Chapitre 9

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Contrairement à ce qu'il avait espéré, la vidéo de la correction de son épouse infidèle ne l'avait pas apaisé. Alors qu'il avait anticipé de la voir souffrir, il avait eu la sensation de recevoir chaque gifle personnellement. Son cœur battait encore vite plusieurs minutes après la fin du visionnage. Il était furieux contre elle, contre ses tortionnaires et contre lui-même.

Pourtant, il avait concocté un plan sadique à souhait, où il prévoyait de la pousser lentement à l'autodestruction, à la folie. Puisqu'elle n'avait rien trouvé de mieux à faire que de fréquenter d'autres hommes, alors qu'il avait pris soin d'elle, il allait la noyer lui-même dans la fange. Il la droguerait si nécessaire, et il se débarrasserait ainsi des dernières traces de désir ou d'estime qu'il éprouvait pour elle.

Assis à son bureau, il resta immobile un long moment, se sentant trop fatigué et trop lourd pour faire quoi que ce soit. S'il avait commencé par se raconter des histoires, il avait fini par accepter qu'elle ait ébranlé sa foi dans le code. Avec un peu plus de courage, il se serait autorisé à imaginer une autre voie pour eux. Après tout, le vieux chef du clan lui faisait plus confiance qu'à son propre fils. Il l'avait laissé faire à sa guise. Puisqu'ils étaient déjà mariés sur le papier, il lui aurait suffi de souffler sur cette braise qu'il s'était refusé à attiser dès le départ. Il avait tellement regretté de lui avoir dit qu'il ne se passerait rien entre eux. Désormais, il rêvait d'elle la nuit et le jour, ce qui l'incommodait particulièrement. Il s'était surpris plus d'une fois avec un sourire niais dans le miroir, à la simple pensée de la tenir dans ses bras et de la serrer contre lui. Son corps réagissait immédiatement ; en plus de cela, il avait de soudaines sautes d'humeur.

Avec cela, il lui était venu à l'esprit tantôt que, s'il regardait la situation sous un angle différent, le vieux lui avait peut-être tout simplement offert l'excuse rêvée pour passer outre le code, et faire sienne la femme de son frère sans risquer l'opprobre. Personne ne pouvait contester un ordre du chef. Il aurait dû le prendre comme un cadeau et non comme une obligation, même si la différence de traitement entre lui et Takuya pouvait avoir quelque chose d'agaçant. Car il était bien clair que c'était le projet de Takuya de mélanger le sang de sa lignée avec celui de cette étrangère qui avait motivé cette décision peu orthodoxe. Puisque Sly n'était pas son fils biologique, il pouvait bien s'acoquiner avec qui il voulait, humain, alien ou animal, cela n'aurait certainement aucune importance.

La sonnerie du téléphone retentit, le tirant brusquement de ses pensées. Il écouta distraitement son interlocuteur et raccrocha après une brève réponse. Cette histoire lui prenait trop d'énergie, le perturbait trop émotionnellement, et cette femme lui mettait le cerveau à l'envers. Généralement, il trouvait qu'une action radicale valait mieux que des plans tortueux, mais il prenait beaucoup de plaisir à jouer avec ses adversaires. Cependant, s'il ne parvenait pas à réconcilier son corps, son cœur et sa tête, il ne voyait pas d'autre solution que la mort. Sa mort à elle bien sûr. Il ne pourrait pas désirer une morte. Il ne pourrait sans doute pas non plus être tenté de se rendre auprès d'elle. Peut-être même cesserait-il carrément de penser à elle.

Quelque chose tomba sur sa veste ; il s'aperçut avec stupeur qu'il s'agissait d'une goutte d'eau.

- Je rêve, murmura-t-il en essuyant ses joues d'un revers de main, incrédule.

Il s'était pourtant cru au-dessus de tout ça, insubmersible.

La Fleur et le Yakuza 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant