Chapitre XIII

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— Et maintenant, c'est au tour de Gwenaëlle Balc'h ! La française est arrivée, je le rappelle, en quatrième place du classement lors du programme court.

Le voix du présentateur résonnait dans la patinoire comble. Sur le bord de la patinoire, côté glace, Gwen se tenait, patins sans leurs protections. Elle se tenait des deux mains sur la bordure du muret. Fermant les yeux, elle prit une inspiration. 

Pourquoi était-elle aussi nerveuse ? Elle était incapable de l'expliquer mais depuis deux heures, elle ne tenait plus en place, avec de surcroît, une légère envie de vomir. Son visage était anormalement pâle, tranchant avec la couleur plus sombre de ses cheveux châtains qui frôlaient ses épaules. Ses lèvres paraissaient plus rouges que de coutume et ses yeux gris brillaient étrangement. 

Ses mains serrèrent un peu plus fort le bord de la barrière et elle expira. 

Ayden était inquiet de la voir comme ça. Il attira son attention en posant doucement sa main sur la sienne. 

— Gwen ? Appela t-il doucement. 

La jeune femme ouvrit les yeux et regarda le visage de son coach. 

— Tout va bien se passer.. Nous avons retravaillé le programme ensemble.. il est parfait. 

La française eut un sourire et fut surprise quand son mentor la serra soudain dans ses bras. 

Il serra son étreinte autant qu'il le pouvait, empêché malgré tout par la barrière et cela le frustrait très légèrement de ne pas pouvoir la serrer contre lui davantage. 

Il écarta d'un souffle les cheveux de Gwen. Cette dernière eut un léger frisson et entendit son mentor lui murmurer :

— Tu vas y arriver. Moi je crois en toi. 

Elle sourit en regardant Ayden. 

— Merci. 

Lui tentait de se maîtriser pour ne pas, là, tout de suite, plonger sur ses lèvres mais elle n'avait pas besoin d'être encore plus déconcentrée. Il la lâcha, à regret alors que la voix du présentateur annonçait :

— Mademoiselle Balc'h, La glace est à vous !

Alors, après un hochement de tête vers l'islandais, elle s'éloigna, rejoignant le centre de la patinoire en quelques glissades. 

— Le morceau sur lequel elle interprète son programme libre est, je le rappelle, le Quatuor pour cordes en G Majeur n°2, Op 18 de Ludwig Van Beethoven.

Dans l'air de la patinoire, les premières notes du morceau s'élevèrent. 

Gwen s'élança, vers l'arrière, commençant son programme par quelques pas.

 — Oh.. curieux. Un simple axel, premier saut de la française. 

Un peu tendue au départ, la jeune femme parvint, après ce premier saut parfait, à se détendre. 

— Un petite suite de pas de liaison.. Prise de vitesse.. 

— Double axel, triple lutz, quadruple boucle piqué, MAGNIFIQUE !! 

Le rythme de la musique s'intensifia et Gwen respira profondément. Elle était dedans. Elle vivait dans sa chorégraphie. Son corps bougeait en accord avec les notes qui montaient vers le plafond de la patinoire.

— Très jolie pirouette assise, changement de pied, quelques pas, très gracieux.

Concentrée, elle faisait abstraction de la foule. Plus rien n'existait, que la glace, la musique et elle.

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