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Lord Alexander Sky, 24 Juin 3264, 16h43, Hastrye

Nous sommes descendus sur cette plage dont j'ai foulé le sable des dizaines de fois, celle où il m'a embrassé pour la première fois, il y a exactement quatre ans. Quatre ans, j'ai du mal à y croire, ce jour-là, je m'étais préparé à ne jamais plu le revoir, et nous voilà maintenant, ensemble depuis quatre ans.

Nous sommes venus à la capitale pour l'occasion, il y a deux jours, nous étions à la maison pour mon anniversaire, demain à la première heure, nous serons rentrez pour nos quatre ans de mariage avec Rose. Je ne sais pas si les dieux ont voulu se moquer de moi en plaçant ces deux événements un jour après l'autre, ou s'il s'agit d'un hasard ironique qui me rappelle chaque année le mensonge qu'est ma vie.

― Alexander, à quoi pensez-vous ? me demanda Simon pour me rappeler à lui.

― A vous, bien sûr, réponds-je, le sourire aux lèvres.

― Menteur.

Il vient vers moi et me prend les mains. Je revis cet instant où, mes yeux plongés dans les siens, je n'avais pas compris ce qui venait de se passer alors qu'il m'avait embrassé. Alors, je pose mes mains sur ses hanches et dépose mes lèvres sur les siennes. Mon cœur bat toujours aussi fort dans ces instants, j'ai toujours aussi peur avant de l'embrasser et suis toujours aussi ivre lorsque nos bouches s'unissent. Et comme à chaque fois, si je ne me forçais pas à me détacher de lui, la folie finirait par s'emparer de moi.

Il soupire contre mes lèvres et fait lentement glisser ses doigts le long de ma joue avec une douceur qui imite la légère brise marine.

― Je vous l'avais dit : je n'arriverai pas à m'en passer...

― Tant mieux, répond-il alors que je me mets sur la pointe des pieds pour que ses baisers se déposent dans mon cou.

Puis doucement, nous séparons nos corps, pour ne garder que nos mains nouées. Mon regard passe de ses yeux à la mer, de la mer à ses yeux, je perds peut-être la raison, mais je jure devant les dieux que je vois les vagues se mouver dans ses pupilles.

― Vous me troublez toujours autant, dis-je.

― C'est étonnant, de nous deux, j'aurais parié que j'étais le plus troublé par l'amour.

Je me mets à rire contre son épaule alors qu'il me prend dans ses bras.

― Chaque jour, je remercie les dieux qui m'ont permis de croiser votre chemin.

― Et moi, chaque jour, je leur demande de me pardonner, parce que mon amour pour eux n'est pas aussi fort que mon amour pour vous.

― Attention, vous blasphémez.

― C'est de votre faute, la tentation était trop forte.

Mes rires redoublent et je me laisse tomber sur lui, et il se laisse tomber dans le sable. Il roule au-dessus de moi, commence à déposer ses lèvres dans mon coup et à déboutonner mon col.

― Ah non, pas ici ! dis-je en réprimant quand même une certaine envie.

― Pourquoi ?

― Il y a du sable, c'est tout humide, je déteste ça.

Il pose son menton contre ma poitrine en riant.

― Vous êtes une vraie princesse, ma parole !

― C'est ça moquez-vous, mais il faut que nous rentrions faire nos bagages, sinon nous allons finir par manquer notre train.

Il soupire, pose sa joue sur mon cœur et ferme les yeux.

― Nous pourrions rester ici, ça serait bien non ? murmure-t-il.

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