Huit

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      La nuit était déjà tombée lorsque Harry vint chercher Louis. Il était d'abord entré dans l'appartement afin de dire bonsoir à Carole. Ils étaient ensuite partis tous les deux en direction de la voiture de Harry. Cette dernière avait été réparée. Il s'agissait bien de la batterie, qui était défectueuse. Cette fois-ci, lorsqu'il tourna la clé, le moteur démarra sans problème. Louis serra la poignée de la portière passagère alors que Harry passait la première. Seul le bruit du clignotant se faisait entendre dans l'habitacle, et Louis sentait son cœur battre à l'intérieur de ses tempes.

- Ça va pas ? demanda Harry en tournant la tête vers Louis.

- Regarde la route, s'teuplait, demanda Louis sans le regarder.

       Un silence s'ensuivit. Le moteur vrombissait doucement et la pluie avait choisi ce moment précis pour commencer à tomber. Le feu était rouge. Harry effleura la main de Louis qui était posé sur sa propre cuisse. Ce dernier regardait droit devant lui et semblait perdu dans ses pensées.

- Je t'ai pas répondu hier soir, déclara-t-il soudainement. Louis tourna la tête vers le bouclé, les sourcils légèrement froncés.

- Répondu à quoi ?

- Je t'aime aussi.

       Le feu passa au vert. Harry releva le pied de l'embrayage et accéléra doucement. Il regarda à droite puis à gauche et s'engagea enfin sur l'axe principal. Il s'écoula plusieurs secondes avant que Louis prenne la parole de nouveau. Entre temps, son cœur avait loupé un bond, son estomac avait fait un tour sur lui-même et il sentait des picotements dans les cuisses. Il s'enfonça un peu plus dans son siège. - Je n'attendais pas spécialement de réponse. Afin de camoufler le malaise qui semblait commencer à s'installer, Louis augmenta le volume de la radio. Nothing Breaks Like a Heart de Miley Cyrus était diffusée. « This worls can hurt you, it cuts you deep and leaves a scar, Things fall apart, but nothing breaks like a heart, ooh ». Cela semblait presque être un coup du destin, cette chanson, ces paroles... Son coude était appuyé contre la vitre, la main sur sa bouche, tentant de dissimuler le rictus moqueur qui se dessinait sur ses lèvres.

      Il contint son envie de rire alors que Harry entamait sa marche arrière afin de se garer. La bâtisse du conservatoire était immense. Louis était obligé de pencher sa tête en arrière pour en voir le bout. La façade était décorée de guirlandes qui scintillaient. Paradoxalement, la salle où ils furent installés n'était pas très grande. Louis s'imaginait la pièce différemment : comme celle d'un théâtre ou d'opéra, avec des sièges rouges et des balcons. Il pensait également que le plafond serait peint d'une œuvre artistique. Représentant sûrement un thème de grand genre et datant du XVIe, voire XVIIe siècle. Or ce n'était rien de cela, c'était juste une immense salle, avec une estrade et des rideaux fermés. Louis avança, à l'aide de ses bras, jusqu'aux parents de Harry qui étaient déjà installés, alors que celui-ci fermait la marche. Daniel se leva en premier pour aller serrer la main de Louis, et sa femme l'imita. Elle était grande, avait les cheveux bruns et longs. Ils étaient raides et détachés. Ses iris possédaient un vert différent de celui de Harry.

- Enchantée, commença-t-elle. J'ai beaucoup entendu parler de toi. Comment va ton pied ? Ne souffres-tu pas trop ?

Son accent anglais était très prononcé, bien plus que celui de Harry. Elle semblait réfléchir entre ses phrases. Elle lui serra également la main.

- Franchement, je sens rien du tout, répondit Louis en tapant sur son plâtre avec la paume de sa main.

       Les lumières commencèrent à s'affaiblir. Des notes de piano se répandirent dans la salle, qui elle, était plongée dans un silence complet. Les rideaux commencèrent à s'ouvrir. Ils dévoilèrent un homme de dos, en costume. Lorsque les rideaux laissèrent apparaître la totalité de la scène, Louis aperçu reconnu Lavinia. Elle avait tressé ses cheveux en deux nattes collées. Son dos était droit et le violon à la couleur boisée était déposé sur son épaule. Le visage de profil, les yeux rivés sur son instrument, elle entama ensuite les premières notes. Louis connaissait cette chanson, mais il n'arrivait pas retrouver le titre. Pourtant, il était persuadé que c'était une chanson très connue. Mondialement connue, même.

Un cœur pour t'aimer toi | LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant