Chapitre XII

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"Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres."
Nelson Mandela

Le jour n'était pas encore levé lorsque la jeune bretonne ouvrit les yeux. C'était aujourd'hui le programme court de patinage. Gwenaëlle aurait préféré dormir plus mais rien n'y fit, elle n'y parvenait pas. Lasse, elle finit par se lever. 

5h13.. Il faisait encore nuit noire. Elle s'habilla, se chaussa et alla courir un moment dehors pour se défouler. La jeune femme courut jusqu'en haut de la montagne qui était à côté de l'hôtel. L'air froid entrait avec force dans ses poumons, lui procurant une vive sensation de brûlure. 

Cependant, cette course lui faisait beaucoup de bien et clarifiait son esprit. Depuis quelques temps, elle se sentait nerveuse en présence de son mentor. Comment dire.. Elle était embarrassée quand il se rapprochait trop d'elle et son cœur battait plus vite quand elle le voyant. 

La française ne pouvait nier qu'elle le trouvait très attirant mais il était tout de même son entraîneur et elle avait bien trop peur que cette attirance ne fut pas réciproque.. Distraite, elle trébucha et tomba la tête la première sur le sol. 

— Aïe.. Dit-elle en se relevant.

Gwen porta la main à sa joue et soupira en la voyant légèrement ensanglantée. Elle s'était sans doute écorché la joue. 

Jetant un œil à sa montre, elle vit qu'il était à présent 6h20. Il était temps de retourner à l'hôtel. Quand elle y parvint, elle s'arrêta devant la porte de sa chambre.

— Gwen ? Tu es déjà réveillée ? 

La jeune femme reconnut la voix ensommeillée d'Ayden qui devait sûrement venir lui dire de se lever. 

Il avança et fit un pas sur le côté, cherchant son regard.

— Tu es partie courir ? 

Mais avant que la patineuse ne puisse répondre à sa question, il fronça les sourcils alors qu'une lueur d'inquiétude passa dans son regard.

— Qu'est-ce que.. ? Qu'est-ce que tu as à la joue ? 

Il tendit la main, soulevant son menton et examinant l'éraflure. 

— Je suis tombée mais ce n'est rien, je vais aller.. 

Mais son coach ne la laissa pas parler davantage et tira sur son poignet pour la conduire jusqu'à sa chambre. Gwen n'eut pas le temps de dire quoi que se soit que l'islandais l'avait déjà fait asseoir sur son lit et s'était dirigé vers la salle de bain. 

La jeune femme observa autour d'elle. Ayden était quelqu'un de très organisé. Sa chambre était très bien rangée et propre. Il semblait un peu plus maniaque qu'elle. C'était la première fois qu'elle entrait dans un chambre qu'il occupait. Mais, il fallait avouer qu'une chambre d'hôtel n'était pas ce qui avait de plus personnel. Elle se demanda un instant ce qu'elle faisait ici quand elle vit le patineur renommé revenir, une trousse de secours à la main. Il en sortit une compresse qu'il imbiba de désinfectant. 

S'asseyant sur le lit, à côté d'elle, il se rapprocha d'elle et appliqua doucement la compresse sur sa joue. 

Gwen rougit en le voyant si proche. Elle sentait son odeur et sa chaleur et sa fréquence cardiaque augmenta. Elle se fustigea intérieurement, essayant de contrôler sa réaction. Ayden, qui la soignait, sentit que son élève était légèrement tendue. 

— Je me demande.. Commença t-il, comment tu fais pour te faire mal aussi souvent.. Si tu ne fais pas plus attention, je vais être obligé de te surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre..

La française rougit de plus belle et balbutia :

— Je ne fais quand même pas exprès..

— Je me doute.. Mais pourquoi es-tu tombée ?  

— Euh.. Je pensais à autre chose.

— A quoi ? Demanda t-il, curieux. 

La patineuse n'allait certainement pas avouer qu'elle pensait à lui alors elle dit précipitamment :

— Euh.. à mon programme de cet après midi.

Ayden soupira en mettant un pansement sur son égratignure.  

— Voilà.. J'ai fini! 

Gwen eut un moment de vide dans sa tête. Il était beaucoup trop proche et puisqu'il avait fini, pourquoi diable ne reculait-il pas ?  

— Euh.. Merci.. Murmura t-elle en commençant à se relever. 

Mais lui saisit son poignet et la retint, assise sur le lit.

— Ayden ? Questionna t-elle, ne comprenant pas ce qui lui prenait. 

L'islandais avait brusquement rougi et ses yeux brillaient étrangement. 

— Oh.. 

Il lâcha son poignet. 

— Désolé, continua t-il. Je.. Rien. Tu.. Bref..

Il se releva rapidement et détourna le regard. 

 — Tu peux y aller.. on se retrouve en bas pour rejoindre la patinoire, dépêche-toi. 

La jeune femme sortit de la chambre de son mentor, perdue et essayant de déterminer ce qu'il venait exactement de se passer. 

❄❄❄

En rejoignant la glace, elle discuta un moment avec Kil.

— C'est vraiment étrange, ce matin, j'ai eu l'impression qu'Ayden n'était pas trop dans son état normal.. Il est peut-être nerveux non? 

Kil, une fois que Gwen lui eut expliqué la situation, sourit.

— Tu devrais vraiment nous écouter quand on te dit qu'il en pince pour toi. 

— Quoi ?! Mais arrête de dire des bêtises ! 

Kil soupira et regarda Akamai, lui expliquant succinctement la situation. 

Akamai se révéla être du même avis que Kil et Gwen se perdit dans ses pensées en regardant son coach discuter avec les autres entraîneurs. Serait-il possible qu'il soit réellement amoureux d'elle?

❄❄❄

Le programme court s'était bien déroulé mais Gwen regrettait seulement un de ses sauts qui n'avait pas était parfait et sur lequel, elle avait reçu une pénalité. Malgré tout...

— Et voici le classement du groupe un :
En première place, Ayame Tokoyo
En deuxième place,  Anja Gauss
En troisième place, Kil Nam-Seon
En quatrième place Gwenaëlle Balc'h
En cinquième place Akamai Hookano

La voix du présentateur s'éteignit dans les haut-parleurs et Gwen resta perdue dans ses pensées, ne remarquant pas que son coach la regardait avec insistance.

— Tu sais, ce n'est pas une catastrophe ! Il suffit de bien rattraper le score au programme libre et de modifier un peu ta chorégraphie pour la finale. Cela va fonctionner, tu dois garder confiance en tes capacités. 

La bretonne restait impassible, regardait la glace de la patinoire. Lui souffla légèrement.

— Dis tu m'écoutes ? 

Gwen releva les yeux vers lui. A vrai dire, elle n'avait pas du tout écouté.

— Non.. Pardon.

L'islandais répéta ce qu'il avait dit et regarda la jeune femme avec un léger sourire. 

"Mon Dieu mais qu'il est beau quand il sourit.." Songea t-elle, se surprenant elle-même.

La jeune femme sourit en regardant Ayden.

— Oui ! J'ai confiance, tu es un excellent professeur ! 

Le mentor eut un sourire distrait et, Kil et Akamai faisant signe à la française, elle s'excusa auprès de lui et s'éloigna.

 

 

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