TW Mort
France, début octobre 2022
La mort avait encore une fois touché Louis de près. Elle semblait être là, lui tournant autour. Comme si, la Faucheuse passait devant lui, se permettait de lui faire coucou, mais n'osait jamais se planter face à lui. Ce jour-là, Louis se rendit chez le psy.
Le froid de ce début du mois d'octobre se faisait déjà ressentir et dès qu'il fut sorti de l'immeuble, le vent glacial le frappa de plein fouet. Il était sorti sans manteau évidemment. Il n'avait aucune protection, ni bonnet, ni gant. À vrai dire, il s'en fichait. Il ne pouvait pas aller plus mal. Il aurait pu mourir dans la rue, à cet instant précis, transi de froid qu'il n'aurait pas bronché, il aurait simplement accepté son sort.
Ce fut ce sentiment-là qu'il ressentit en premier. Pourtant, la colère l'avait gouverné pendant longtemps, si bien que Miraï avait insisté pour qu'il se défoule d'une manière ou d'une autre : il l'avait évacué à travers la boxe et les coups d'un soir. Puis cette nouvelle était arrivée, brutalement, sans prévenir. Elle avait fait l'effet d'une bombe et finalement, c'était d'un ironique malsain quand on savait de quelle manière il était mort. Louis avait ses écouteurs dans les oreilles, mais n'écoutait aucune musique. Il écouta sa voix sur la boîte vocale, dont le numéro changerait de propriétaire incessamment sous peu.
La pluie se mis à tomber, elle tombait violemment et venait s'écraser sur le crâne de Louis, qui n'en fit pas de cas. C'était le comble de l'ironie. Les nuages réussissaient à lâcher leurs larmes alors que celles de Louis restaient bloquées à la lisière de ses paupières. Il continua de marcher, et lorsqu'un passant lui lança une moquerie légère, du style « vous allez attraper une pneumonie à vous promener sans parapluie » il ne broncha pas. Il ne daigna même pas lancer un regard à l'interlocuteur, il gardait les yeux fixés devant lui, le regard vide.
Il franchit la porte du cabinet et machinalement, alla s'installer dans la salle d'attente. Ses cheveux et vêtements gouttaient sur le sol propre, ses semelles avaient laissées des traces. Il n'y faisait pas attention. Il fixait les carreaux blancs en face de lui, le visage figé. Soudain, des bruits de pas parvinrent à ses oreilles. Il redressa la tête seulement lorsqu'il entendit la voix féminine prononcer son prénom. Comme un automate, il se leva, se mis à la suivre jusqu'au bureau au fond du couloir.
Comme à son habitude, il s'installa dans le fauteuil. Il fixait la psychologue du regard prendre son carnet. Elle lui proposa une tasse de thé qu'il refusa d'un mouvement négatif de la tête.
- Est-ce que je vais avoir le plaisir d'entendre votre voix aujourd'hui ? demanda doucement la psychologue.
Louis la fixait, mais ses lèvres restèrent scellées. Le tic-tac de la pendule était le seul bruit qui se fît entendre dans la pièce. Dehors, la pluie se battait contre le vent. Louis posa les yeux sur deux gouttes qui se faisaient la course le long de la vitre.
- Il est mort, fini-t-il par lâcher.
Il n'avait pas tourné la tête.
Il continuait de regarder la météo se déchaîner à l'extérieur.
- Tout le monde meurt autour de moi, reprit-il.
La psychologue hocha la tête, mais Louis ne le remarqua pas. Sa voix semblait bloquée par une immense boule dans sa gorge, qui provoquait ainsi le tremblement.
- J'arrive pas à pleurer, enchérit-il. Les larmes ne viennent jamais.
Il marqua une pause. Elle dura une éternité. En parallèle, la psychologue écrivait dans son carnet. Le bruit de la mine sur le papier était le seul bruit dans l'immense salle. Les murs étaient blancs ; des phrases de bien-être y étaient accrochées. Son bureau aussi était blanc. Tout était blanc, sa chaise, son tailleur, le sol, les murs, le plafond. Tout était foutrement blanc et cette couleur donnait à Louis l'envie de vomir. Il ne prit pas la parole de nouveau. Ce n'était donc pas une pause. Il avait fini de parler.
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Un cœur pour t'aimer toi | Larry
FanfictionLorsqu'ils se rencontrent, Louis et Harry sont lycéens. À cette époque, tout semble clair dans leur tête. Ils tombent amoureux, peut-être trop vite, peut-être trop fort. Et la vie est souvent semée d'embûches, de défis et de nouvelles opportunités...