Vivre sur la glace

Chapitre VIII

"La vie, c'est comme une patinoire, beaucoup de gens tombent. Mais chuter n'est pas forcément grave, le plus dur est de se relever."

Deux jours plus tard, jour des programmes courts dames..

— Voici le grand jour! Chantonna Ayden en français alors que Gwenaëlle le rejoignait à la patinoire.

 Espiègle, elle reconnut la référence et elle chanta clairement :

— Voici le grand matin!

Ensemble, ils chantèrent :

— Voyons si leur sang est rouge ou blanc..

Puis Gwen rit doucement, murmurant :

— Je ne savais pas que tu connaissais les paroles en français.

Lui regarda de l'autre côté de la patinoire, pensif. 

— Je sais un peu parler français depuis tout petit, dit-il en s'exprimant dans la langue de la jeune femme qui sursauta, surprise, mais pas très bien. J'évite.

Gwenaëlle était stupéfaite, c'était la première fois que le célèbre patineur faisait une allusion à son passé.

— Mais comment as-tu appris? Lui demanda t-elle en islandais. 

— Ma mère s'appelait Agathe Courbet. Elle était française, répondit Ayden dans le même dialecte.

Alors, sans pouvoir s'en empêcher, la jeune française demanda :

— Où habite t-elle? 

 Un air de tristesse passa sur le visage d'Ayden et les yeux de ce dernier se posèrent sur la glace.

— Elle n'est plus de ce monde. 

Gwen s'en mordait les doigts. 

— Ayden.. Je suis désolée.

Il regardait ailleurs et dit alors :

— Ce n'est rien. Je n'ai que très peu connu mes parents. Ils sont morts quand ma soeur était encore un bébé.

Gwenaëlle releva alors ses yeux vers lui.

— Je ne sais pas grand chose de toi.. Tu sais presque tout de moi et moi, je m'aperçois que je ne connais rien de ta vie, lâcha t-elle doucement.

De noires pensées venaient à l'esprit du patineur. Il plongeait soudain dans des souvenirs sombres, ceux que tout le monde, excepté son entraîneur, ignorait. Personne à part cet entraîneur n'avait entendu son histoire et les épreuves qu'ils avaient traversé, avec sa soeur. 

Il se mordit la lèvre inférieure, soucieux et se força à desserrer les poings. Puis il s'apaisa et murmura à l'attention de son élève :

— Depuis le temps que tu vis en Islande, j'ai appris à te connaître. Je te fais confiance seulement je n'avais pas le courage de te parler de notre enfance.. Je te promets que je te raconterai un jour. 

Gwenaëlle percevait l'émotion de son entraîneur et n'insista pas, elle lui faisait confiance, il avait promis. 

— Bon.. On y va? Demanda t-elle maladroitement pour changer de sujet.

— Oui ce n'est pas tout mais tu as un championnat à gagner! Répliqua l'ex-patineur cette fois avec le sourire. 

L'entraînement se passa plutôt bien et Gwen réussit bien à changer sa combinaison de saut comme elle le voulait. La compétition commençait à 16h et pour l'heure, ils devaient aller, accompagnés de leur coach, chercher leur ordre de passage.