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Lord Simon Hartfield, 16 décembre 3260, 14h12

- Simon, Simon ! crie-ma sœur alors que nous sellons les chevaux pour partir en promenade.

Je me retourne pour la voir accourir vers nous. Elle perd ses chaussures et tache ses pieds de boue, mais elle ne s'arrête pas avant d'être arrivée à notre hauteur.

- Que se passe-t-il ? demandé-je paniquer de la voir arriver dans un tel état.

- Rien, je me demandais seulement si vous seriez rentrés pour le thé.

Je soupire.

- Je suppose que oui, pourquoi cette question ? Et puis tu te rends compte de la peur que tu viens de me faire juste pour ça ?

- Eh bien, il se trouve que durant ton absence j'ai eu le plaisir de faire plus ample connaissance avec Miss Carlson, elle et moi somme devenue amies, je l'ai invitée à prendre le thé avec nous, enfin si cela ne te dérange pas.

- Rassure-moi, tu n'as pas non plus invité sa mère ?

Elle se met à rire comme une folle.

- Non, bien sûr que non. Aucune personne censée ne souhaiterait passer plus de quinze minutes en compagnie de Mrs Carlson.

- Ne t'abaisse pas à ce niveau, dis-je en la prenant pas les épaules. Allez, rentre maintenant, ne rattrape pas froid.

- Tu t'inquiètes toujours trop pour moi.

- Je me suis bien assez inquiété ces derniers temps, ne réduis pas tout cela à néant.

Elle esquisse un sourire, je la laisse partir.

- Nous échappons au pire, dis-je en me tournant vers Alexander.

- Vous voulez dire à une invasion organisée par la bourgeoisie ?

Je me mets à rire malgré moi.

- Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi, sinon vous allez perdre mon estime, dis-je en essayant de m'arrêter.

- Dans ce cas, veuillez m'excuser, répond-il en grimpant à cheval.

- Comment pourrais-je en faire autrement ?

Nous sortons de la cour et avançons tranquillement vers le chemin que je suis lorsque je marche au bord des falaises.

Les bourrasques fouettent, balayent l'herbe et la plaquent contre la terre, les chevaux ont peine à avancer contre le vent.

- Etes-vous sûr de vouloir continuer vers le nord, cela me semble dangereux ! me crie Alexander.

- Je connais cette île comme ma poche ; nous ne risquons rien !

Alors je talonne ma monture qui se met à foncer face aux éléments qui se déchainent. J'arrive au pied d'un mont, cela ne m'arrête pas ; je donne un nouveau coup de talon et le cheval galope à bride abattue vers le haut du massif. J'arrive au sommet une vingtaine de seconde avant Alexander.

- Vous ne devriez pas vous laissez distancer aussi facilement.

Il place son cheval à la hauteur du mien.

- Vous ne m'aviez pas prévenu, rétorque-t-il.

- Taisez-vous et regardez, réponds-je en montrant d'un signe de tête toute la surface de l'île.

J'entends soudain son souffle se couper. Il descend de son cheval, à moitié abasourdi.

- C'est magnifique, d'ici j'ai peine à croire que cette terre sublime soit si pauvre. (Je descends moi-aussi, pour me tenir à côté de lui.) Mais, elle n'est cependant pas moins riche des gens qui l'habitent, dit-il en tournant la tête vers moi.

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