⌜𝕙𝕦𝕚𝕥⌟

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Bonne lecture !

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Jean voit Marco s'approcher de lui avec une expression décidée et expectative, et il sait déjà ce qu'il va lui demander.

Il n'est donc pas étonné quand son ami marche rapidement à sa hauteur dans les couloirs étroits, à la sortie du cours de science.

— Tu viens dans la chambre, ce soir ?

Jean sait très bien que Marco ne parle pas de la leur, c'est assez évident. La chambre, c'est celle, immense, qu'ils ont squatté presque toute l'année pendant des heures.

— Je.... ne pense pas.

— Pourquoi ?

Son ami lui retourne un regard déçu. Jean déglutit.

— Des devoirs à faire. Tu sais, pour les examens et tout....ça va arriver rapidement, et j'ai aucune envie de passer encore une année de plus ici.

C'est la bonne excuse, ça. Celle qu'il lui sort tous les soirs depuis presque une semaine et demie.

Ce n'est pas vraiment sa faute : il a essayé, au moins. Il a essayé de faire comme si rien ne s'était passé, au début. Défiant le regard d'Eren Jaeger, venir le soir dans la chambre, manger avec eux. Mais si Jean ne s'attendait pas forcément à quelque chose, c'est bien à la technique qu'Eren a choisi : la bonne vieille fuite.

Ne plus le regarder, ne plus l'approcher, et quitter sa propre chambre pendant plusieurs heures quand Jean vient.

Jean parle ? Eren l'ignore. Jean le croise ? Eren l'ignore. Jean essaye de l'énerver un peu pour obtenir une réaction, n'importe laquelle ? Eren l'ignore.

C'était irritant et particulièrement vexant, jusqu'à ce que Jean se rende compte qu'Eren ne fait pas que l'ignorer. Il baisse les yeux. Détourne le regard. Marmonne qu'il va marcher un peu. S'enfuit comme un enfant.

C'était irritant et particulièrement vexant, jusqu'à ce que Jean se rende compte qu'Eren est gêné, triste, et carrément mal dans sa peau. Et ça : ça ça lui brise le cœur, car Jean n'est qu'un pauvre abruti qu'un petit changement attendrit.

Eren Jaeger est un connard. Et tout à coup, il agit comme un pauvre agneau blessé et alors quoi ? Tout est pardonné ?

Très honnêtement, Jean aurait aimé avoir la force de vire « merde » et de simplement l'envoyer de faire voir. De dire « t'es pas le centre du monde, Jaeger, arrête de faire ta victime ! ». De dire « je l'ai vu torse nu, et alors ? Tu frappes tout le monde sans raison et la seconde où je voix ton point faible, tu t'attends à ce que quelques regards tristes me donnent envie de te laisser tranquille ? ».

Jean aurait aimé dire ça, car la vérité est que oui, quelques regards tristes de la part d'Eren sont suffisants pour lui faire baisser les armes. Pour faire se serrer sa poitrine. Pour picoter sa marque. Pour le faire se sentir coupable de plus ou moins dégager un gars de sa propre chambre, simplement par sa présence.

Tout le monde a remarqué qu'Eren était bizarre. Seul Armin semble avoir fait le rapprochement avec Jean. Il n'a rien dit. Il n'a pas arrêté de l'inviter.

Jean a simplement arrêté de venir. Et Eren a donc arrêté de partir.

Marco lui retourne un regard un peu triste, en descendant les escaliers pour se diriger vers la cantine à l'autre bout de la cour.

— Ça va, en ce moment ?

— Ouais, Marco. Tout va bien. J'me sens juste un peu coupable d'aller m'amuser avec vous, quand j'ai des devoirs qui m'attendent sur le coin de mon bureau.

Il lui offre un sourire désolé. Et Marco, comme le gars incroyablement gentil qu'il est, lui dit simplement :

— D'accord. Bon courage avec ça, alors. Tu sais que si t'as du mal avec une matière, tu peux me demander ? Ou même demander à Eren : c'est une bête en littérature. Je suis sûr que si tu demandes poliment même lui te dira oui.

Jean résiste à l'envie de rire. Il acquiesce, sourit, et répond :

— D'accord, Marco. Merci.

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Des bisous !

Quitte à guider mes pas || EreJeanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant