Chapitre 13

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Beuuuurkk
4h46. Nuit du 9 au 10 août.
Je suis au-dessus des toilettes. Je vide tout ce qu'il y avait dans mon estomac. Je suis là depuis une heure environ.
Je tire la chasse et je referme la cuvette.
Je pose une main sur mon front. Je transpire, je sens des gouttes de sueurs sur mes tempes.
J'ai des frissons et j'ai des montées de température.
Un bonheur.
J'entends une porte s'ouvrir dans le couloir. Je n'ai pas le temps de voir qui c'est que je me retourne en ouvrant la cuvette et expulse à nouveau le reste de mon dîner dans les toilettes.
Je déteste être malade.
<< Tessa? >>
Je vomis encore une fois.
<< Je suis au toilette papa. Viens pas c'est un champ de bataille et bonjour l'odeur >>
Je suis fatiguée mais mon ventre ne me laisse pas de repos.
Mon père ouvre la porte et se met à genoux pour être à ma hauteur. Il passe sa main rassurante dans mon dos, puis sur mon front.
<<C'est pas la grande forme. Tu as de la fièvre, je vais te chercher quelque chose >>

<< Tiens ma puce >>
Mon père me tend un médicament et un verre d'eau. Je ne prends même pas le temps d'analyser ce que c'est, je l'avale.
<< Tu n'étais jamais tombée malade quand tu étais petite >>
Il semble inquiet.
<< C'est une gastro papa. Tout va bien>>
Je ne mentais pas, j'allais vraiment mieux. Malgré ma difficulté à contrôler mes coups et ma colère. Je vais bien.
Je mentirais si je disais qu'il ne me manquait pas. Mais j'ai appris à vivre avec ce manque.

Une gastro en pleine été... un plaisir.
<< C'est... c'est son anniversaire aujourd'hui..>>
Je vois les yeux de mon père se remplir de larmes quand il me dit ça.
Je pose ma tête contre la sienne.
<< Il aurait dû avoir 18 ans, aujourd'hui >>
Mon père ne se livre pas beaucoup sur le sujet Peter.
Alors quand il le fait, je l'écoute et je met de côté ce que je ressens.
<< Je sais papa. Ça va aller... >>
Ceci explique cela. Je suis rarement malade. Quand je le suis c'est mon inconscient qui me fait passer un message.
Le message d'aujourd'hui est Peter.

Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit là. D'une part parce que je devais me lever toutes les 30 minutes pour expulser la bile de mon estomac. Mais aussi car cette piqûre de rappel sur l'anniversaire de Peter me faisait souffrir.

Un long soupir s'échappe de ma bouche.
Je suis assise près des toilettes. Je remonte légèrement ma tête. Vomir n'est vraiment pas une partie de plaisir.
Je vais dire que c'est désormais le seul jours de l'année où je m'autorise à me sentir mal. C'était son jours à lui.
Il aurait eu 18 ans.
J'essaie de me dire que si ça se trouve nous ne serions plus ensemble, peut-être même plus amis. Cette horrible pensée semble me réconforter. Ça m'aide de me dire que notre relation n'était pas éternel. Juste de passage. C'est surment faux mais je préfère m'en persuader. Ça fait moins mal.

Les cris de Morgan me sortent de mes pensées. Je n'ai pas le courage de bouger.
Je vois ma mère sortir avec Morgan.
Je lui fais signe de continuer son chemin. Mon père a dû lui expliquer car elle me sourit.
<< Courage ma puce... tu m'appelles si tu as besoin >>
Je lève le pousse et elle part.
Je repose ma tête contre la cuvette des toilettes.

Je fini par descendre et je m'allonge sur le canapé.
Morgan et ma mère joue sur le tapis d'éveil du petit diable.
Je cherche mon père des yeux.
Je soupire quand je comprend qu'il est seul dans son atelier.
<< Il a besoin d'être un peu seul Tessa>>
Je n'écoute pas ma mère. Malgré ses interdictions et mon ventre qui me tiraille, je m'avance vers la porte de son atelier.

J'ouvre et je jete un coup d'oeil bref à la pièce.
Je ne le vois pas.
Puis je cherche plus précisément.
Une sueur froide coule dans mon dos et me fait frissonner.
<< Papa ? >>
Je l'aperçois allongé sous la voiture.
Un soulagement.
Il ne me répond pas pour autant.
D'habitude notre groupe préféré joue en boucle dans son atelier.
Là, il n'y a qu'un silence pesant.

You're gone [ Tu es parti ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant