Le Sourire de Trop

La chambre

POINT DE VUE DE MARKUS RIVERA

Affalé sur son bureau, l'homme s'ennuie. Rivera avait l'impression que cela faisait des siècles qu'on ne lui avait pas assigné une affaire digne de ce nom. La plus récente concernait le vol de 3 poules. Finalement, les poules n'avaient pas été enlevées, le grillage du poulailler était défectueux. Les poules étaient sorties d'elles-mêmes. Quelques jours plus tard on a retrouvé près de la forêt les cadavres des pauvres bêtes. Elles s'étaient faites manger, une à une, par un renard.

Vraiment, l'inspecteur n'en pouvait plus.

Il ne croyait absolument à la disparition de cette adolescente. Des affaires dans ce style il en avait vu beaucoup dans sa carrière. Deux jours c'étaient passés depuis la venue des Raegan. D'ici à quelques heures, les parents contacteront l'inspecteur pour lui annoncer que leur fille était rentrée et qu'elle était en parfaite santé. Dans sa tête cela ne faisait aucun doute.

Le quinquagénaire était en plein mots mêlés lorsque son téléphone sonna. C'était assurément la famille Raegan. Il appuya sur l'icône vert et colla l'objet sur sa joue.

- Inspecteur, c'est Gary Raegan.

Bingo

L'homme, sur de lui, commença à s'emballer. Encore une affaire de fugue réglée pensa t-il.

- Votre fille va bien, n'est-ce pas ? Je vous avait dit que d'ici deux jours, elle serait de retour.

L'homme à l'autre bout du fil souffla, agacé par l'assurance de l'inspecteur.

- Ma fille n'est pas rentrée, monsieur.

Quoi ?

L'inspecteur devint perplexe. La jeune fille était sans le sou, comment pouvait-elle encore être dehors ? Cette histoire commença à intriguer l'homme.

- Vous nous aviez promis à ma femme et moi qu'après les deux jours vous ouvriez une enquête. Vous nous avez fait perdre un temps précieux, je vous avait prévenu que ma fille n'était pas du genre à fuguer.

L'inspecteur était un peu à court de mots. S'était-il trompé en classant cette disparition comme une simple fugue ? La jeune fille n'était pas réapparut, plusieurs possibilités étaient à envisager. La thèse de la fugue devenait de moins en moins plausible mais c'était pourtant celle qui était la plus évidente. Dans cette ville, rien ne venait jamais troubler le calme. C'était forcément une fugue. Sans se rendre compte, le doute s'insinua progressivement dans un coin de sa tête.

- Un marché est un marché. Je vais ouvrir l'affaire, annonça Markus Rivera.

L'inspecteur entendit à travers le combiné monsieur Raegan inspiré fortement, à croire qu'il retenait sa respiration depuis un moment. C'était peut-être le cas.

Il pouvait sentir le soulagement de ce père comme s'il était face à lui.

- Merci inspecteur. Je dois prévenir ma femme tout de suite.

Sur ces mots, monsieur Raegan raccrocha et Markus lâcha son carnet de mots mêlés. Le jeune Larry fit son apparition, un plastique de bonbon vide à la main. Il réussit à déchiffrer la marque de la confiserie : Kramil.

- Encore en train de manger du caramel s'exclama l'enquêteur, je sais pas comment tu fais pour avaler ces trucs, c'est dégueulasse.

Larry haussa les épaules, c'était une vrai addiction pour lui ces bonbons. Toujours en mâchant goulûment la chose, il demanda avec peine :