Neuf

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France, juin 2019 

      Le CDI était plein à craquer ce jour-là. À croire que tout le monde était venu réviser au dernier moment, comme si cela pouvait changer le sort qui les attendrait dès le lundi suivant. Louis, Simon, Harry et Margaux étaient venus dans la salle B1, vitrée et insonorisée toute la semaine. Armés de leurs fiches de couleurs, de sujets de philosophie piochés dans les Annabac, quelques cartes de géographie et beaucoup de café. 

       Attablés les uns en face des autres, la fenêtre derrière Margaux ouverte en grand, ils se plongèrent dans les révisions. Après quelques minutes, Simon sorti son téléphone de sa poche : 

 - Vous savez que le Président est de passage en ville ? se moqua-t-il les yeux collés sur son écran. 

 - Franchement, à deux doigts d'aller voir tellement j'en ai marre de ces révisions, soupira Louis en jetant ses fiches en l'air. 

 Il en reçut une sur la tête, et Harry pouffa. Il l'aida ensuite à ramasser celles qui étaient par terre. 

 - Il arrive qu'à quatorze heures de toute façon, continua Simon en remettant son téléphone dans sa poche. 

      Louis jouait avec son crayon entre ses doigts, les yeux fixés sur sa fiche bristol verte, Simon passait la main dans les cheveux en fixant la carte d'Afrique pour l'épreuve de Géographie, Margaux, la paille de son Caprisun entre les dents lisait son manuel d'histoire. Harry quant à lui, faisant une pause, s'était mit la tête entre ses bras, sur la table et avait fermé les yeux. 

 - Bon, imaginons que j'ai dix en philo coeff sept, seize en anglais coeff huit et que j'arrive à avoir la moyenne à la compo si ça tombe sur de l'histoire...., commença-t-il en regardant le simulateur sur son téléphone. 

 - Déjà révises et t'auras peut-être ces notes-là, commenta Louis qui avait désormais coincé son stylo derrière l'oreille. 

 - Pause clope ? proposa Simon qui était déjà en train de rouler la sienne. 

      Louis n'attendit même pas que Simon ait fini pour sortir de la salle en direction de l'extérieur. Il était à peine onze heures trente et la chaleur se faisait déjà ressentir. En traversant la cour du lycée, il sentait le soleil taper sur sa peau et la vitamine D entrer par tous ses pores. Ils franchirent alors le grand portail blanc qui renforçait la sécurité de l'établissement scolaire depuis le plan Vigipirate

        Personne n'était devant, la semaine étant banalisée, la plupart des lycéens étaient restés chez eux, ou alors étaient allés à la plage. À l'exception de ceux qui se trouvaient dans le CDI, le bâtiment était complètement vide. Louis appuya sur la roulette et une flamme jaillit jusqu'au bout de sa cigarette, celles qui sont déjà toutes faites, « celles qui coûtent une blinde » comme disait Simon. Il inspira puis recracha la fumée en s'asseyant sur la murette. 

 - Ça va avec Harry ? demanda Simon qui lui était resté debout, face à Louis. 

 - Bien sûr, pourquoi ? 

 - Vous avez l'air distants, continua-t-il. 

- C'est juste qu'on n'est pas..., démonstratifs au lycée. Me dis pas que tu l'avais jamais remarqué. 

 - C'est sûr que ça se voit beaucoup plus en soirée, rigola Simon en s'en allant jeter son mégot dans le cendrier. 

       A treize-heures trente, les quatre amis avaient mis leurs sacs de cours dans leurs casiers et s'étaient dirigés vers l'arrêt de bus. Ils prirent le 61 en direction du centre-ville, où le Président allait passer. 

Un cœur pour t'aimer toi | LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant