- Il est là.
Le garde posté sur le balcon attendit un peu, puis la rejoignit dans le salon. Il y eut plusieurs claquements de portières, et puis le silence. Mais il était là.
En deux jours, elle avait repris des forces et sa colère l'avait maintenue alerte. On avait été aux petits soins pour elle, mais elle avait bien compris que ce n'était que pour la préparer à ce moment.
- Par ici...
En entendant la voix de son collègue dans le couloir, le garde qui se tenait dans la chambre avec elle s'avança rapidement vers la porte pour se ranger sur le côté et saluer l'entrée du boss. Lorsqu'il entra, vêtu d'un costume clair, impeccable, perdu dans ses pensées, elle retint son souffle malgré elle. Il croisa son regard, et il s'immobilisa à son tour quelques secondes. Les gardes se retirèrent et fermèrent la porte derrière eux. Elle se ressaisit aussitôt.
- Où est ma bague ? demanda-t-elle avec ironie, en montrant sa main nue.
Il la considéra gravement d'abord, puis il plongea la main dans la poche de son pantalon et en ressortit un petit anneau d'or. Ce geste la déstabilisa. Un tremblement soudain la prit tandis qu'il s'approchait d'elle, alors elle croisa les bras. Il saisit sa main, et elle sentit comme une décharge au moment où il la toucha.
- Excuse-moi de ne pas mettre un genou à terre, dit-il tranquillement en lui passant la bague au doigt. En fait, c'est toi qui devrais t'agenouiller devant moi.
Il lui adressa un petit sourire moqueur, et elle sut qu'il avait remarqué son émotion. Elle se leva rapidement, puis se rassit en s'apercevant qu'il était trop près d'elle. Cette position la vexait. Elle ne voulait pas qu'il la domine physiquement, ni spatialement. Elle finit par se lever à nouveau, posa ses mains sur sa poitrine et le poussa fermement à reculer d'un pas, le cœur battant. Quand elle voulut retirer ses mains, il retint ses bras, un air de défi sur le visage, et l'attira à lui pour l'enlacer. Il la serra si fort contre lui qu'elle en eut le souffle coupé à nouveau. Des larmes lui montèrent aux yeux, mais elle se retint du mieux qu'elle put.
- Tu avais dit que rien ne se passerait jamais entre nous, lui rappela-t-elle en tentant de se détacher de lui.
- Comment as-tu pu salir mon nom et celui du clan en te vendant à des étrangers ?
Il tremblait lui aussi, elle ressentait son trouble à travers son corps. Ses yeux brillaient de colère ; il avait dû voir de son côté qu'elle se retenait de pleurer. Soudain, il fronça les sourcils et saisit sa mâchoire dans sa main droite pour lui imposer un long baiser intrusif et brutal.
« L'un de nous va mourir, vraisemblablement moi », pensa-t-elle. D'après les paroles de Miki, elle n'avait aucune chance, mais il lui restait son honneur.
Après le baiser, il fit tourner sa tête de gauche à droite et s'écarta d'elle un peu pour l'observer. Puis il avisa le lit, enleva sa veste, qu'il jeta négligemment sur le dossier du fauteuil où elle était auparavant assise, et s'y assit.
- Nous n'avons pas eu de nuit de noces, dit-il froidement en lui faisant signe de le rejoindre.
Elle savait pourquoi il était là, mais elle était amoureuse de lui depuis le premier le jour. Elle ne pardonnait rien, mais elle avait envie de lui. Il l'accueillit nerveusement, elle fut même surprise de le trouver maladroit dans ses caresses. Il la déshabilla et inspecta son corps minutieusement. Il revenait toujours à sa bouche, pour donner et recevoir des baisers, comme s'il n'en avait jamais assez. Ils firent l'amour en silence ; enfin, il se détacha d'elle en soupirant et lui tourna le dos. C'est le moment qu'elle choisit pour sortir l'étui de sous l'oreiller et dégainer le couteau.
- Ne sois pas si pressée, maugréa-t-il sans même se retourner.
Elle se jeta sur lui, mais il fut plus rapide. Sa main gauche se referma sur sa gorge, tandis que sa main droite retenait le bras armé. Elle s'étouffait lentement contre sa paume, du fait de son propre poids, alors qu'il la regardait, impassible.
- Toi et moi, nous mourrons d'une mort violente un jour ou l'autre, dit-il calmement. Si tu veux mourir aujourd'hui, je peux te faire ce cadeau. Tu serais enfin libre, n'est-ce pas ?
Il resserra lentement sa prise, elle essaya de se débattre, en vain. Le couteau lui échappa des mains et tomba sur la descente de lit, sans faire de bruit. Alors il accompagna sa chute sur son torse et l'entoura tendrement de ses bras.
- Je te donnerai tous les soirs l'occasion de me tuer, murmura-t-il en fermant les yeux. Et je ne doute pas que tu tenteras dans mon dos des tas de choses qui mériteront la mort. Mais ici et maintenant, je suis très fatigué, peut-on remettre ça à demain ?
- Tu n'es donc pas venu me tuer ? demanda-t-elle prudemment.
Il ne répondit que par un grognement et s'endormit. Enserrée dans ses bras, elle se rendit soudain compte qu'il la condamnait ainsi à vivre et mourir en maîtresse controversée d'un clan yakuza.
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La Fleur et le Yakuza 2
RomanceIl lui a sauvé la vie, mais elle a commis une erreur que le code ne pardonne pas. Désormais, il faut en payer le prix.