya ouvrait la porte à la volée pour les prendre sur le fait. Il s'était réveillé fébrile, ému et vaguement heureux.

L'appel fut bref, ils avaient suivi ses ordres. Il faudrait qu'il récompense ce type, plus tard. Il n'avait pas demandé comment elle avait réagi. Il l'imaginait furieuse et violente, fascinante et fatalement belle. Il se souvenait de ses yeux étincelants, de son énergie impétueuse. Il étreignit son oreiller comme un adolescent en soupirant. Il était décidément dans un lit trop grand.

Il avait bien des numéros, des filles qui le connaissaient bien, qui pourraient lui faire oublier cette furie. Cette traîtresse. Cette femme facile. Ce déshonneur ambulant. Il saisit son téléphone avec humeur et fit défiler les numéros, sans s'arrêter sur aucun en particulier. Devait-il prendre l'avion pour lui signifier personnellement son mécontentement. L'étiquette l'aurait voulu : elle était tout de même sa femme, et il était aussi un héritier du clan.

Travaillé par le doute, il s'assit et se prit la tête dans les mains. Y était-il allé trop fort ? Qu'en avait pensé Takuya ? Avait-il essayé de la défendre ? Avait-il marqué des points ? L'avait-elle appelé à l'aide ? Envisageaient-ils de remettre le couvert après ça ? Il ne pouvait pas s'abaisser à punir Takuya ; après tout, le pauvre n'avait plus rien pour lui que son nom tant que leur père n'aurait pas levé la sanction à son encontre. Et puis, s'en prendre à son frère déchu serait vu comme mesquin. Oh, il imaginait très bien le sourire moqueur sur ses lèvres charnues s'il faisait quoi que ce soit à Takuya. C'était déjà cuisant qu'elle le mésestime parce qu'il l'avait aidé à la séduire contre son gré. Il saisit soudain son oreiller et l'envoya contre le mur opposé en râlant. Elle le rendait fou.

Il repassa en revue les numéros à nouveau. Il n'allait pas passer cette nuit seul. Il fallait qu'il se change les idées. Il allait passer un appel, lorsqu'il se figea en réalisant soudain qu'il allait faire quelque chose dont il n'avait pas vraiment envie. Pris de nausée, il posa une main sur son estomac. En fait, il avait mal un peu plus haut, mais s'il le reconnaissait, il serait obligé d'annuler ses ordres. Et c'était hors de question. Il voulait qu'elle souffre, elle aussi, davantage encore. Jusqu'à la folie, ou la mort.

Las, il jeta négligemment son téléphone et alla chercher son oreiller, qu'il serra contre lui, en proie à la plus grande frustration.

La Fleur et le Yakuza 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant